Lyon, France | AFP | vendredi 14/06/2018 - Rénovations à grands frais, expériences immersives et hébergements insolites: les zoos ne cessent d'innover pour conquérir et fidéliser de nouveaux visiteurs, sous peine de péricliter.
"Les parcs qui n'auraient pas investi ces 20 dernières années seraient sortis du marché", affirme Arnaud Bennet, PDG du parc animalier et parc d'attraction bourbonnais du Pal (Allier).
Face à l'évolution des mentalités, les zoos ont fait peau neuve. Fini les cages à l'ancienne: fauves, girafes et autres primates vivent désormais dans des enclos plus vastes, plus végétalisés, et le béton se fait plus discret.
"Aujourd'hui on a changé de philosophie, c'est la fin de la +collectionnite+. Le but est de tendre vers le bien-être animal. C'est même devenu incontournable", souligne Cécile Erny, directrice de l'Association française des parcs zoologiques (AFdPZ).
Changement de discours, aussi. Les responsables de parcs mettent désormais en avant leur "rôle actif" dans la "sauvegarde de la biodiversité" via des programmes de conservation à travers le monde.
Un argument qui fait grincer des dents les anti-zoos. "C'est une goutte d'eau dans l'océan", estime Franck Schrafstetter, président de l'association Code animal. "Les vitres ont remplacé les barreaux mais les animaux restent toujours captifs dans des surfaces ridicules qui ne correspondent par à leurs besoins primaires. Une espèce hors de son espace n'est que l'ombre d'elle-même."
"Remettre en liberté des animaux nés en parcs, hors cadre de protocole de réintroduction, serait les condamner à mort dans les 48 heures", rétorque Cécile Erny. - Fréquentation record - "Que les mauvais zoos disparaissent est une bonne chose ! Les autres restent légitimes du fait de leur mission de conservation. Leur intérêt pédagogique est bien réel", fait valoir la porte-parole de l'AFdPZ qui rassemble 95 structures.
Et de souligner leur participation à des programmes de réintroduction de certaines espèces (ibis chauve, tamarin lion doré) ou à des plans nationaux d'action (cistude et loutre d'Europe, gypaète barbu...), les efforts entrepris pour que les animaux retrouvent leurs comportements naturels.
Avec 20 millions de visiteurs par an en France, 280 millions en Europe et 800 millions dans le monde, l'intérêt pour les zoos reste intact.
"Les parcs animaliers n'ont jamais été autant visités en France", souligne Rodolphe Delord, directeur du zoo de Beauval (Loir-et-Cher); champion de France en termes de fréquentation, dopé par la "pandamania" après la naissance de Yuan Meng qui a attiré 1,45 million de personnes en 2017, soit 100.000 de plus qu'en 2016.
"Aujourd'hui, la contestation des zoos est quasi inexistante. Elle reviendra peut-être car l'éthologie actuelle fait de plus en plus de découvertes, qui passent dans le grand public et deviennent une grille d'exigence des visiteurs", estime l'historien spécialiste des relations hommes-animaux, Éric Baratay, rappelant qu'une "très forte contestation" dans les années 1960-1970 avait entraîné la fermeture de parcs obsolètes.
Soumis à la "pression du public qui veut de la nouveauté", les parcs se sont lancés depuis les années 1980 "dans une course à l'investissement car ils savent très bien que c'est leur survie qui est en jeu", souligne-t-il.
Objectif: "répondre à un besoin de reconnexion à la nature" et "susciter la revisite en fidélisant au moins 70%" de la clientèle, essentiellement régionale, selon Arnaud Bennet, qui préside aussi le Syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels (SNELAC).
Faute de pouvoir repousser leurs murs, les zoos des villes misent sur la mixité des plus petites espèces. Après avoir créé en 2006 une "plaine africaine" sur près de trois hectares, le Parc de la Tête d'Or à Lyon prévoit ainsi pour 2020 une "forêt d'Asie" qui plongera les visiteurs au milieu des tapirs, gibbons et autres pythons verts.
