Isabelle Sachet : "C’est une décision déchirante, mais je fais ça pour mon pays"


PAPEETE, 2 décembre 2015 - Isabelle Sachet a démissionné du Tahoera'a pour rejoindre, mardi, le groupe Tapura Huiraatira à l'Assemblée. Précieux renfort que cette 28e voix en faveur de l'action du gouvernement, à Tarahoi, à une semaine du vote du budget primitif 2016. L'élue de la 3e section électorale des îles du Vent nous explique ce qui l'a conduite à prendre cette décision.

Qu’est-ce qui motive la démarche qui vous conduit à rejoindre le groupe Tapura Huiraatira ?

Isabelle Sachet : Ma démarche a commencé depuis plusieurs mois, depuis que le Président Edouard Fritch a été élu. Le Président Flosse l’avait choisi. Il nous avait dit que c’était le seul capable de le remplacer, de lui succéder ; il voyait en lui une personne de confiance ; que président de l’Assemblée il avait travaillé dans l’intérêt général. (…) Vous connaissez la suite. Pendant des mois j’ai fait mon possible pour réconcilier nos deux leaders, sans résultat. (…) Il y a deux ans, lorsque le président Flosse m’a approché pour être sur la liste Tahoera’a, j’ai dit oui, pour le Pays. Aujourd’hui, c’est le Président Edouard Fritch qui dirige et je me dois de le soutenir. D’autant que lorsque nous avons décidé d'élire Édouard Fritch Président, en septembre 2014. Comme tous les élus Tahoera'a, je lui avais assuré que nous le soutiendrions. Je souhaite honorer ma parole.

Elue sur la liste Tahoera’a en mai 2013, n’avez-vous pas le sentiment de trahir l’engagement qui vous vaut d’être représentante aujourd’hui ?

Isabelle Sachet : Pour moi, par fidélité à cet engagement, nous n’aurions jamais dû être scindés en deux groupes puisque 62000 électeurs ont choisi d’élire une majorité de 38. Aujourd’hui, tout cela nous dépasse. Il me semble que je n’ai pas à porter cela sur mes épaules. De nombreux électeurs me demandent de rejoindre Edouard pour le Pays. Je m’engage pour le bien commun, pour l’intérêt général. Je n’ai rien à gagner de cette démarche sinon aider à remonter le Pays le Président pour lequel nous avons voté, à la demande de Gaston Flosse.

Des bruits courent disant que votre choix serait lié aux intérêts de votre époux, M. Sachet, et à la situation économique de son entreprise.

Isabelle Sachet : Merci de me poser cette question. J’estime que c’est un coup très bas. Mon mari ne m’a jamais mis la pression pour que je rejoigne Edouard Fritch. C’est un homme sincère, intègre, qui a toujours dirigé avec prévoyance sa petite entreprise de travaux en bâtiment, en bon père de famille. Je peux vous dire que depuis 10 ans que nous galérons, il n’a jamais licencié personne. Aller dire aujourd’hui que mon mari a « les deux pieds dans l’eau » c’est faux ! Je pense que c’est une manière détournée pour occulter les vraies raisons de mon départ.

Après Jacques Raioha, Rudolph Jordan, qui ont démissionné pour revenir tout de suite au Tahoera’a, vous, ce sera un aller sans retour ?

Isabelle Sachet : Ce sera un aller sans retour mais j’espère toujours que nous parviendrons à travailler ensemble. Ca fait des mois que je réfléchis à ma situation. Le mois dernier je l’ai exposé à mon groupe, devant le président du parti. J’y ai bien réfléchi. Je peux vous dire que c’est douloureux pour moi. Le Tahoera’a, c’est ma famille politique depuis l’âge de 20 ans. J’ai toujours suivi le président Flosse. Je l’ai soutenu lorsqu’il était au plus bas, parce que je respecte la personne. Je sais qu’aujourd’hui il souffre de mon départ. J’en souffre beaucoup aussi. C’est une décision déchirante ; mais je fais ça pour mon Pays. Gaston Flosse aura toujours une grande place dans mon cœur.

Certains observateurs estiment aussi que vous restiez au Tahoera’a par égard pour votre maman qui est très proche de Gaston Flosse.

Isabelle Sachet : Oui, clairement. Nous sommes une famille Tahoera’a depuis de nombreuses années. Je savais que j’allais lui faire de la peine. Je lui ai demandé son avis, je lui ai confié mon mal-être. Elle a compris. Mais ce n’est pas tant elle que moi : je n’étais pas prête à quitter ce parti qui est toute ma vie. Aujourd’hui, elle a accepté. Elle m’a dit « Tu fais ce que tu as à faire ». Mais je sais qu’elle souffre. Je voudrais lui dire que je l’aime très fort. De savoir qu’elle souffre, ça me fait beaucoup de peine.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 2 Décembre 2015 à 13:54 | Lu 5002 fois