Tahiti, le 11 mars 2021 - Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, revient sur la gestion d’une année de crise sanitaire, avec ses surprises et ses enseignements. Globalement satisfait des actions du gouvernement, il met en garde contre une ouverture précipité des frontières.
Avant l’arrivée du premier cas, comment la Polynésie appréhendait-elle l’arrivée du virus et sur quoi pouvait-elle s’appuyer pour déployer une stratégie sanitaire ?
“On s’est appuyé sur l’expérience des pays qui avaient déjà connu l’infection. On se renseignait sur différents réseaux scientifiques et sur les recommandations faites au plan international. On avait des bribes de renseignements qui nous alimentaient au quotidien. C’est comme ça que l’on élabore une stratégie, soit d’évitement, soit en cas d’introduction pour organiser la prise en charge des personnes contaminées.”
La présence d’un expert de l’OMS tombait à point nommé.
“Bien sûr. Sean Casey était là pour d’autres raisons. Il s’est proposé de rester. Ensuite, nous avons eu le confinement qui empêchait les voyages. Il nous a bien aidés. C’est un expert des épidémies. Il avait notamment travaillé sur Ébola en Afrique, sur le cholera… Ça a été une précieuse collaboration. L’expérience en la matière est toujours pleine d’enseignements.”
Cela vous a permis d’avoir une longueur d’avance.
“Oui, on était peut-être plus préparé que d’autres pays qui ont vu arriver cette infestation rapidement –notamment en Europe– et qui ont eu plus de mal du fait de leur dimension, de leur population, à s’armer et à s’organiser.”
Après le confinement, était-ce judicieux de rouvrir les frontières et de ne pas maintenir la quatorzaine ?
“A l’époque, nous avions eu une première alerte (…), mais nous arrivions dans une période de rotation de personnels administratifs, de vacances et autres, il fallait bien trouver des solutions pour que cela puisse être possible. Les retours de personnes, avec la masse, on s’est trouvé avec des personnes contaminantes qui ont amené le virus et provoqué cette deuxième vague.”
“Au moment où on a ouvert, on pensait qu’avec les systèmes de surveillance mis en place, avec notamment les tests obligatoires, on serait en capacité de maitriser l’infestation. Je vous rappelle qu’à l’époque, nous avions contingenté un certain nombre de choses, notamment les rassemblements. C’est pourtant à l’occasion d’un rassemblement festif et non contrôlé que s’est propagé le virus. C’est vrai qu’avec l’expérience, compte tenu de ce que l’on sait et peut faire, on ne renouvellerait certainement pas cette opération de la même façon.”
De manière générale, quels enseignements peut-on aujourd’hui tirer de cette crise sanitaire ?
“Je pense que compte tenu des moyens dont nous disposions, il aurait été difficile de faire mieux parce que nous avons fait le maximum de ce que nous pouvions faire. A la fois en termes de contingentement de la circulation des populations, en termes de mesures barrières, en termes de couvre-feu, de fermeture, etc.”
La Polynésie a dû s’équiper en très peu de temps et faire des dépenses sanitaires imprévues. Ces investissements sont-ils en mesure de transformer l’offre de soins ?
“Bien sûr. Ce qui est acquis servira. Je pense notamment aux respirateurs. D’autres moyens thérapeutiques ont été acquis et serviront. Par ailleurs, nous avons la chance en Polynésie que les trois années qui ont précédé cette épidémie, ont été de très bonnes années sur le plan économique. Cela a permis de constituer des réserves financières qui ont été utiles pour financer ces achats et la logistique très importante à certains moments. Quand tout était fermé partout et qu’il a fallu aller chercher en Chine des appareillages spécialisés avec des avions spéciaux, on était en capacité de financer tout ça.”
A-t-on un chiffre sur le coût global du Covid ?
“L’épidémie n’est pas finie. A mon sens, il n’y a aucun intérêt à dire combien cela a coûté. On ne sait pas combien ça aura coûté à la sortie. Bien évidemment que nous ferons le point quand la pandémie sera finie. Lorsque le vaccin aura permis d’éliminer une grande partie de la transmission virale à l’échelle mondiale, nous pourrons faire un bilan.”