Le zoo de Lille a lui choisi de mettre fin à sa gratuité, en mai 2017, après un million d'euros de travaux en deux ans pour améliorer les conditions de vie de sa centaine d'espèces. Revers de la médaille, une baisse de fréquentation en 2017 avec 465.000 curieux, contre 683.000 l'année précédente.
- "Parcs d'attractions" -
La tendance est aussi à la "scénarisation" et aux "sensations fortes", détaille le PDG du Pal, qui a installé l'an dernier 22 alligators dans un espace simulant un parc abandonné après le passage d'un ouragan dans le bayou du Mississippi.
Soigneurs d'un jour, festival de musique, semi-marathon, tyrolienne au-dessus des lions: autant d'activités, parfois "immersives", qui allongent la durée de la visite et favorisent le développement d'hôtels et d'hébergements insolites au cœur même des parcs.
On peut ainsi dormir nez à nez avec des ours polaires au zoo de la Flèche (Sarthe), au milieu d'une meute de loups au parc animalier de Sainte Croix (Lorraine) ou sur une passerelle au-dessus des panthères des neiges à Ardes-sur-Couze (Puy-de-Dôme).
Des structures transformées en véritables "parcs d'attractions", selon le cabinet spécialisé Protourisme. "En concurrence avec Disneyland, le Puy du Fou et le Futuroscope", elles se doivent aussi d'investir "massivement" dans l'innovation et la diversification, explique son président Didier Arino.
Des montants parfois colossaux: Beauval prévoit d'engager 50 millions d'euros d'ici 2020 dans une télécabine pour relier ses extrémités, ainsi que dans une serre tropicale de 38 mètres de haut; Sainte-Croix construit actuellement sur 8,5 hectares un "Nouveau monde", consacré aux grands espaces nord-américains, pour 15 millions d'euros...
Au point d'être sous perfusion bancaire: les zoos sont aujourd'hui endettés "entre 50 et 100%" de leur chiffre d'affaires, selon M. Arino.
D'où la nécessité d'un "développement raisonné", prévient Pierre Caillé, directeur général du zoo de La Palmyre (Charentes-Maritimes). Car dans cette course à l'investissement, gare à "la théorie du vélo: tant qu'on pédale ça va, mais quand l'allure ralentit, on tombe."
"Les parcs qui n'auraient pas investi ces 20 dernières années seraient sortis du marché", affirme Arnaud Bennet, PDG du parc animalier et parc d'attraction bourbonnais du Pal (Allier).
Face à l'évolution des mentalités, les zoos ont fait peau neuve. Fini les cages à l'ancienne: fauves, girafes et autres primates vivent désormais dans des enclos plus vastes, plus végétalisés, et le béton se fait plus discret.
"Aujourd'hui on a changé de philosophie, c'est la fin de la +collectionnite+. Le but est de tendre vers le bien-être animal. C'est même devenu incontournable", souligne Cécile Erny, directrice de l'Association française des parcs zoologiques (AFdPZ).
Changement de discours, aussi. Les responsables de parcs mettent désormais en avant leur "rôle actif" dans la "sauvegarde de la biodiversité" via des programmes de conservation à travers le monde.
Un argument qui fait grincer des dents les anti-zoos. "C'est une goutte d'eau dans l'océan", estime Franck Schrafstetter, président de l'association Code animal. "Les vitres ont remplacé les barreaux mais les animaux restent toujours captifs dans des surfaces ridicules qui ne correspondent par à leurs besoins primaires. Une espèce hors de son espace n'est que l'ombre d'elle-même."
"Remettre en liberté des animaux nés en parcs, hors cadre de protocole de réintroduction, serait les condamner à mort dans les 48 heures", rétorque Cécile Erny. - Fréquentation record - "Que les mauvais zoos disparaissent est une bonne chose ! Les autres restent légitimes du fait de leur mission de conservation. Leur intérêt pédagogique est bien réel", fait valoir la porte-parole de l'AFdPZ qui rassemble 95 structures.
Et de souligner leur participation à des programmes de réintroduction de certaines espèces (ibis chauve, tamarin lion doré) ou à des plans nationaux d'action (cistude et loutre d'Europe, gypaète barbu...), les efforts entrepris pour que les animaux retrouvent leurs comportements naturels.
