“Je veux rencontrer les gens d'ici”


Tahiti, le 6 novembre 2022 - Le chanteur Bernard Lavilliers est arrivé jeudi soir en Polynésie pour un concert unique proposé par SA production, Radio 1 et Tiare FM le 10 novembre à To'ata. “Voyageur” avant d'être musicien et d'aucuns diront poète, l'artiste aime le contact et la découverte. Pour son premier séjour au fenua, il sait qu'il ne restera pas assez longtemps pour “tout comprendre”, mais il a pourtant soif de rencontres avec “les gens d'ici”.
 
Arrivé jeudi soir pour son tout premier séjour en Polynésie, le chanteur, auteur, compositeur et poète Bernard Lavilliers a connu son premier contact avec la culture polynésienne dès sa descente de l'avion. Accueilli par un spectacle de danse polynésienne auquel l'artiste de 76 ans s'est prêté avec un redoutable déhanché, Bernard Lavilliers n'a eu qu'une seule nuit pour se remettre de son vol de 20 heures et accorder une conférence de presse aux médias locaux à l'Intercontinental de Tahiti-Faa'a, vendredi après-midi. Au milieu d'une tournée dans toute la France qui compte encore une quinzaine de dates jusqu'en début janvier – il jouait encore à l'Olympia, 48 heures avant son départ pour Tahiti – l'auteur de On The Road Again, Stand The Ghetto ou encore Noir Et Blanc a calé un concert unique proposé par SA Production, Radio 1 et Tiare FM ce jeudi 10 novembre à To'ata.
 

“Parler avec des gens”

“La Polynésie ? Je connais ce que j'en ai lu, donc je ne connais rien. Et en vérité, je ne vais pas rester assez longtemps pour en savoir grand-chose.” Bernard Lavilliers a le contact facile et un franc parler aussi plaisant que rafraichissant. “Quand j'écris sur un pays où je me mélange à la population, c'est pendant très longtemps. Ici, je viens faire un spectacle en réalité.” Pour son dernier album, le chanteur est parti trouver l'inspiration en Argentine. Il a posé ses valises trois mois à Buenos Aires pour en tirer un disque au nom de la capitale sud-américaine. C'est cet album, et certains de ses titres les plus connus, qu'il jouera dans quelques jours à Papeete. “C'est pas forcément pour écrire que je voyage. C'est parce que je suis un voyageur. J'ai commencé à écrire des chansons plus tard.”
 
Autre certitude, Bernard Lavilliers ne voyage pas pour “la carte postale”. Ce qu'il veut, ce sont des rencontres. “C'est primordial. Sinon qu'est-ce qu'on peut tirer des choses, comme ça sur un flash ? Des lieux communs ? Non, si je devais vraiment écrire ici, il faudrait que je revienne et que je me fasse oublier.” Sans programme particulièrement établi pour ses dix jours en Polynésie, le chanteur semble vouloir se laisser porter. “Je suis en train de regarder. Je veux parler avec des gens, des artistes ou peu importe. Des gens qui sont sur place. Je ne veux pas non plus faire toutes les bornes touristiques… Ça ne m'intéresse pas des masses.”
 

​“Voir ce qui se passe en vrai”

Parler et comprendre, mais toujours sans prétendre s'imprégner d'une culture et d'une société nouvelle en quelques jours seulement. “J'ai envie de parler avec des gens. Des gens qui ne sont pas forcément d'accord. Pour voir ce qui se passe en vrai. Un peu plus loin…”, insiste Bernard Lavilliers. “On ne peut pas tout comprendre. Mais j'aimerais essayer de rentrer un peu à l'intérieur. De voir les différentes facettes de vos îles.” En quelques échanges, l'artiste concède s'être tout de même renseigné sur “les migrations” polynésiennes ou l'inspiration musicale. “C'est marrant, moi qui connaît bien l'Amazonie, vous avez quelque chose à voir avec ces gens. De quelle manière, je n'en sais rien. Cette façon d'être silencieux et parfois d'être bavards... Ça dépend avec qui.”
 
Intéressé par les hommes et par leur musique, le chanteur explique avoir pris le temps “d'entendre et de voir pas mal de choses” en termes de sonorités locales. “J'ai écouté avant quand même, pour être sérieux.” Des vidéos sur YouTube dont il veut maintenant “étudier un peu plus les rythmiques”. “J'ai une petite idée de la musique. J'entends beaucoup de reggae. Donc mon ami Marley a frappé assez fort. Comme dans le monde entier d'ailleurs”, sourit Bernard Lavilliers. “J'ai entendu quelques musiques d'ici, mélangées avec les instruments traditionnels… Mais les couplets, c'est plutôt du reggae.”
 

​“Vous verrez, on a l'impression qu'on est 18”

Parler musique à Lavilliers, c'est en tous cas l'assurance de réponses fleuves. L'artiste est venu avec une vingtaine de personnes en Polynésie, parmi lesquelles les six musiciens qui l'accompagnent sur scène et qui sont “un peu un conservatoire personnel”, décrit-il avec fierté. “Les mecs savent tout jouer.” Tout ? Oui, vraiment tout. “À la base j'ai piano, basse, batterie. Orgue Hammond normalement, mais je ne sais pas s'il y en aura un ici. Le clavier peut être batteur. J'ai pas mal de musiciens qui sont qualifiés dans plusieurs instruments. J'ai des claviers, un accordéon. Après, j'ai une section de saxophones. Un saxophoniste qui joue aussi du violoncelle. C'est extrêmement rare ça… Des percussions. Le trompettiste joue aussi du bugle et de la guitare extrêmement bien. On se répartit les rôles au fond. Mais tout le monde sait jouer des instruments. Extrêmement bien. Pas qu'un petit peu. Donc vous verrez, on a l'impression qu'on est 18.”
 
Avec plus de 50 ans de carrière derrière lui, Bernard Lavilliers dit conserver un bonheur intact à monter sur scène. “En dehors d'être mon boulot, c'est mon plaisir.” Et de toutes façons, s'il “n'en avait pas envie” il “n'aurait pas fait les 24 heures de vol”, lance Bernard Lavilliers. “Quand on n'a plus envie d'aller sur scène, il ne faut pas y aller. Moi je suis content de monter sur scène. J'y suis beaucoup plus expansif que dans la vie.” Voilà qui promet…

Pratique

Concert le 10 novembre à 19h30 à To’ata.
 
Tarifs à partir de 5 000 Fcfp. Billetterie dans les magasins Carrefour, à Radio1/Tiare FM à Fare Ute et en ligne  sur ticket-pacific.pf.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Dimanche 6 Novembre 2022 à 15:44 | Lu 2275 fois