Interview de Smaïn : "Mon quotidien est un vivier d’anecdotes"


Smain a commencé sa carrière, à l'âge de 22 ans, dans les cabarets parisiens, avant d'être repéré par Philippe Bouvard.
PAPEETE, le 18 janvier 2017 - L'humoriste français jouera son spectacle "Mon meilleur show men" au Grand théâtre, les 27 et 28 janvier prochains, une sélection de ses meilleurs sketches, agrémentée de nombreux clins d'œil sur la Polynésie. Avant son arrivée au fenua, il se confie à Tahiti Infos et revient sur sa carrière débutée en 1980.

Pourquoi avoir choisi de faire de l'humour votre métier ?
Je pense qu'il y a des facteurs de prédisposition qui vous sont révélés assez vite par votre entourage ; faire rire vos camarades par exemple… Puis lorsque vous faites de cette qualité, une maîtrise, cela vous donne encore plus de confiance. Mes débuts dans les cabarets de Paris, dans les années 80, ont été aussi très formateurs. Ensuite, le travail d’écriture, la mise en forme des sujets et votre jeu vous rendent accompli.

C'est votre façon aussi d'aborder des sujets difficiles, voire "tabu" ?
Je traite en général des sujets qui me touchent. Par ailleurs, mon regard sur le quotidien est essentiel, c'est un vivier d’anecdotes qui me permet de développer mes sketches.

Quels sont les événements les plus marquants de votre carrière ?
Je pense que c’est ma première apparition à la télé. Je rêvais mon métier, alors lorsque je suis passé pour la première fois dans cette petite lucarne, j'ai réalisé enfin que j’avais cassé le miroir et que j’étais vu par le maximum de public.

Vos meilleurs souvenirs sur scène (ou ailleurs) ?
C’est lorsque, attendant dans ma loge, j’ai entendu les spectateurs présents dans la salle applaudirent à tout rompre. On m’a annoncé plus tard que Michèle Morgan était assise en compagnie de Gérard Oury.

Et les pires ?
Je pense que le pire souvenir est le soir ou j’ai dû baisser le rideau en raison d’une énorme fatigue. Les spectateurs sont repartis sans avoir assisté à mon show. Une désolation qui m'a miné pendant toute une journée… Mais le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, j’ai repris le chemin du succès.

Des anecdotes ?
L’ouverture du rideau de la salle mythique qu’est l’Olympia à Paris ! En général, dans les autres théâtres, le rideau s’ouvrait assez vite et là, j’étais dans une salle tellement grande que l’ouverture du rideau m'a paru si longue que je devinais subitement que j’étais devant 2 000 spectateurs…

Spectacles humoristiques, théâtre, cinéma, télévision, et même mise en scène et production... Vous touchez à tout, mais quel est votre mode d'expression de prédilection finalement ?
Tous les modes d’expression sont bons pour communiquer. Les outils sont nombreux, mais le but est le même. J’aime aborder toutes les expériences qui nous ramènent à la maîtrise de notre art.

Les sketches de son "Meilleur show men" passent en revue "l’adoption", "un rendez-vous chez un psy", "le mariage mixte"…
"Le racisme est une mauvaise colère due aux amalgames"

Vous dénoncez le racisme quotidien dans vos spectacles, c'est encore un sujet qui vous tient autant à cœur et toujours d'actualité ?
Oui bien sûr, en tant que fils d’immigrés, j’ai dû réaliser très vite qu’il fallait que je trouve ma place dans la société française. Le rire a été pour moi l’unique moyen pour imposer cette différence. Cela a été une chance. Mais l’accomplissement de tous ces enfants de la seconde génération qui ont aussi réussi dans d’autres domaines sont également des vainqueurs, ne l’oublions pas.

À peine élue, Miss France 2017 a été justement victime de propos racistes... Qu'en pensez-vous ?
Je suis bien évidemment scandalisé par ces propos tenus à l’égard de notre nouvelle Miss France. Le racisme est une mauvaise colère due aux amalgames. Le manque de connaissances est aussi pour certains politiques le moyen d’activer leur dessein national…

Peut-on rire de tout selon vous ?
Oui ! On peut rire de tout, mais pas n’importe qui.

Qu'attendez-vous de votre séjour en Polynésie ?
Des rencontres avant tout, comme à chacun de mes voyages. Le monde est vaste, et ma curiosité l’est tout autant.

Qu'allez-vous réserver au public local dans votre "show live" ?
Je ne peux échapper à mes sketches qui ont ravi toute une génération. Mais je vais aussi avoir le plaisir de vous en présenter de nouveaux.

Vos prochains projets ?

Je viens d’enregistrer un album aux côtés de Michel Legrand : un rêve de plus qui s’ajoute à la chance inouïe de mes belles rencontres. Et puis, sans oublier que, depuis quelques années, j’écris des contes musicaux pour orchestre philarmonique, en passant par la mise en scène et des projets de théâtre. Voyez, rien ne m’arrête, car la curiosité est pour moi un très joli défaut.

Un message pour les Polynésiens ?
Vous ne réalisez pas la chance de vivre dans une contrée féerique. Que vous êtes dans les îles comme des anges au paradis. Le soleil de chaque jour illumine vos sourires, profitez-en, car, ici en métropole, le ciel est bien sombre parfois. Je suis heureux de revenir vers vous !


Infos pratiques

Vendredi 27 et samedi 28 janvier, à 19h30
Grand théâtre de la Maison de la culture
Tarifs : à partir de 2 500 Fcfp
Billets en vente à Carrefour Punaauia, Faa'a & Arue, Radio 1 et en ligne sur www.radio1.pf ou ticket-pacific.pf

Dix places à gagner

Jouez avec Tahiti Infos et gagnez votre billet pour le one-man-show de Smain. Rendez-vous sur notre page Facebook : dix places seront offertes aux internautes.

Rédigé par Dominique Schmitt le Mercredi 18 Janvier 2017 à 08:30 | Lu 1308 fois