On commence à entendre parler d’une réouverture des frontières au mois de mai. Êtes-vous favorable, sachant que les variants n’auront toujours pas disparu ?
“La situation mondiale s’améliore de jour en jour, notamment grâce aux vaccinations. On a 80 millions de personnes vaccinées aux États-Unis. En Europe, la campagne avance aussi de façon importante… Je ne sais pas si on va rouvrir bientôt. Je ne pense pas que l’on doive rouvrir trop tôt. Mais si cela doit avoir lieu, la réouverture des frontières sera faite dans des conditions sanitaires et de protection de la population qui soient les plus performantes possible. Nous avons maintenant une grande expérience sur les tests avant embarquement, à l’arrivée, les éventuelles quarantaines de dix ou de sept jours. On ouvrira que quand on sera certains que le risque d’introduction du virus dans notre population sera maitrisable et limité. C’est ce sur quoi nous travaillons actuellement.”
Évoque-t-on la piste d’un “pass sanitaire” ?
“Il ne pourra être mis en place que lorsque suffisamment de personnes auront pu être vaccinées. Il faut attendre, mais c’est probablement ce sur quoi on se dirigera : un certificat de vaccination.”
Aujourd’hui, peut-on envisager un assouplissement du couvre-feu tant que les frontières sont fermées ?
“On peut, dans la situation actuelle. Personnellement, je suis partisan du couvre-feu le plus longtemps que la population l’acceptera. (…) Je laisse cela au haut-commissaire et au président. Ce sont eux qui règlent ces questions-là. Si on peut détendre, évidemment qu’on le fera. Tout le monde aspire à un retour à la vie normale. Cela n’empêche pas que nous devons rester prudents. Pour notre part, nous avons la responsabilité de maintenir la population dans un état de santé compatible avec une vie normale.”
Avant l’arrivée du premier cas, comment la Polynésie appréhendait-elle l’arrivée du virus et sur quoi pouvait-elle s’appuyer pour déployer une stratégie sanitaire ?
“On s’est appuyé sur l’expérience des pays qui avaient déjà connu l’infection. On se renseignait sur différents réseaux scientifiques et sur les recommandations faites au plan international. On avait des bribes de renseignements qui nous alimentaient au quotidien. C’est comme ça que l’on élabore une stratégie, soit d’évitement, soit en cas d’introduction pour organiser la prise en charge des personnes contaminées.”
La présence d’un expert de l’OMS tombait à point nommé.
“Bien sûr. Sean Casey était là pour d’autres raisons. Il s’est proposé de rester. Ensuite, nous avons eu le confinement qui empêchait les voyages. Il nous a bien aidés. C’est un expert des épidémies. Il avait notamment travaillé sur Ébola en Afrique, sur le cholera… Ça a été une précieuse collaboration. L’expérience en la matière est toujours pleine d’enseignements.”
Cela vous a permis d’avoir une longueur d’avance.
“Oui, on était peut-être plus préparé que d’autres pays qui ont vu arriver cette infestation rapidement –notamment en Europe– et qui ont eu plus de mal du fait de leur dimension, de leur population, à s’armer et à s’organiser.”
Après le confinement, était-ce judicieux de rouvrir les frontières et de ne pas maintenir la quatorzaine ?
“A l’époque, nous avions eu une première alerte (…), mais nous arrivions dans une période de rotation de personnels administratifs, de vacances et autres, il fallait bien trouver des solutions pour que cela puisse être possible. Les retours de personnes, avec la masse, on s’est trouvé avec des personnes contaminantes qui ont amené le virus et provoqué cette deuxième vague.”
“Je pense que compte tenu des moyens dont nous disposions, il aurait été difficile de faire mieux”Avec le recul, le risque de cette reprise épidémique ne justifiait-il pas le maintien de ces mesures ?
