Mu en chantre du rassemblement, depuis son appel à l’union des courants autonomistes, dans la perspective des territoriales de 2013, Jean-Christophe Bouissou revient largement sur les enjeux et les risques auxquels se trouve confrontée la « famille autonomiste ».
« Ce rassemblement doit se faire avec toutes celles et ceux qui ont la même vision de l’avenir du pays », clame-t-il. La mise au diapason de toutes ces formations pourrait se faire au moyen d’une élection primaire, chargée d’en définir notamment le leadership.
Quant à la 3ème voie autonomiste, il la qualifie de « fausse promesse. Elle revient », dénonce-t-il « à proposer encore une aventure à la population. Je ne m’inscris pas dans cette démarche qui ne peut mener qu’au désordre social et économique ».
Après huit ans de tergiversations politiciennes et d'instabilité institutionnelle, le leader de Rautahi en appelle à la raison des autonomistes : « le nouveau mode de scrutin ne nous laisse pas le choix », prévient-il encore.
Tahiti infos : Au premier tour des législatives, le 2 juin, votre candidature sur la 3e circonscription a réuni 1.762 suffrages. Comment analysez-vous ce résultat ?
Jean-Christophe Bouissou : Je dirai d’abord que ce n’est pas un très bon résultat ; je prends acte de cette sanction de la part des électeurs, tout en signalant que je suis président d’un parti politique qui s’appelle Rautahi et que nous n’avons pas souhaité présenter de candidats dans les autres circonscriptions.
Je reconnais également que, très certainement, les électeurs ont voulu sanctionner toute cette période « To Tatou Ai’a » depuis 2008, avec toutes les tergiversations que l’on a pu connaître, des comportements politiques inacceptables et tous ces revirements politiques que l’on a connus et qui, sans revenir dans le détail, laissent le sentiment à tout le monde que cela a été un vaste gâchis. To Tatou Ai’a est une formule qui a implosé en vol et je pense que les électeurs ont voulu rendre responsables certains chefs de parti qui se sont unis à cette époque là. On le voit bien : au niveau des candidats aux élections législatives, il n’y en a pas un de cette période qui ressort franchement comme étant une alternative possible aux deux blocs politiques qui existent dans notre pays.
En politique, vous savez, il y a des hauts et des bas, et je profite de cette occasion et de ce message qui est envoyé par la population pour, maintenant, essayer de reconstruire quelque chose qui soit beaucoup plus viable pour l’avenir.
Tahiti infos : Justement, vous avez appelé au rassemblement autonomiste, arguant que « si les autonomistes ne parviennent pas à se réunir, ils devront se résoudre à laisser la gestion du Pays aux mains de leurs adversaires. » Ce rassemblement doit-il se faire autour du Tahoeraa ?
Jean-Christophe Bouissou : Ce rassemblement doit se faire avec toutes celles et tous ceux qui ont la même vision de l’avenir du pays. Lorsque je dois répondre à un problème politique complexe, je reviens toujours à des notions simples : quel est mon souhait pour ce pays et pour son avenir ? Eh bien mon souhait est que la Polynésie, pendant les quelques décennies qui viennent, demeure au sein de la République française : c’est un atout pour notre pays, pour son développement, et c’est un levier indispensable pour que nous puissions remettre les choses dans l’ordre. Et pour cela, il faut que nous puissions nous retrouver. On le voit bien depuis 2004, le camp autonomiste s’est désagrégé. Certains partis, aux vues des lois électorales, ont décidé de se mettre ensemble, parfois même en pactisant avec l’UPLD, parce que personne ne détenait la clé au problème. Et donc, nous nous sommes retrouvés, dans la famille autonomiste, à chercher des compromis sans cesse.
Le moment est venu pour tout le monde de faire table rase du passé, pour nous retrouver sur des valeurs essentielles. C’est ce que j’ai mis dans le courrier que j’ai adressé aux leaders de sections politiques, sans exclure qui que ce soit, donc y compris le Tahoera’a huiraatira, qui est une force politique indéniable dans notre pays : les dernières élections législatives l’ont bien démontré (…).
