Tahiti Infos

Jacob Luamanuvae : l’animation 3 D au service des super-productions


Cette année, le FIFO a invité un spécialiste international de l’animation 3D, Jacob Luamanuvae. Originaire des îles Samoa, il a commencé par imaginer des petits dessins pour finir sur les plus grandes super-productions mondiales, tels que Avatar ou Le seigneur des anneaux. Parcours d’un polynésien fier d’appartenir à la grande famille du Moana Nui O Kiua (que l'on appelle en Polynésie Te moana nui o Hiva ).

A 40 ans, le samoan Jacob Luamanuvae est l’un des plus grands animateurs 3D de la planète, mais il ne le dit jamais. Il préfère laisser le public juger de la qualité de son travail. Travailleur acharné depuis de nombreuses années, un tempérament qu’il cultive depuis son enfance dans sa petite chambre, à Invercargill, ville du Sud de la Nouvelle-Zélande. « A cette époque-là, j’étais scotché devant la télé ou alors dès qu’on pouvait, on allait au cinéma pour voir les grands films de Georges Lucas ou Steven Spielberg. Croyez-bien que jamais j’aurais pensé que je côtoierais les plus grands réalisateurs de ce monde, en étant là-bas chez moi. »

La passion pour le cinéma a finalement pris le dessus

A l'école, le jeune Jacob était déjà attiré vers le dessin, l'illustration et tout ce qui touchait de près ou de loin à l'informatique. Dès lors qu'il prenait un crayon, son imagination fertile le transportait assurément dans le monde du rêve où tout pouvait exister. Il lui aura fallu rassembler tout son courage, tout en étant très décidé, pour annoncer à ses parents que son choix était fait. Et comme il l'aura confié à une rédactrice du comité organisateur du FIFO 2014 : "...après deux années gâchées en psychologie à Canterbury, je me suis finalement décidé à amener mon père à une exposition d’art pour lui prouver que l’on pouvait aussi avoir une bonne situation, voire gagner autant d’argent qu’un médecin, dans le monde de l’art. Ça l’a convaincu. J’ai donc quitté la fac avec sa bénédiction."

A force de persévérance, il a réussi au bout de deux ans de nuits blanches, à se former en autodidacte sur les logiciels d’animation. « Mes débuts furent fastidieux car il me fallait tout apprendre, à commencer par utiliser un ordinateur ! » a-t-il concédé en s’esclaffant. Bien que ses parents lui prédestinaient un avenir de fonctionnaire, lui , a préféré prendre les voies du « futur iréel », c’est-à-dire la 3 D.

Dès lors, dans les années 90, il a franchi toutes les étapes : illustration, communication visuelle pour le compte de sociétés publicitaires ou de clients privés, il s’est même intéressé à la sculpture. Le fait d’avoir créé sa petite société « Giant Squid » l’a amené à habiter à Auckland puisque la plupart de ses clients s’y trouvaient. Un peu plus tard, il s’est retrouvé à Wellington où il a commencé à concevoir des spots publicitaires pour la télévision.

En 2000, un évènement a marqué un grand tournant dans sa carrière de modélisateur 3D (il ne pratiquait pas encore l’animation 3 D mais prenait des cours du soir pour atteindre cet objectif), à savoir la sortie du Seigneur des Anneaux du réalisateur kiwi Peter Jackson. C’est à ce moment que Jacob a intégré une petite société de réalisation de séries d’animations sur les légendes māories. Le jeune illustrateur a alors décidé de continuer, mais cette fois-ci, dans le domaine de l'animation 3 D, une suite logique puisqu'ayant une solide expérience déjà dans la modélisation.

Après quelques années de pratique, il a fini par être recruté dans l'équipe de Peter Jackson, réalisateur du Seigneur des Anneaux. Une référence pour la suite de sa carrière jusqu’à l’animation des visages du film d'animation «Tintin et le secret de la licorne » de Spielberg, ou encore de « Happy Feet », le manchot empereur qui danse comme un Dieu mais chante comme une casserole et l’une des plus grandes œuvres cinématographique de tous les temps, Avatar de James Cameron.

Jacob Luamanuvae travaille toujours depuis Wellington, en Nouvelle-Zélande, pour James Cameron, Peter Jackson et Steven Spielberg, les Dieux de l’Olympe cinématographique. Malgré tout, il cultive l’espoir de réaliser son propre métrage (court ou long) dont les thèmes seront puisés dans la culture polynésienne. Et avant de conclure, il a tenu à adresser un message d'encouragement et d'espoir à tous les jeunes polynésiens qui envisageraient de se lancer dans la voie de l'animation 3 D :"Soyez passionnés et unissez-vous car, comme dans tous les fils où j'ai oeuvré, il est primordial de respecter l'idée d'un client, mais tout en ayant votre style et votre personnalité. Cependant, c'est tout ce mélange qui fait que ça fonctionne toujours. LE chemin est long, mais ceux qui y parviennent seront récompensés. C'est un vrai métier d'avenir." Et de notre côté, on ne peut que souhaiter bon courage à ce grand « toa » polynésien.

TP

Rédigé par TP le Jeudi 6 Février 2014 à 14:46 | Lu 411 fois