Tahiti Infos

Jean-Marc Mocellin : “L'objectif n'est pas d'exploser les chiffres”


Tahiti, le 7 février 2023 – Tahiti Tourisme tenait sa conférence annuelle ce mercredi au Musée de Tahiti et des îles. L'occasion de faire le bilan de l'année écoulée avec 261 000 touristes accueillis en 2023. Un “record” salué par le directeur Jean-Marc Mocellin qui est plus prudent sur l'avenir, en expliquant que l'objectif “n'est pas d'exploser les chiffres” mais de “remplir le plus possible”. 
 
À l'occasion de la conférence annuelle de Tahiti Tourisme, vous avez fait le bilan de l'année 2023. Quelle analyse en faites-vous ?
“C'est l'année record puisqu'on dépasse les 261 000 touristes. Un chiffre jamais atteint, et si on ajoute les excursionnistes, on dépasse les 301 000 touristes en Polynésie française. C'est donc un rebond tout à fait exceptionnel après les crises que nous avons eues. On pensait qu'on serait à un bon niveau, mais on ne pensait vraiment pas dépasser ce stade-là.” 
 
Un rebond qui s'explique comment ? 
“Par plusieurs choses. D'abord parce qu'il y a une forte demande du marché américain et métropolitain qui fait qu'on n'a quasiment pas eu de basse saison au cours de l'année 2023, donc tout s'est rempli, y compris en janvier, février, mars et avril, et le reste de l'année était complet également.” 
 
Comment se fait-il que les opérations séduction auprès d'autres destinations comme l'Amérique du Sud ou l'Asie ne prennent pas et qu'on se focalise toujours sur les deux principaux marchés émetteurs uniquement ? 
“C'est tout simplement une question d'accès aérien puisqu'il n'y a plus de liaison entre l'Amérique du Sud et la Polynésie, malheureusement. Sur le Japon, on a repris qu'en octobre dernier et le marché japonais, partout ailleurs, reste très faible. Au niveau des Japonais qui voyagent à l'étranger, il n'y a que 50% d'entre eux par rapport à la norme habituelle, y compris Hawaii qui a moitié moins de Japonais que d'habitude.” 
 
Est-ce aussi dû au yen qui est particulièrement bas aussi en ce moment ? 
“Effectivement, le yen n'a pas aidé non plus. Les Japonais restent frileux à voyager avec toujours cette crainte d'être bloqués à l'étranger.” 
 
Avez-vous d'autres marchés à explorer ?
“On va capitaliser sur le marché nord-américain qui, cette année, risque de ne pas être aussi élevé que d'habitude parce qu'il y a les élections américaines. Les marchés européens ont eu un peu de mal à reprendre l'année dernière, donc on a encore de la marge pour capitaliser sur ces marchés. L'Asie reste un souci. On espère reprendre, après une interruption, le Japon, et on va sans doute faire un déplacement sur l'Asie, en Chine en particulier, pour essayer de renouer avec les tours opérateurs et relancer le marché.” 
 
En termes de chiffres, quelles sont les perspectives pour cette année 2024, et à plus long terme dans le cadre de Fari'ira'a Manihini 2027 (FM 2027) ? 
“L'idée du Fari'ira'a Manihini n'est pas nécessairement d'exploser les chiffres. Je vous rappelle qu'à l'échéance 2028, on s'était fixé un touriste par habitant, et on n’est déjà pas très loin. L'inventaire hôtelier étant ce qu'il est, on ne va pas multiplier les chiffres. L'objectif encore une fois est de remplir le plus possible, notamment en basse saison, mais pas d'exploser les chiffres. On doit rester dans un développement qui est raisonné et maîtrisé. Si on arrive à rester dans ces chiffres-là, c'est déjà pas mal.”
 
En tout cas, tant que l'on n'aura pas développé la capacité hôtelière et le nombre de clés à proposer aux visiteurs ? 
“Il est clair qu'il y a un besoin de développement. Le Pays s'oriente davantage vers un développement de la petite hôtellerie et des pensions de famille pour le marché européen justement qui est en demande, puisque le marché américain est plus porté sur le 5 étoiles.” 
 
L'objectif du président du Pays d'arriver à 600 000 touristes semble ainsi clairement inatteignable ?
“Je ne dirais pas ça. C'est un objectif à dix ou quinze ans, donc il n'est pas comparable à un tourisme par habitant à l'échelon de 2028 qui est demain.” 
 
Vous parlez de tourisme durable, de tourisme inclusif. Avec 600 000 touristes, est-on encore dans ce type de tourisme ? 
“Je rappelle que la Polynésie, c'est aussi grand que l'Europe, qu'on a 118 îles et qu'il s'agit justement de répartir la fréquentation touristique et de développer d'autres îles ou des îles qui sont peu développées sur le plan touristique, et de ne pas affecter la vie et la population.” 
 
Cela demande aussi des investissements dans d'autres îles. Fakarava sera-t-elle par exemple prête à accueillir des structures hôtelières comme le fait Tahiti ou Bora Bora ? 
“Je pense que c'est la raison pour laquelle l'objectif du Pays actuellement n'est pas de développer nécessairement les grands hôtels, mais plutôt les petites unités.” 
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 7 Février 2024 à 16:48 | Lu 2716 fois