Teltow, Allemagne | AFP | lundi 25/02/2019 - Depuis 16 ans, Ralf Hendrichs dirige un cimetière un peu particulier, le seul en Allemagne à proposer à la fois enterrements et crémations pour animaux et soutien et réconfort pour les maîtres éplorés.
"Ici, on assiste souvent à des scènes très tristes", confie-t-il. "Les gens pleurent beaucoup", raconte cet amoureux des chiens, "ils s'effondrent, ont parfois des "pensées suicidaires".
Ce cimetière de 10.000 m2 est situé à Teltow au sud de Berlin, dans un pays où l'engouement pour chiens et chats ne cesse de croître.
Des boîtes de mouchoirs en papier sont disposées un peu partout, dans l'entrée du bâtiment principal, le crématorium ou la "pièce du silence" aux murs couverts des photos de tous les compagnons perdus.
Qui le souhaite peut allumer une bougie, comme dans une chapelle, et se recueillir.
"Le travail d'accompagnement dans le deuil est immense". Il faut rester à l'écoute et "prendre les gens au sérieux", explique M. Hendrichs.
Si besoin est, le cimetière offre aussi une aide professionnelle. "Nous avons une vétérinaire qui a une formation de psychologue et qui organise des discussions en petit comité", comme une thérapie de groupe.
C'est en 2003 que Ralf Hendrichs décide d'acquérir un vaste terrain pour créer ce cimetière - "le ciel des animaux" -, après la mort de son Doberman, dont il avait laissé le corps chez le vétérinaire.
Il apprendra plus tard qu'il a fini dans les broyeurs des services publics d'équarrissage, avec tous les cadavres d'animaux d'élevages et les charognes trouvées sur le bord des chemins.
"Nous avons pleuré des jours entiers", raconte-t-il.
Perdre un animal domestique peut causer une profonde tristesse, souvent sous-estimée, dit-il: "Pour nous, il s'agit non seulement d'un animal, mais d'un compagnon, d'un membre de la famille", qui mérite d'être inhumé dans la "dignité".
Sebastian Oehlandt, 27 ans, vient deux à trois fois par semaine se recueillir devant la petite tombe de Hiro, son chat, qui a "accompagné sa vie pendant près de 15 ans" avant de décéder peu avant Noël.
"Subitement, il y a eu ce vide énorme", confie le jeune homme, qui vit avec son père et un autre chat.
Beaucoup de jeunes comme lui tiennent à une sépulture ou une crémation pour leur ancien compagnon à pattes, selon M. Hendrichs.
Karla Lemke, 63 ans, reste inconsolable: "Depuis 14 mois qu'il est mort, je viens ici tous les jours, deux fois par jour", raconte cette femme dont le Pinscher nain défunt, Alien, possède la tombe la plus décorée et colorée du cimetière.
L'amour des Allemands pour les animaux domestiques - surtout chiens et chats mais aussi hamsters, cochons d'Inde, perruches, tortues ou poissons - n'a cessé de croître depuis 2008 (+45%), sans qu'une cause ait été clairement identifiée: ils sont aujourd'hui 34,3 millions.
Soit plus qu'en France, où leur nombre est resté stable sur la période, à un peu moins de 30 millions, selon la dernière étude de la Fédération du commerce et recherche animale et celle des produits pour animaux domestiques (IVH) portant sur 2017.
Près de la moitié des foyers allemands ont un animal, contre un tiers il y a dix ans, et si la majorité sont des familles avec enfants, le nombre chez les célibataires augmente aussi.
"Un animal domestique comme partenaire social, en particulier pour les célibataires, devient de plus en plus important dans notre société", affirme le président de la IVH Georg Müller dans l'étude. Et pas seulement pour les personnes âgées.
Le nombre d'inhumations chaque année a explosé dans son cimetière, d'environ 120 la première année à plus de 4.000 désormais (3.500 crémations et 500 enterrements).
Au niveau national en revanche, pas de chiffres précis, indique à l'AFP Martin Struck, président de la fédération des pompes funèbres animales, les entreprises - quelque 120 cimetières et 26 crématoriums - préférant généralement "rester discrètes sur leurs activités".
Une chose est sûre: le nombre de crémations connaît un boom, dit-il. C'est d'ailleurs le sort qui attend à Teltow un petit chien blanc et ocre délicatement allongé dans un panier d'osier, à demi couvert d'un linceul blanc sur lequel repose une rose jaune.
Avant, son maître viendra le câliner une dernière fois. "Certains disent qu'un animal mort est vénéneux, c'est complètement faux !", s'exclame Ralf Hendrichs.
Son cimetière est, bien sûr, aussi un business: pour une tombe individuelle, il faut débourser au moins 180 euros pour deux ans renouvelables; pour une crémation, de 105 à 370 euros en fonction du poids de l'animal.
Au-delà, il y a tous les produits, comme les urnes et les objets personnalisés, de l'empreinte de la patte dans du plâtre au médaillon pouvant contenir les cendres, jusqu'au diamant synthétique créé à partir de cendres du compagnon disparu (à partir de 2.500 euros).
"Comme ça, les propriétaires peuvent avoir leur ancien compagnon toujours près d'eux", fait-il valoir.
