Moorea, le 6 décembre 2022 – Jean-Luc Bousquet, peintre de Moorea, vient de sortir son livre Traduire l’invisible, écrit par Riccardo Pineri, qui parle de ses tableaux ainsi que de l’art de la peinture en général. À l'occasion du Salon du livre, le peintre s'est confié à Tahiti Infos et nous présente les raisons qui l’ont poussé à publier son ouvrage. Il explique notamment sa volonté de rendre l’art accessible à tout le monde, en particulier aux Polynésiens.
Jean-Luc, pourriez-vous nous définir votre peinture ?
“On va dire que c’est une peinture classique puisque c’est d’un réalisme très fort, mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce n’est pas du réel. Ce n’est que de l’irréel et que de l’imaginaire. On va retrouver dans ma peinture des caractéristiques constantes, la présence de personnages. Il y a toujours du personnage dans mes peintures et finalement essentiellement du personnage. Le décor importe peu. On ne sait pas vraiment si on est dans la surface, dans les profondeurs des océans ou dans les nuages. On a toujours un décor un peu intemporel et universel dans lequel évoluent des personnages, des créatures qui nous ramènent à l’être que nous sommes. On peut voyager simplement à travers ces tableaux qui sont finalement des fenêtres ouvertes."
Est-ce que, à l’instar de beaucoup d’artistes du fenua, votre imaginaire se situe dans le contexte polynésien ou pas du tout ?
“On s’aperçoit que dans ce salon du livre et de la culture que tous les livres parlent de la Polynésie, des personnages de la Polynésie… Or, je ne suis pas dans cette démarche là. Je n’ai pas de problème d’identité parce que je n’ai pas d’identité. Mon problème est existentiel. Je pars de l’existence des êtres qu’ils soient à Moorea, à Singapour, à New-York. Je pense qu’un peintre doit s’adresser à tout le monde et non pas à des gens en particulier. C’est ce que j’essaie de faire.”
En quoi la sortie de votre livre est-elle importante ?
“Le monde de l’art est un monde très particulier. On voit essentiellement des tableaux dans des galeries d’art. Or très peu de Polynésiens osent franchir la porte d’une galerie, et quand ils le font, ils s’aperçoivent que tout ça est très cher et que ça ne leur correspond pas en général. Ma démarche dans ce livre est donc de rendre l’art accessible à tout le monde.”
Que peut-on découvrir dans ce livre ?
“C’est un livre sur ma peinture avec une centaine de tableaux à l’intérieur. Le texte écrit par Riccardo Pineri développe des idées sur certains tableaux, mais c’est plus un texte pour parler de la peinture en général et des rapports qu'il peut y avoir entre l’histoire et ma peinture à moi. Vous verrez dans le livre qu’il y a des références au Caravage, un peintre du 16e siècle, à Picasso, à Escher...”
Pourquoi à votre avis peu de Polynésiens s’intéressent à la peinture ?
“C’est très difficile pour plusieurs raisons. On est ici dans une culture de tradition orale. On a très peu d’écrit et encore moins de rapport à l’image. On écrit toujours très peu. Quand on va dans les foyers polynésiens, il n’y a pas un seul tableau et pas un seul livre d’art. Ces enfants autour de nous ne savent donc pas ce que c’est que de la peinture. Il y a un gros travail pédagogique à mener dans les futures années pour amener les Polynésiens à l’art, à la peinture et à ce goût de l’imaginaire qui est difficile pour eux. En France, on vit dans des appartements. On ne sort pas pendant l’hiver. On lit donc beaucoup. On a une vie intérieure beaucoup plus riche. Ce n’est pas du tout la même chose ici vu que tu sors et que tu as des activités. C’est donc difficile pour les Polynésiens de rentrer dans ce monde de l’imaginaire. Il y a aussi le poids de la religion. J’ai vu beaucoup de Polynésiens avoir des réactions particulières du genre mes peintures, même les images, sont un peu diaboliques. J’ai ressenti cela.”
Jean-Luc, pourriez-vous nous définir votre peinture ?
“On va dire que c’est une peinture classique puisque c’est d’un réalisme très fort, mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce n’est pas du réel. Ce n’est que de l’irréel et que de l’imaginaire. On va retrouver dans ma peinture des caractéristiques constantes, la présence de personnages. Il y a toujours du personnage dans mes peintures et finalement essentiellement du personnage. Le décor importe peu. On ne sait pas vraiment si on est dans la surface, dans les profondeurs des océans ou dans les nuages. On a toujours un décor un peu intemporel et universel dans lequel évoluent des personnages, des créatures qui nous ramènent à l’être que nous sommes. On peut voyager simplement à travers ces tableaux qui sont finalement des fenêtres ouvertes."
Est-ce que, à l’instar de beaucoup d’artistes du fenua, votre imaginaire se situe dans le contexte polynésien ou pas du tout ?
“On s’aperçoit que dans ce salon du livre et de la culture que tous les livres parlent de la Polynésie, des personnages de la Polynésie… Or, je ne suis pas dans cette démarche là. Je n’ai pas de problème d’identité parce que je n’ai pas d’identité. Mon problème est existentiel. Je pars de l’existence des êtres qu’ils soient à Moorea, à Singapour, à New-York. Je pense qu’un peintre doit s’adresser à tout le monde et non pas à des gens en particulier. C’est ce que j’essaie de faire.”