Avec 20 millions de visiteurs par an en France, 280 millions en Europe et 800 millions dans le monde, l'intérêt pour les zoos reste intact.
"Les parcs animaliers n'ont jamais été autant visités en France", souligne Rodolphe Delord, directeur du zoo de Beauval (Loir-et-Cher); champion de France en termes de fréquentation, dopé par la "pandamania" après la naissance de Yuan Meng qui a attiré 1,45 million de personnes en 2017, soit 100.000 de plus qu'en 2016.
"Aujourd'hui, la contestation des zoos est quasi inexistante. Elle reviendra peut-être car l'éthologie actuelle fait de plus en plus de découvertes, qui passent dans le grand public et deviennent une grille d'exigence des visiteurs", estime l'historien spécialiste des relations hommes-animaux, Éric Baratay, rappelant qu'une "très forte contestation" dans les années 1960-1970 avait entraîné la fermeture de parcs obsolètes.
Soumis à la "pression du public qui veut de la nouveauté", les parcs se sont lancés depuis les années 1980 "dans une course à l'investissement car ils savent très bien que c'est leur survie qui est en jeu", souligne-t-il.
Objectif: "répondre à un besoin de reconnexion à la nature" et "susciter la revisite en fidélisant au moins 70%" de la clientèle, essentiellement régionale, selon Arnaud Bennet, qui préside aussi le Syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels (SNELAC).
Faute de pouvoir repousser leurs murs, les zoos des villes misent sur la mixité des plus petites espèces. Après avoir créé en 2006 une "plaine africaine" sur près de trois hectares, le Parc de la Tête d'Or à Lyon prévoit ainsi pour 2020 une "forêt d'Asie" qui plongera les visiteurs au milieu des tapirs, gibbons et autres pythons verts.
Le zoo de Lille a lui choisi de mettre fin à sa gratuité, en mai 2017, après un million d'euros de travaux en deux ans pour améliorer les conditions de vie de sa centaine d'espèces. Revers de la médaille, une baisse de fréquentation en 2017 avec 465.000 curieux, contre 683.000 l'année précédente.
- "Parcs d'attractions" -
La tendance est aussi à la "scénarisation" et aux "sensations fortes", détaille le PDG du Pal, qui a installé l'an dernier 22 alligators dans un espace simulant un parc abandonné après le passage d'un ouragan dans le bayou du Mississippi.
Soigneurs d'un jour, festival de musique, semi-marathon, tyrolienne au-dessus des lions: autant d'activités, parfois "immersives", qui allongent la durée de la visite et favorisent le développement d'hôtels et d'hébergements insolites au cœur même des parcs.
On peut ainsi dormir nez à nez avec des ours polaires au zoo de la Flèche (Sarthe), au milieu d'une meute de loups au parc animalier de Sainte Croix (Lorraine) ou sur une passerelle au-dessus des panthères des neiges à Ardes-sur-Couze (Puy-de-Dôme).
Des structures transformées en véritables "parcs d'attractions", selon le cabinet spécialisé Protourisme. "En concurrence avec Disneyland, le Puy du Fou et le Futuroscope", elles se doivent aussi d'investir "massivement" dans l'innovation et la diversification, explique son président Didier Arino.
Des montants parfois colossaux: Beauval prévoit d'engager 50 millions d'euros d'ici 2020 dans une télécabine pour relier ses extrémités, ainsi que dans une serre tropicale de 38 mètres de haut; Sainte-Croix construit actuellement sur 8,5 hectares un "Nouveau monde", consacré aux grands espaces nord-américains, pour 15 millions d'euros...
Au point d'être sous perfusion bancaire: les zoos sont aujourd'hui endettés "entre 50 et 100%" de leur chiffre d'affaires, selon M. Arino.
D'où la nécessité d'un "développement raisonné", prévient Pierre Caillé, directeur général du zoo de La Palmyre (Charentes-Maritimes). Car dans cette course à l'investissement, gare à "la théorie du vélo: tant qu'on pédale ça va, mais quand l'allure ralentit, on tombe."