Il ne s’agit donc pas de nous unir autour. Ce que je propose, c’est que l’ensemble des formations politiques puissent se retrouver dans un schéma que nous devons penser ensemble : par exemple une union des formations politiques autonomistes et républicaines de Polynésie française qui serait un véritable partenaire pour le Tahoera‘a, dans le cadre de l’élaboration du projet de société, mais aussi des listes aux élections territoriales de 2013. J’ajoute que le mode de scrutin des territoriales nous oblige aujourd’hui à cette union.
Primaires autonomistes
Si tout le monde était autour de la table, lorsque l’on regarde le poids électoral du Tahoeraa et des autres formations politiques autonomistes qui ont présenté des candidats aux dernières élections législatives, on voit bien, grosso modo, qu’il y a une coupure ronde de l’électorat autonomiste. Entre les 25.000 voix du Tahoeraa huiraatira et les 28.000 voix des autres formations autonomistes ou républicaines, on voit bien qu’il aurait été possible, si tout le monde se mettait autour de la table, de discuter d’un processus qui permettrait de déterminer le chef, pour diriger le pays au cours des cinq prochaines années.
Cela n’a pas été possible, puisque certains réfutent le fait même de venir et de discuter. Ils préfèrent trancher directement sur la question d’une 3ème voie, sans passer par la mise en place d’une « primaire », par exemple, qui permettrait aux électeurs, - tous les électeurs et pas seulement les militants -, de déterminer un leader qui s’impose démocratiquement à tous.
Si ces personnes ne se mettent pas autour de la table, il est bien évident que cette question ne se posera pas.
Par ailleurs, on va dans le temps et le temps est court : pour organiser des primaires il faut que l’ensemble des communes participent à travers l’ouverture des bureaux de vote. Et ce n’est pas l’Etat ni le Pays qui vont payer les dépenses inhérentes à ce scrutin. Faut-il demander une participation aux citoyens qui participent à ce vote, comme les socialistes métropolitains l’ont fait ? Ce sont des questions qui auraient pu être débattues.
« Ce rassemblement doit se faire avec toutes celles et ceux qui ont la même vision de l’avenir du pays », clame-t-il. La mise au diapason de toutes ces formations pourrait se faire au moyen d’une élection primaire, chargée d’en définir notamment le leadership.
Quant à la 3ème voie autonomiste, il la qualifie de « fausse promesse. Elle revient », dénonce-t-il « à proposer encore une aventure à la population. Je ne m’inscris pas dans cette démarche qui ne peut mener qu’au désordre social et économique ».
Après huit ans de tergiversations politiciennes et d'instabilité institutionnelle, le leader de Rautahi en appelle à la raison des autonomistes : « le nouveau mode de scrutin ne nous laisse pas le choix », prévient-il encore.
Tahiti infos : Au premier tour des législatives, le 2 juin, votre candidature sur la 3e circonscription a réuni 1.762 suffrages. Comment analysez-vous ce résultat ?
Jean-Christophe Bouissou : Je dirai d’abord que ce n’est pas un très bon résultat ; je prends acte de cette sanction de la part des électeurs, tout en signalant que je suis président d’un parti politique qui s’appelle Rautahi et que nous n’avons pas souhaité présenter de candidats dans les autres circonscriptions.
Je reconnais également que, très certainement, les électeurs ont voulu sanctionner toute cette période « To Tatou Ai’a » depuis 2008, avec toutes les tergiversations que l’on a pu connaître, des comportements politiques inacceptables et tous ces revirements politiques que l’on a connus et qui, sans revenir dans le détail, laissent le sentiment à tout le monde que cela a été un vaste gâchis. To Tatou Ai’a est une formule qui a implosé en vol et je pense que les électeurs ont voulu rendre responsables certains chefs de parti qui se sont unis à cette époque là. On le voit bien : au niveau des candidats aux élections législatives, il n’y en a pas un de cette période qui ressort franchement comme étant une alternative possible aux deux blocs politiques qui existent dans notre pays.
En politique, vous savez, il y a des hauts et des bas, et je profite de cette occasion et de ce message qui est envoyé par la population pour, maintenant, essayer de reconstruire quelque chose qui soit beaucoup plus viable pour l’avenir.
