Tahiti, le 02 avril 2022 - Portrait de Jade Tetohu, lauréate du concours “Ma thèse en 180 secondes”, qui réalise une thèse sur une larve de mouche très utile pour le recyclage alimentaire, avant son départ pour participer à Paris à la demi-finale nationale.
Jade Tetohu a reçu, jeudi 24 mars dernier, le premier prix du jury pour le concours de “Ma thèse en 180 secondes”. Pour ce concours, chapeauté par le CNRS, les doctorants ont trois minutes pour vulgariser leur travail de thèse, avec une éloquence souvent teintée d'humour et convaincre de l'intérêt de ce travail. “Le format est particulier”, explique Jade, “il faut être en mesure de tout résumer en seulement trois minutes. C'est un exercice de synthèse, mais de vulgarisation aussi, pour que ce soit accessible à tout public, ce qui demande un vrai entraînement”. Les candidats sont coachés et encadrés par leur école doctorale.
Cette année, la performance drôle et maîtrisée de Jade qui s'était d'abord inscrite pour surmonter sa peur de la prise de parole en public et se préparer à la soutenance a convaincu le jury de la manche polynésienne. Elle va donc participer à la manche nationale, en France, en compagnie de Tonyo Toomaru qui a remporté, lui, le prix du public. “Avoir réussi ma prestation comme je le voulais, c'est déjà une victoire en soi. Ce prix est tout bonus”, confiait la lauréate après avoir reçu son prix et le billet d'avion pour la métropole, offert par les sponsors.
Une larve recycleuse
Pour sa thèse, effectuée dans le cadre d'un partenariat public-privé, Jade Tetohu étudie une larve de mouche, celle de la mouche “soldat noir”, Hermetia Illucens de son nom savant. Cette larve a la particularité de pouvoir se nourrir de déchets organiques agro-alimentaires et à son tour servir d'apport alimentaire pour l'élevage. Elle ouvre donc des possibilités de recyclage organique de déchets qui n'ont pour l'instant pas de processus de traitement spécifiques, comme certains de l'élevage aquacole ou encore ceux des cantines. “A travers ma thèse”, explique Jade, “il y a l'objectif de transposer ça à une échelle industrielle et de transformer cette larve, en récupérer toutes les protéines, tous les lipides, pour les intégrer dans une formulation complète d'un aliment capable de nourrir des animaux d'élevage”.
Jade Tetohu a reçu, jeudi 24 mars dernier, le premier prix du jury pour le concours de “Ma thèse en 180 secondes”. Pour ce concours, chapeauté par le CNRS, les doctorants ont trois minutes pour vulgariser leur travail de thèse, avec une éloquence souvent teintée d'humour et convaincre de l'intérêt de ce travail. “Le format est particulier”, explique Jade, “il faut être en mesure de tout résumer en seulement trois minutes. C'est un exercice de synthèse, mais de vulgarisation aussi, pour que ce soit accessible à tout public, ce qui demande un vrai entraînement”. Les candidats sont coachés et encadrés par leur école doctorale.
Cette année, la performance drôle et maîtrisée de Jade qui s'était d'abord inscrite pour surmonter sa peur de la prise de parole en public et se préparer à la soutenance a convaincu le jury de la manche polynésienne. Elle va donc participer à la manche nationale, en France, en compagnie de Tonyo Toomaru qui a remporté, lui, le prix du public. “Avoir réussi ma prestation comme je le voulais, c'est déjà une victoire en soi. Ce prix est tout bonus”, confiait la lauréate après avoir reçu son prix et le billet d'avion pour la métropole, offert par les sponsors.
