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Jean-Christophe Bouissou : les Chinois "ont désormais confiance"


Jean-Christophe Bouissou et Hiria Ottino, lundi 3 novembre à leur arrivée à Tahiti-Faa'a
Jean-Christophe Bouissou et Hiria Ottino, lundi 3 novembre à leur arrivée à Tahiti-Faa'a
PAPEETE, 3 novembre 2014 – De retour de mission, Jean-Christophe Bouissou accepte de faire le point au sujet d’un séjour d’une semaine où il dit avoir constaté que la "Chine s’intéresse vraiment à la Polynésie, d’une manière dont on n’a pas idée". Il évoque sa rencontre avec la compagnie Hainan Airlines et la signature d’une lettre d’intention "avant la fin de l’année" concernant des liaisons aériennes directes entre la Chine et Tahiti ; une entrevue avec le groupe Forebase, sur le thème du Mahana Beach ; un accord de principes avec le dirigeant de la Tian Rui, investisseur dans le projet aquacole de Hao.

Le ministre de la Relance économique est arrivé lundi matin accompagné d’une délégation de la société Tahiti Nui Ocean Foods, chargée de compléter les études préalables à la mise en œuvre du projet de Hao. La première pierre de la ferme aquacole pourrait être posée dès la mi-février, pour le nouvel an Chinois.

"Donc voilà, on est dans une phase active. Une équipe prépare les dossiers techniques qui seront déposés au service de l’Urbanisme pour être traités au fur et à mesure et pour l’obtention du permis de construire", explique-t-il à propos du projet aquacole de Hao. "On espère déposer la première pierre au premier trimestre 2015, si possible pour le nouvel an chinois. Le dossier Hao avance vite, maintenant", précise en outre le numéro 3 du gouvernement. "Ils ont désormais confiance", estime-t-il.

Justement, vous annoncez l’importation en Polynésie de 100 mille tonnes de matières premières et d’équipements en provenance de Chine pour la réalisation du projet aquacole du Hao. Le Pays accepte-t-il finalement ce principe ?

J.-Ch. Bouissou : Bien sûr, le texte est prêt à être inscrit à l’Assemblée. Il prévoit les exonérations sur les importations de matières premières et de matériels. Il n’y a aucun problème là-dessus. (…) Où le trouvera-t-on tout ce matériel, sinon ? Il faut voir qu’un tel projet va créer plusieurs milliers d’emplois.

La Chine offre-t-elle un vrai potentiel de développement pour la Polynésie ?

J.-Ch. Bouissou : Ils sont en train de se préparer, ça arrive. Le projet de 150 milliards Fcfp de la Tian Rui, c’est une goutte d’eau. (…) La Chine s’intéresse vraiment à la Polynésie, d’une manière dont on n’a pas idée. Que ce soit au niveau des autorités, de l’APCAE… Je me suis aperçu également d’un soutien total au niveau de la Banque de Chine qui a clairement signifié aux investisseurs, lors de la conférence qui s’est tenue à Xi’an, qu’elle accompagnerait les projets financés en Polynésie.

Cela annonce-t-il des pistes nouvelles pour le financement du projet Mahana Beach ?

J.-Ch. Bouissou : Vous connaissez le projet Mahana Beach ? Vous savez où il en est ? L’objet de mon déplacement n’était pas de chercher des investisseurs pour ce projet mais de voir sur place les potentialités offertes en termes d’investissements ici en Polynésie. J’ai constaté le sérieux du groupe Forebase, propriétaires de plusieurs dizaines d’hôtels et sa capacité de concevoir, financer, réaliser et exploiter sans demander un franc à la Polynésie. Je sais aujourd’hui qui sont les investisseurs sérieux qui souhaitent faire quelque chose en Polynésie.

Le projet chinois revient dans la course, finalement ?

J.-Ch. Bouissou : Nous allons regarder le traitement de ce dossier par le gouvernement et TNAD, comme l’a expliqué le Président Fritch. Pour ce qui est du financement, regardons qui sont les gens capables de financer leur projet pour que ce soit une réalité.
Mais il n’y a pas que ça. Pour revenir sur le projet aquacole de Hao, M. Wang Cheng qui investit est à la tête d’un empire industriel et commercial : Suntec est la plus grosse usine de fabrication de panneaux solaires au monde ; il est présent dans la fabrication de voitures électriques ; propriétaire de technologies nouvelles dans la création de froid pour les grands complexes. Tout cela nous intéresse, pour les hôtels, l’administration, l’hôpital, etc.
Lorsqu’on voit l’organisation de ces gens-là, sur place, on doit les prendre au sérieux. Là-bas, ils se demandent si nous souhaitons vraiment le développement, en Polynésie. Ils ont l’impression que l’on traine des pieds, que l’on passe notre temps à tergiverser et à douter de leur capacité à investir alors qu’à l’heure où nous parlons, ils se préparent à investir de manière colossale, si on le souhaite
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Comment évolue le projet d’ouverture de lignes aériennes directes entre la Chine et Tahiti ?

J.-Ch. Bouissou : Hainan Airlines doit nous transmettre un projet de protocole d’accord sur les termes dont nous avons discuté au début de mon séjour. Il sera signé avant la fin de l'année. Ils envisagent d’ouvrir des lignes directes depuis la Chine, dans un premier temps au départ de Pékin et Hong Kong à raison d’une rotation hebdomadaire. Puis l’année suivante, deux rotations hebdomadaires depuis Hong Kong en complément d’une rotation par semaine depuis Pékin et depuis Shanghai. Et la troisième année, ils envisagent deux Pékin, deux Hong Kong et deux Shanghai par semaine, en direct. Cela veut dire que l’on va passer, en termes de transport de 18 000 à 80 000 touristes, en trois ans. Pour y parvenir, il leur faut de la capacité d’accueil hôtelière. Ils ont un projet de complexe touristique sur Atimaono, en s’appuyant sur les 600 hectares que mettons à leur disposition : 500 chambres pour commencer. Et ils souhaitent faire l’acquisition d’hôtels en Polynésie. (…) Vous savez, il y a une croissance annuelle de 20% du nombre de voyageurs chinois. Il y en aura probablement 100 millions cette année et 126 millions en 2015.

Rédigé par JPV le Lundi 3 Novembre 2014 à 12:52 | Lu 2181 fois