Tahiti infos : Justement, vous avez appelé au rassemblement autonomiste, arguant que « si les autonomistes ne parviennent pas à se réunir, ils devront se résoudre à laisser la gestion du Pays aux mains de leurs adversaires. » Ce rassemblement doit-il se faire autour du Tahoeraa ?
Jean-Christophe Bouissou : Ce rassemblement doit se faire avec toutes celles et tous ceux qui ont la même vision de l’avenir du pays. Lorsque je dois répondre à un problème politique complexe, je reviens toujours à des notions simples : quel est mon souhait pour ce pays et pour son avenir ? Eh bien mon souhait est que la Polynésie, pendant les quelques décennies qui viennent, demeure au sein de la République française : c’est un atout pour notre pays, pour son développement, et c’est un levier indispensable pour que nous puissions remettre les choses dans l’ordre. Et pour cela, il faut que nous puissions nous retrouver. On le voit bien depuis 2004, le camp autonomiste s’est désagrégé. Certains partis, aux vues des lois électorales, ont décidé de se mettre ensemble, parfois même en pactisant avec l’UPLD, parce que personne ne détenait la clé au problème. Et donc, nous nous sommes retrouvés, dans la famille autonomiste, à chercher des compromis sans cesse.
Le moment est venu pour tout le monde de faire table rase du passé, pour nous retrouver sur des valeurs essentielles. C’est ce que j’ai mis dans le courrier que j’ai adressé aux leaders de sections politiques, sans exclure qui que ce soit, donc y compris le Tahoera’a huiraatira, qui est une force politique indéniable dans notre pays : les dernières élections législatives l’ont bien démontré (…).
Il ne s’agit donc pas de nous unir autour. Ce que je propose, c’est que l’ensemble des formations politiques puissent se retrouver dans un schéma que nous devons penser ensemble : par exemple une union des formations politiques autonomistes et républicaines de Polynésie française qui serait un véritable partenaire pour le Tahoera‘a, dans le cadre de l’élaboration du projet de société, mais aussi des listes aux élections territoriales de 2013. J’ajoute que le mode de scrutin des territoriales nous oblige aujourd’hui à cette union.
Primaires autonomistes
Si tout le monde était autour de la table, lorsque l’on regarde le poids électoral du Tahoeraa et des autres formations politiques autonomistes qui ont présenté des candidats aux dernières élections législatives, on voit bien, grosso modo, qu’il y a une coupure ronde de l’électorat autonomiste. Entre les 25.000 voix du Tahoeraa huiraatira et les 28.000 voix des autres formations autonomistes ou républicaines, on voit bien qu’il aurait été possible, si tout le monde se mettait autour de la table, de discuter d’un processus qui permettrait de déterminer le chef, pour diriger le pays au cours des cinq prochaines années.
Cela n’a pas été possible, puisque certains réfutent le fait même de venir et de discuter. Ils préfèrent trancher directement sur la question d’une 3ème voie, sans passer par la mise en place d’une « primaire », par exemple, qui permettrait aux électeurs, - tous les électeurs et pas seulement les militants -, de déterminer un leader qui s’impose démocratiquement à tous.
Si ces personnes ne se mettent pas autour de la table, il est bien évident que cette question ne se posera pas.
Par ailleurs, on va dans le temps et le temps est court : pour organiser des primaires il faut que l’ensemble des communes participent à travers l’ouverture des bureaux de vote. Et ce n’est pas l’Etat ni le Pays qui vont payer les dépenses inhérentes à ce scrutin. Faut-il demander une participation aux citoyens qui participent à ce vote, comme les socialistes métropolitains l’ont fait ? Ce sont des questions qui auraient pu être débattues.
Tahiti infos : Qui a répondu favorablement à votre appel ?
Jean-Christophe Bouissou : Ceux qui étaient autour de la table, lorsque nous avons tenu notre réunion du lundi 18 juin (…). D’autres responsables politiques ne sont pas venus parce que tout simplement absents du territoire. Ils seront présents lors de la réunion du 6 juillet prochain. J’ajoute que plusieurs maires que nous avons rencontrés, sont d’accord pour rejoindre cette plateforme que nous sommes en train de créer. Il est pour l’instant prématuré pour moi de dire qui sont ces personnes. Ce n’est pas de ma responsabilité. Mais le regroupement de l’ensemble de ces forces représente un poids indéniable dans le cadre des futures élections territoriales.