Une larve recycleuse
Pour sa thèse, effectuée dans le cadre d'un partenariat public-privé, Jade Tetohu étudie une larve de mouche, celle de la mouche “soldat noir”, Hermetia Illucens de son nom savant. Cette larve a la particularité de pouvoir se nourrir de déchets organiques agro-alimentaires et à son tour servir d'apport alimentaire pour l'élevage. Elle ouvre donc des possibilités de recyclage organique de déchets qui n'ont pour l'instant pas de processus de traitement spécifiques, comme certains de l'élevage aquacole ou encore ceux des cantines. “A travers ma thèse”, explique Jade, “il y a l'objectif de transposer ça à une échelle industrielle et de transformer cette larve, en récupérer toutes les protéines, tous les lipides, pour les intégrer dans une formulation complète d'un aliment capable de nourrir des animaux d'élevage”.
larves de mouches "soldat noir"
En circuit court
La société Technival, qui porte le projet sur son plan industriel, souhaite à terme installer ses capacités de transformation dans la zone bio-marine de Faratea, au plus proche des éleveurs de crevettes et des aquaculteurs. “Rien qu'au sein de cette zone, on peut faire un circuit de transformation des déchets. Avec la zone agricole de Taravao, qui pourrait utiliser l'aliment, on serait en circuit très court. L'idée c'est de se positionner au plus proche des zones potentielles de déchets, de les concentrer et de les valoriser”.
Originaire de Mahina et après être passée par le collège de Arue et le lycée Taaone, Jade a fait ses études supérieures à Strasbourg où elle a obtenu un master 2 d'ingénieure chimiste. “Je n'ai pas fait des études en entomologie [branche de la biologie qui étudie les insectes, ndlr]”. C'est en cherchant du travail pour revenir au fenua que Technival, société spécialisée dans le recyclage et le traitement des déchets, lui a soumis ce projet. “Au départ, je ne voulais pas faire une thèse”, relève la doctorante, “je voulais rentrer dans le monde du travail. Mais, après réflexion, ce projet correspondait bien à ce que je recherchais en revenant au fenua : travailler sur les thèmes de l'environnement, contribuer à régler les problématiques de déchets et d'énergie…” Elle s'est donc lancée dans l'aventure, sans regrets : “Je suis très contente du déroulement de ma thèse, le démarrage a été difficile. Pendant le confinement, je n'ai pas pu alimenter mes larves et je les ai perdues. J'ai mis du temps à relancer l'élevage. Heureusement, Arthur, un agent, m'a aidée, il travaillait déjà sur le projet et m'a transmis son savoir-faire”.
S'occuper de la nurserie
Hébergée dans le laboratoire d'entomologie de l'Institut Louis Malardé à Paea, Jade doit avant tout s'occuper de sa “nurserie” de larves : récolter les œufs de mouche, les faire croître directement sur les déchets, prélever les larves, les peser et les mesurer pour étudier leur croissance, évaluer leurs qualités nutritives, tout cela en fonction du type de déchet étudié, avant de recommencer pour le déchet suivant. Ses directeurs de thèse, Hervé Bossin, directeur du laboratoire d'entomologie de l'ILM et Gilles Le Moullac, de l'Ifremer, l'aident à établir ses protocoles d'expériences. “Il faut beaucoup répéter les manipulations pour que les résultats soient interprétables explique-t-elle, ces manipulations, c'est plutôt moi qui les fais, avec l'aide des stagiaires en master, parce que les protocoles établis avant sont clairs et fiables”. Il faut aussi, ensuite, rentrer les données récoltées dans une base numérique et analyser les résultats. La rédaction de ces analyses interviendra l'année prochaine, dernière étape de la thèse proprement dite, avant la soutenance.
En route pour la finale
Samedi 2 avril au soir, la doctorante décollera donc pour Paris pour participer à la demi-finale, à l'échelon national cette fois, avec un sentiment de fierté mêlé d'inquiétude : “D'un côté j'ai hâte, parce que je suis heureuse d'avoir l'opportunité d'aller à Paris [mais aussi] un peu stressée de devoir réitérer l'exercice. Le fait d'avoir gagné m'a donné un peu de confiance. Pour l'instant, avec les coaches on a modifié quelques détails de mon intervention, mais globalement ça reste la même”. 58 candidats s'affronteront vendredi 7 avril. Jade passera en 14e position. Les résultats seront communiqués le lendemain et les sélectionnés participeront à la finale francophone au Québec en juin. Jade tente, tant bien que mal, de rester imperméable à la pression : “Tout le monde me dit "tu vas aller au Québec, pour la finale”, mais moi je me concentre sur une étape à la fois, chaque chose en son temps, on verra bien”.