En quoi la sortie de votre livre est-elle importante ?
“Le monde de l’art est un monde très particulier. On voit essentiellement des tableaux dans des galeries d’art. Or très peu de Polynésiens osent franchir la porte d’une galerie, et quand ils le font, ils s’aperçoivent que tout ça est très cher et que ça ne leur correspond pas en général. Ma démarche dans ce livre est donc de rendre l’art accessible à tout le monde.”
Que peut-on découvrir dans ce livre ?
“C’est un livre sur ma peinture avec une centaine de tableaux à l’intérieur. Le texte écrit par Riccardo Pineri développe des idées sur certains tableaux, mais c’est plus un texte pour parler de la peinture en général et des rapports qu'il peut y avoir entre l’histoire et ma peinture à moi. Vous verrez dans le livre qu’il y a des références au Caravage, un peintre du 16e siècle, à Picasso, à Escher...”
Pourquoi à votre avis peu de Polynésiens s’intéressent à la peinture ?
“C’est très difficile pour plusieurs raisons. On est ici dans une culture de tradition orale. On a très peu d’écrit et encore moins de rapport à l’image. On écrit toujours très peu. Quand on va dans les foyers polynésiens, il n’y a pas un seul tableau et pas un seul livre d’art. Ces enfants autour de nous ne savent donc pas ce que c’est que de la peinture. Il y a un gros travail pédagogique à mener dans les futures années pour amener les Polynésiens à l’art, à la peinture et à ce goût de l’imaginaire qui est difficile pour eux. En France, on vit dans des appartements. On ne sort pas pendant l’hiver. On lit donc beaucoup. On a une vie intérieure beaucoup plus riche. Ce n’est pas du tout la même chose ici vu que tu sors et que tu as des activités. C’est donc difficile pour les Polynésiens de rentrer dans ce monde de l’imaginaire. Il y a aussi le poids de la religion. J’ai vu beaucoup de Polynésiens avoir des réactions particulières du genre mes peintures, même les images, sont un peu diaboliques. J’ai ressenti cela.”
“On n'a qu’en référence notre histoire passée en Polynésie alors que l’univers est vaste”
En quoi consisterait ce travail pédagogique à mener ?
“Cela consiste d’abord à instruire, à montrer. Il y a toute une histoire de l’art qui est intéressante à connaître comme l’histoire en général, l’histoire de l’art… Je ne sais même pas si les enfants ont une heure de cours sur l’histoire de l’art à l’école pendant la semaine. Deuxièmement, il faut avoir des activités de peinture dans ce sens pour apprécier la peinture et pour qu’il y ait une ébullition artistique. Il faut qu’ils voient de la peinture dans des livres, chez eux, dans une galerie ou dans des musées. Le problème ici est qu’on a un magnifique Musée de Tahiti et des îles, mais on n’a pas de musée d’art contemporain, d’art moderne. On n'a qu’en référence notre histoire passée en Polynésie alors que l’univers est vaste. Cela me parait intéressant d’avoir la curiosité d’aller explorer non seulement la géographie du monde, mais aussi l’intelligence du monde à travers tous les personnages qui ont pu contribuer à la grande histoire de la création.”
La publication de ce livre s’inscrit donc dans cette démarche…
“Mon livre coûte moins de 5 000 Fcfp, ce qui n’est pas cher pour un livre d’art. J’espère qu’on va en retrouver pas mal dans les maisons et que les enfants pourront le consulter en le montrant ensuite à des copains. Je suis de Moorea. Je trouve que je fais des choses un peu particulières et un peu étranges. J’invite ceux qui ont un peu de curiosité et de sensibilité pour la beauté des choses à découvrir mon livre.”
“Cela consiste d’abord à instruire, à montrer. Il y a toute une histoire de l’art qui est intéressante à connaître comme l’histoire en général, l’histoire de l’art… Je ne sais même pas si les enfants ont une heure de cours sur l’histoire de l’art à l’école pendant la semaine. Deuxièmement, il faut avoir des activités de peinture dans ce sens pour apprécier la peinture et pour qu’il y ait une ébullition artistique. Il faut qu’ils voient de la peinture dans des livres, chez eux, dans une galerie ou dans des musées. Le problème ici est qu’on a un magnifique Musée de Tahiti et des îles, mais on n’a pas de musée d’art contemporain, d’art moderne. On n'a qu’en référence notre histoire passée en Polynésie alors que l’univers est vaste. Cela me parait intéressant d’avoir la curiosité d’aller explorer non seulement la géographie du monde, mais aussi l’intelligence du monde à travers tous les personnages qui ont pu contribuer à la grande histoire de la création.”
La publication de ce livre s’inscrit donc dans cette démarche…
“Mon livre coûte moins de 5 000 Fcfp, ce qui n’est pas cher pour un livre d’art. J’espère qu’on va en retrouver pas mal dans les maisons et que les enfants pourront le consulter en le montrant ensuite à des copains. Je suis de Moorea. Je trouve que je fais des choses un peu particulières et un peu étranges. J’invite ceux qui ont un peu de curiosité et de sensibilité pour la beauté des choses à découvrir mon livre.”