Pour faire bref, les absents étaient Nicole Bouteau (No Oe e Te Nunaa), Teva Rohfritsch (O'Hiva) Teiva Manutahi (Porinetia Ora), de même que Philip Schyle (Fetia Api) et Gaston Tong Sang (OPTTA). Je remarque d’ailleurs que Gaston Tong Sang n’a pas signé le courrier demandant le report de cette réunion. Cela signifie-t-il quelque chose ? Je n’en sais rien. (…)
J’ai rencontré plus d’une dizaine de personnes, dans cette démarche. Personne ne s’est offusqué de la manière dont ces entretiens se sont déroulés. Je réfute bien évidement les propos tenus par Teiva Manutahi, sur le fait que mon objectif est de rejoindre le Tahoera’a hiraatira. Je l’ai dit sur Polynésie 1ère hier soir (JT du 24 juin, ndlr) : je suis un chef de parti et je le demeurerai : il n’est pas question pour moi de changer mon cheminement politique.
Tahiti infos : Compte tenu de la personnalité politique des absents à votre réunion du 18 juin, pensez-vous que cette union des autonomistes est « génétiquement » possible ?
Jean-Christophe Bouissou : Pour certain d’entre eux, il est possible que nous puissions nous revoir. La porte n’est pas fermée, loin de là. Je pense que certain sont en train de réfléchir très sérieusement à propos de cette 3ème voie. Notamment parce que les ingrédients sont encore là, d’une implosion future. D’abord parce qu’il n’y a pas de chef. Ensuite parce que c’est un rapprochement de circonstance : il n’y a pas de projet commun entre ces formations politiques ; il y a en revanche un socle commun : l’anti-flossisme. Je ne pense pas que l’on puisse bâtir un projet politique sur des sentiments de rancœur, de haine envers une personne. La population autonomiste souhaite la réconciliation. Je me pose dans le camp du rassemblement et non pas dans celui de la division.
Tahiti infos : Cette 3ème voie que prônait le Fetia Api avec Boris Léontieff n’est-elle vraiment pas envisageable, dans le paysage politique actuel ?
Jean-Christophe Bouissou : Nous l’avons essayée en 2008. Nous avons créé une 3ème voie qui ma foi a fonctionné puisque nous sommes arrivés premiers aux élections territoriales. Ce qui nous manquait à cette époque là, c’est une prime majoritaire, qui aurait pu faire taire les dissensions internes de deux ou trois personnes qui ont mené au chantage le gouvernement Tong Sang. On a bien vu alors que lorsque l’on a huit chefs qui prétendent décider, il est difficile de garder le navire sur son erre.
Cette solution est une fausse promesse. Elle revient à proposer encore une aventure à la population. Je ne m’inscris pas dans cette démarche qui ne peut mener qu’au désordre social et économique. Le pays a besoin de se retrouver aujourd’hui. Et pour cela, il faut que l’on soit capable, au niveau des autonomistes et des républicains, de nous réconcilier ensemble.
Tahiti infos : Cet appel au rassemblement autonomiste semble sonner la fin du TAUI. Le débat politique doit-il se résumer ici à une bipolarisation autonomistes-indépendantistes ?
Jean-Christophe Bouissou: Je crois que c’est quelque chose qui fait partie des gènes politiques de notre pays. (…) Certains, qui souhaiteraient repousser d’un revers de main cette question là, sont très équivoques sur la question idéologique et celle de l’avenir institutionnel du pays. Bien au contraire c’est une question fondamentale et qui demeure posée. (…) Il s’agit de la différence qu’il y a entre ceux qui ont une vision de la Polynésie au sein de la République française et ceux qui prétendent pouvoir sortir le pays du giron de la République. Ensuite que l’on s’oppose sur les débats liés aux projets de société, aux programmes de développement, c’est autre chose. Mais il ne faut pas oublier de dire ce qu’est l’objet de tout cela.
