James Heaux (RN) se pose en “alternative”


C'est dans les locaux de la permanence de Te Nati-Rassemblement national que James Heaux, candidat sur la 1re circonscription, a reçu Tahiti Infos ce vendredi. Il veut proposer un choix “autre que l'abstention ou le vote blanc” face aux deux blocs indépendantiste et autonomiste. crédit photo SD
Tahiti, le 24 juin 2024 – C'est à la dernière minute que le Te Nati-Rassemblement national a décidé de présenter des candidats pour les élections législatives anticipées. Et c'est James Heaux qui a été choisi sur la 1re circonscription. Son nomadisme politique et sa profession de journaliste ne posent pas de problème au jeune candidat qui prône son “engagement” et se pose en “alternative” face aux blocs indépendantiste et autonomiste. Interview.

 
Vous vous êtes décidé au dernier moment avec le coup de téléphone d'Éric Minardi la veille du dépôt des candidatures. Qu'est-ce qui vous a convaincu dans le programme du Rassemblement national pour vous porter candidat sur la première circonscription ?
 
“Déjà, c'est que le Rassemblement national a un programme spécifique pour la Polynésie et pas uniquement pour tous les Outre-mer. Les projets sont détaillés dans notre profession de foi : l'université de la mer, la route traversière, le développement en matière de gestion et de traitement des eaux usées pour les communes notamment. Voilà. Il y a déjà une base qui a été étudiée pour la Polynésie et c'est ce qui m'a convaincu.”
 
Le nomadisme politique est un sport national ici. On vous a connu sous la bannière du Tahoera'a en 2018, puis vous êtes allé au Tavini, et aujourd'hui, vous êtes à Te Nati-Rassemblement national après avoir frappé à la porte du Tapura sans succès. Comment convaincre les électeurs de votre constance et de votre sérieux ?
 
“Je pense que ce n'est pas ce qui est le plus important. C’est-à-dire que c'est l'engagement qui est plus important pour moi. Faire de la politique, c'est faire des sacrifices. Au niveau de la famille, sortir en quelque sorte de sa zone de confort. Vous le savez, j'ai un très bon travail, je suis très bien payé, j'ai beaucoup d'avantages, je n'ai pas à me plaindre de ce côté-là. Donc en 2018, c'était un instant T, là encore c'est monsieur Flosse qui était venu me chercher et j'ai accepté d'entrer en politique pour porter un programme qui était tourné vers le social. Ensuite, il y a eu un changement de cap de monsieur Flosse avec son statut du Pays souverain associé à la République alors que cela n'était pas au programme en 2018.”
 
Vous parliez justement de votre travail et de votre engagement. Or vous avez continué à émarger à France Télévisions quand vous étiez élu à l'assemblée. Et vous faites des interviews politiques. N'y a-t-il pas un mélange des genres entre votre profession et votre candidature à la députation ? Si vous êtes élu député, vous mettrez-vous en disposition ou allez-vous mener ces deux carrières en parallèle ?
 
“Lorsque j'ai été élu en 2018 jusqu'en 2023, je ne faisais plus du tout de sujets ni de reportages politiques. C'est un accord commun avec ma direction. J'aurais pu. Mais je ne voulais pas ce mélange des genres parce qu'on connaît la réaction des gens quand bien même vous faites quelque chose de bien, vous faites la part des choses, vous êtes critiqué. Et quand vous ne faites rien, là aussi vous êtes critiqué. Pendant ces cinq années, je n'ai plus fait de politique jusqu'aux élections territoriales. Et depuis 2023, jusqu'à il y a peu, je n'ai pas non plus fait de sujet politique (si ce n'est l'interview du président Brotherson lors de son bilan d'un an de gouvernance, NDLR).”
 
Le Rassemblement national est en très bonne position dans les intentions de vote au plan national mais ici, l'enjeu est davantage local. Comment allez-vous vous défendre sur le terrain ?
 
“C'est un peu ce qui a motivé, d'un point de vue personnel, ma candidature. Rappelez-vous, j'ai porté le programme du Tavini Huiraatira en 2023 lors des élections territoriales. J'étais sur le terrain, sur les plateaux télé, j'ai fait du porte-à-porte et l'ironie de l'histoire, c'est qu'on m'a mis de côté. Je n'ai rien eu en retour. Je n'étais pas à l'assemblée, pas de poste aux ministères, pas de poste dans un cabinet... Mais ce n'est pas grave parce que pour moi, ce n'est pas alimentaire. Ce n'est pas la politique qui me nourrit, je n'appartiens pas à un parti politique. Mais mon engagement est là, et face à cette reconstitution des deux blocs, indépendantiste d'une part, et autonomiste de l'autre, sans jugement, je veux présenter une candidature qui soit une troisième voie, une alternative à ce choix entre tout blanc ou tout noir. Je sais que je ne parviendrai pas au second tour en étant seul et l'idée, c'était donc de présenter un choix autre que l'abstention ou un vote blanc.”

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 24 Juin 2024 à 15:02 | Lu 2598 fois