Il rêve même désormais de créer un cimetière où les cendres des animaux et de leurs maîtres pourront être enterrées ensemble. "Nous avons tellement de demandes, depuis des années."
"Ici, on assiste souvent à des scènes très tristes", confie-t-il. "Les gens pleurent beaucoup", raconte cet amoureux des chiens, "ils s'effondrent, ont parfois des "pensées suicidaires".
Ce cimetière de 10.000 m2 est situé à Teltow au sud de Berlin, dans un pays où l'engouement pour chiens et chats ne cesse de croître.
Des boîtes de mouchoirs en papier sont disposées un peu partout, dans l'entrée du bâtiment principal, le crématorium ou la "pièce du silence" aux murs couverts des photos de tous les compagnons perdus.
Qui le souhaite peut allumer une bougie, comme dans une chapelle, et se recueillir.
"Le travail d'accompagnement dans le deuil est immense". Il faut rester à l'écoute et "prendre les gens au sérieux", explique M. Hendrichs.
Si besoin est, le cimetière offre aussi une aide professionnelle. "Nous avons une vétérinaire qui a une formation de psychologue et qui organise des discussions en petit comité", comme une thérapie de groupe.
- "Un vide énorme" -
C'est en 2003 que Ralf Hendrichs décide d'acquérir un vaste terrain pour créer ce cimetière - "le ciel des animaux" -, après la mort de son Doberman, dont il avait laissé le corps chez le vétérinaire.
Il apprendra plus tard qu'il a fini dans les broyeurs des services publics d'équarrissage, avec tous les cadavres d'animaux d'élevages et les charognes trouvées sur le bord des chemins.
"Nous avons pleuré des jours entiers", raconte-t-il.
Perdre un animal domestique peut causer une profonde tristesse, souvent sous-estimée, dit-il: "Pour nous, il s'agit non seulement d'un animal, mais d'un compagnon, d'un membre de la famille", qui mérite d'être inhumé dans la "dignité".
Sebastian Oehlandt, 27 ans, vient deux à trois fois par semaine se recueillir devant la petite tombe de Hiro, son chat, qui a "accompagné sa vie pendant près de 15 ans" avant de décéder peu avant Noël.
"Subitement, il y a eu ce vide énorme", confie le jeune homme, qui vit avec son père et un autre chat.
Beaucoup de jeunes comme lui tiennent à une sépulture ou une crémation pour leur ancien compagnon à pattes, selon M. Hendrichs.
Karla Lemke, 63 ans, reste inconsolable: "Depuis 14 mois qu'il est mort, je viens ici tous les jours, deux fois par jour", raconte cette femme dont le Pinscher nain défunt, Alien, possède la tombe la plus décorée et colorée du cimetière.
- 34 millions d'amis -
L'amour des Allemands pour les animaux domestiques - surtout chiens et chats mais aussi hamsters, cochons d'Inde, perruches, tortues ou poissons - n'a cessé de croître depuis 2008 (+45%), sans qu'une cause ait été clairement identifiée: ils sont aujourd'hui 34,3 millions.
Soit plus qu'en France, où leur nombre est resté stable sur la période, à un peu moins de 30 millions, selon la dernière étude de la Fédération du commerce et recherche animale et celle des produits pour animaux domestiques (IVH) portant sur 2017.
Près de la moitié des foyers allemands ont un animal, contre un tiers il y a dix ans, et si la majorité sont des familles avec enfants, le nombre chez les célibataires augmente aussi.
"Un animal domestique comme partenaire social, en particulier pour les célibataires, devient de plus en plus important dans notre société", affirme le président de la IVH Georg Müller dans l'étude. Et pas seulement pour les personnes âgées.
Le nombre d'inhumations chaque année a explosé dans son cimetière, d'environ 120 la première année à plus de 4.000 désormais (3.500 crémations et 500 enterrements).
Au niveau national en revanche, pas de chiffres précis, indique à l'AFP Martin Struck, président de la fédération des pompes funèbres animales, les entreprises - quelque 120 cimetières et 26 crématoriums - préférant généralement "rester discrètes sur leurs activités".
- Ensemble, pour toujours -
Une chose est sûre: le nombre de crémations connaît un boom, dit-il. C'est d'ailleurs le sort qui attend à Teltow un petit chien blanc et ocre délicatement allongé dans un panier d'osier, à demi couvert d'un linceul blanc sur lequel repose une rose jaune.
Avant, son maître viendra le câliner une dernière fois. "Certains disent qu'un animal mort est vénéneux, c'est complètement faux !", s'exclame Ralf Hendrichs.
Son cimetière est, bien sûr, aussi un business: pour une tombe individuelle, il faut débourser au moins 180 euros pour deux ans renouvelables; pour une crémation, de 105 à 370 euros en fonction du poids de l'animal.
Au-delà, il y a tous les produits, comme les urnes et les objets personnalisés, de l'empreinte de la patte dans du plâtre au médaillon pouvant contenir les cendres, jusqu'au diamant synthétique créé à partir de cendres du compagnon disparu (à partir de 2.500 euros).
"Comme ça, les propriétaires peuvent avoir leur ancien compagnon toujours près d'eux", fait-il valoir.
Il rêve même désormais de créer un cimetière où les cendres des animaux et de leurs maîtres pourront être enterrées ensemble. "Nous avons tellement de demandes, depuis des années."