Cette question demeure depuis Pouvanaa Oopa. (…) Elle est là, continuellement, à chaque élection. Quel avenir pour la Polynésie ? Dire qu’il ne faut pas en parler, c’est tromper les électeurs : autant être clair et que ceux qui souhaitent un avenir avec la France le disent clairement et developpent leurs arguments, derrière.
Tahiti infos : L’autonomiste Françis Sanford était traité d’indépendantiste en 1977, par le conservateur Gaston Flosse. Les lignes ont bien changé depuis : que signifie être autonomiste, aujourd’hui ?
Jean-Christophe Bouissou: C’est d’abord savoir quelle est la limite de nos institutions et les limites de la répartition entre nos compétences propres et de celles dévolues à l’Etat. L’ordre public, la monnaie, les affaires étrangères, la justice : Voilà quatre compétences véritablement régaliennes. La Polynésie a un champ d’action dans l'exercice des autres compétences. L’autonomie c’est ça : une limite à ne pas dépasser. Dire qu’avant, il n’y avait pas une volonté d’aller plus loin… C’est vrai qu’il y a eu un débat entre Françis Sanford et Gaston Flosse, sur l’avènement de l’autonomie. C’était des joutes politiques ; c’était de bonne guerre, je dirais. (…) Je ne pense pas aujourd’hui que la philosophie de l’Etat unitaire de la France pourrait satisfaire des revendications de compétences qui iraient jusqu’au bout, c'est-à-dire à la reconnaissance de la souveraineté de la Polynésie. Maintenant sur le reste, est-ce que l’autonomie est un marchepied vers l’indépendance ? Je dis non : lorsque l’on sait reconnaître les limites de notre statut d’autonomie. Mais attention au piège qui serait d’élire des gens, pour les élections territoriales ou nationales, qui caressent cette volonté, à un moment donné, de réclamer l’ensemble des compétences dans un processus de décolonisation.
Jean-Christophe Bouissou : Ceux qui étaient autour de la table, lorsque nous avons tenu notre réunion du lundi 18 juin (…). D’autres responsables politiques ne sont pas venus parce que tout simplement absents du territoire. Ils seront présents lors de la réunion du 6 juillet prochain. J’ajoute que plusieurs maires que nous avons rencontrés, sont d’accord pour rejoindre cette plateforme que nous sommes en train de créer. Il est pour l’instant prématuré pour moi de dire qui sont ces personnes. Ce n’est pas de ma responsabilité. Mais le regroupement de l’ensemble de ces forces représente un poids indéniable dans le cadre des futures élections territoriales.
Pour faire bref, les absents étaient Nicole Bouteau (No Oe e Te Nunaa), Teva Rohfritsch (O'Hiva) Teiva Manutahi (Porinetia Ora), de même que Philip Schyle (Fetia Api) et Gaston Tong Sang (OPTTA). Je remarque d’ailleurs que Gaston Tong Sang n’a pas signé le courrier demandant le report de cette réunion. Cela signifie-t-il quelque chose ? Je n’en sais rien. (…)
J’ai rencontré plus d’une dizaine de personnes, dans cette démarche. Personne ne s’est offusqué de la manière dont ces entretiens se sont déroulés. Je réfute bien évidement les propos tenus par Teiva Manutahi, sur le fait que mon objectif est de rejoindre le Tahoera’a hiraatira. Je l’ai dit sur Polynésie 1ère hier soir (JT du 24 juin, ndlr) : je suis un chef de parti et je le demeurerai : il n’est pas question pour moi de changer mon cheminement politique.
Tahiti infos : Compte tenu de la personnalité politique des absents à votre réunion du 18 juin, pensez-vous que cette union des autonomistes est « génétiquement » possible ?
Jean-Christophe Bouissou : Pour certain d’entre eux, il est possible que nous puissions nous revoir. La porte n’est pas fermée, loin de là. Je pense que certain sont en train de réfléchir très sérieusement à propos de cette 3ème voie. Notamment parce que les ingrédients sont encore là, d’une implosion future. D’abord parce qu’il n’y a pas de chef. Ensuite parce que c’est un rapprochement de circonstance : il n’y a pas de projet commun entre ces formations politiques ; il y a en revanche un socle commun : l’anti-flossisme. Je ne pense pas que l’on puisse bâtir un projet politique sur des sentiments de rancœur, de haine envers une personne. La population autonomiste souhaite la réconciliation. Je me pose dans le camp du rassemblement et non pas dans celui de la division.