La manche polynésienne du concours “ma thèse en 180 secondes” est disponible en replay sur la chaîne YouTube de l'UPF
La société Technival, qui porte le projet sur son plan industriel, souhaite à terme installer ses capacités de transformation dans la zone bio-marine de Faratea, au plus proche des éleveurs de crevettes et des aquaculteurs. “Rien qu'au sein de cette zone, on peut faire un circuit de transformation des déchets. Avec la zone agricole de Taravao, qui pourrait utiliser l'aliment, on serait en circuit très court. L'idée c'est de se positionner au plus proche des zones potentielles de déchets, de les concentrer et de les valoriser”.
Originaire de Mahina et après être passée par le collège de Arue et le lycée Taaone, Jade a fait ses études supérieures à Strasbourg où elle a obtenu un master 2 d'ingénieure chimiste. “Je n'ai pas fait des études en entomologie [branche de la biologie qui étudie les insectes, ndlr]”. C'est en cherchant du travail pour revenir au fenua que Technival, société spécialisée dans le recyclage et le traitement des déchets, lui a soumis ce projet. “Au départ, je ne voulais pas faire une thèse”, relève la doctorante, “je voulais rentrer dans le monde du travail. Mais, après réflexion, ce projet correspondait bien à ce que je recherchais en revenant au fenua : travailler sur les thèmes de l'environnement, contribuer à régler les problématiques de déchets et d'énergie…” Elle s'est donc lancée dans l'aventure, sans regrets : “Je suis très contente du déroulement de ma thèse, le démarrage a été difficile. Pendant le confinement, je n'ai pas pu alimenter mes larves et je les ai perdues. J'ai mis du temps à relancer l'élevage. Heureusement, Arthur, un agent, m'a aidée, il travaillait déjà sur le projet et m'a transmis son savoir-faire”.
S'occuper de la nurserie
Hébergée dans le laboratoire d'entomologie de l'Institut Louis Malardé à Paea, Jade doit avant tout s'occuper de sa “nurserie” de larves : récolter les œufs de mouche, les faire croître directement sur les déchets, prélever les larves, les peser et les mesurer pour étudier leur croissance, évaluer leurs qualités nutritives, tout cela en fonction du type de déchet étudié, avant de recommencer pour le déchet suivant. Ses directeurs de thèse, Hervé Bossin, directeur du laboratoire d'entomologie de l'ILM et Gilles Le Moullac, de l'Ifremer, l'aident à établir ses protocoles d'expériences. “Il faut beaucoup répéter les manipulations pour que les résultats soient interprétables explique-t-elle, ces manipulations, c'est plutôt moi qui les fais, avec l'aide des stagiaires en master, parce que les protocoles établis avant sont clairs et fiables”. Il faut aussi, ensuite, rentrer les données récoltées dans une base numérique et analyser les résultats. La rédaction de ces analyses interviendra l'année prochaine, dernière étape de la thèse proprement dite, avant la soutenance.
En route pour la finale
Samedi 2 avril au soir, la doctorante décollera donc pour Paris pour participer à la demi-finale, à l'échelon national cette fois, avec un sentiment de fierté mêlé d'inquiétude : “D'un côté j'ai hâte, parce que je suis heureuse d'avoir l'opportunité d'aller à Paris [mais aussi] un peu stressée de devoir réitérer l'exercice. Le fait d'avoir gagné m'a donné un peu de confiance. Pour l'instant, avec les coaches on a modifié quelques détails de mon intervention, mais globalement ça reste la même”. 58 candidats s'affronteront vendredi 7 avril. Jade passera en 14e position. Les résultats seront communiqués le lendemain et les sélectionnés participeront à la finale francophone au Québec en juin. Jade tente, tant bien que mal, de rester imperméable à la pression : “Tout le monde me dit "tu vas aller au Québec, pour la finale”, mais moi je me concentre sur une étape à la fois, chaque chose en son temps, on verra bien”.
La manche polynésienne du concours “ma thèse en 180 secondes” est disponible en replay sur la chaîne YouTube de l'UPF