“Au moment où on a ouvert, on pensait qu’avec les systèmes de surveillance mis en place, avec notamment les tests obligatoires, on serait en capacité de maitriser l’infestation. Je vous rappelle qu’à l’époque, nous avions contingenté un certain nombre de choses, notamment les rassemblements. C’est pourtant à l’occasion d’un rassemblement festif et non contrôlé que s’est propagé le virus. C’est vrai qu’avec l’expérience, compte tenu de ce que l’on sait et peut faire, on ne renouvellerait certainement pas cette opération de la même façon.”
De manière générale, quels enseignements peut-on aujourd’hui tirer de cette crise sanitaire ?
“Je pense que compte tenu des moyens dont nous disposions, il aurait été difficile de faire mieux parce que nous avons fait le maximum de ce que nous pouvions faire. A la fois en termes de contingentement de la circulation des populations, en termes de mesures barrières, en termes de couvre-feu, de fermeture, etc.”
La Polynésie a dû s’équiper en très peu de temps et faire des dépenses sanitaires imprévues. Ces investissements sont-ils en mesure de transformer l’offre de soins ?
“Bien sûr. Ce qui est acquis servira. Je pense notamment aux respirateurs. D’autres moyens thérapeutiques ont été acquis et serviront. Par ailleurs, nous avons la chance en Polynésie que les trois années qui ont précédé cette épidémie, ont été de très bonnes années sur le plan économique. Cela a permis de constituer des réserves financières qui ont été utiles pour financer ces achats et la logistique très importante à certains moments. Quand tout était fermé partout et qu’il a fallu aller chercher en Chine des appareillages spécialisés avec des avions spéciaux, on était en capacité de financer tout ça.”
A-t-on un chiffre sur le coût global du Covid ?
“L’épidémie n’est pas finie. A mon sens, il n’y a aucun intérêt à dire combien cela a coûté. On ne sait pas combien ça aura coûté à la sortie. Bien évidemment que nous ferons le point quand la pandémie sera finie. Lorsque le vaccin aura permis d’éliminer une grande partie de la transmission virale à l’échelle mondiale, nous pourrons faire un bilan.”
“Nous avons la responsabilité de maintenir la population dans un état de santé compatible avec une vie normale”
On commence à entendre parler d’une réouverture des frontières au mois de mai. Êtes-vous favorable, sachant que les variants n’auront toujours pas disparu ?
“La situation mondiale s’améliore de jour en jour, notamment grâce aux vaccinations. On a 80 millions de personnes vaccinées aux États-Unis. En Europe, la campagne avance aussi de façon importante… Je ne sais pas si on va rouvrir bientôt. Je ne pense pas que l’on doive rouvrir trop tôt. Mais si cela doit avoir lieu, la réouverture des frontières sera faite dans des conditions sanitaires et de protection de la population qui soient les plus performantes possible. Nous avons maintenant une grande expérience sur les tests avant embarquement, à l’arrivée, les éventuelles quarantaines de dix ou de sept jours. On ouvrira que quand on sera certains que le risque d’introduction du virus dans notre population sera maitrisable et limité. C’est ce sur quoi nous travaillons actuellement.”
Évoque-t-on la piste d’un “pass sanitaire” ?
“Il ne pourra être mis en place que lorsque suffisamment de personnes auront pu être vaccinées. Il faut attendre, mais c’est probablement ce sur quoi on se dirigera : un certificat de vaccination.”
Aujourd’hui, peut-on envisager un assouplissement du couvre-feu tant que les frontières sont fermées ?
“On peut, dans la situation actuelle. Personnellement, je suis partisan du couvre-feu le plus longtemps que la population l’acceptera. (…) Je laisse cela au haut-commissaire et au président. Ce sont eux qui règlent ces questions-là. Si on peut détendre, évidemment qu’on le fera. Tout le monde aspire à un retour à la vie normale. Cela n’empêche pas que nous devons rester prudents. Pour notre part, nous avons la responsabilité de maintenir la population dans un état de santé compatible avec une vie normale.”