Tahiti infos : Cette 3ème voie que prônait le Fetia Api avec Boris Léontieff n’est-elle vraiment pas envisageable, dans le paysage politique actuel ?
Jean-Christophe Bouissou : Nous l’avons essayée en 2008. Nous avons créé une 3ème voie qui ma foi a fonctionné puisque nous sommes arrivés premiers aux élections territoriales. Ce qui nous manquait à cette époque là, c’est une prime majoritaire, qui aurait pu faire taire les dissensions internes de deux ou trois personnes qui ont mené au chantage le gouvernement Tong Sang. On a bien vu alors que lorsque l’on a huit chefs qui prétendent décider, il est difficile de garder le navire sur son erre.
Cette solution est une fausse promesse. Elle revient à proposer encore une aventure à la population. Je ne m’inscris pas dans cette démarche qui ne peut mener qu’au désordre social et économique. Le pays a besoin de se retrouver aujourd’hui. Et pour cela, il faut que l’on soit capable, au niveau des autonomistes et des républicains, de nous réconcilier ensemble.
Tahiti infos : Cet appel au rassemblement autonomiste semble sonner la fin du TAUI. Le débat politique doit-il se résumer ici à une bipolarisation autonomistes-indépendantistes ?
Jean-Christophe Bouissou: Je crois que c’est quelque chose qui fait partie des gènes politiques de notre pays. (…) Certains, qui souhaiteraient repousser d’un revers de main cette question là, sont très équivoques sur la question idéologique et celle de l’avenir institutionnel du pays. Bien au contraire c’est une question fondamentale et qui demeure posée. (…) Il s’agit de la différence qu’il y a entre ceux qui ont une vision de la Polynésie au sein de la République française et ceux qui prétendent pouvoir sortir le pays du giron de la République. Ensuite que l’on s’oppose sur les débats liés aux projets de société, aux programmes de développement, c’est autre chose. Mais il ne faut pas oublier de dire ce qu’est l’objet de tout cela.
Cette question demeure depuis Pouvanaa Oopa. (…) Elle est là, continuellement, à chaque élection. Quel avenir pour la Polynésie ? Dire qu’il ne faut pas en parler, c’est tromper les électeurs : autant être clair et que ceux qui souhaitent un avenir avec la France le disent clairement et developpent leurs arguments, derrière.
Tahiti infos : L’autonomiste Françis Sanford était traité d’indépendantiste en 1977, par le conservateur Gaston Flosse. Les lignes ont bien changé depuis : que signifie être autonomiste, aujourd’hui ?
Jean-Christophe Bouissou: C’est d’abord savoir quelle est la limite de nos institutions et les limites de la répartition entre nos compétences propres et de celles dévolues à l’Etat. L’ordre public, la monnaie, les affaires étrangères, la justice : Voilà quatre compétences véritablement régaliennes. La Polynésie a un champ d’action dans l'exercice des autres compétences. L’autonomie c’est ça : une limite à ne pas dépasser. Dire qu’avant, il n’y avait pas une volonté d’aller plus loin… C’est vrai qu’il y a eu un débat entre Françis Sanford et Gaston Flosse, sur l’avènement de l’autonomie. C’était des joutes politiques ; c’était de bonne guerre, je dirais. (…) Je ne pense pas aujourd’hui que la philosophie de l’Etat unitaire de la France pourrait satisfaire des revendications de compétences qui iraient jusqu’au bout, c'est-à-dire à la reconnaissance de la souveraineté de la Polynésie. Maintenant sur le reste, est-ce que l’autonomie est un marchepied vers l’indépendance ? Je dis non : lorsque l’on sait reconnaître les limites de notre statut d’autonomie. Mais attention au piège qui serait d’élire des gens, pour les élections territoriales ou nationales, qui caressent cette volonté, à un moment donné, de réclamer l’ensemble des compétences dans un processus de décolonisation.