Anselmo Cunha / AFP
Rio de Janeiro, Brésil | AFP | jeudi 16/05/2024 - Porto Alegre, métropole durement frappée par les inondations qui ont dévasté le sud du Brésil, était dotée d'un vaste système de protection qui a donné à la population "un faux sentiment de sécurité", affirme l'ingénieur Leomar Teichmann.
Ce dispositif longeant le fleuve était censé protéger 40% de la ville, explique à l'AFP ce consultant en ingénierie et ex-directeur adjoint du service des eaux et des égouts de Porto Alegre, capitale de l'Etat du Rio Grande do Sul de 1,4 million d'habitants bordée par le Guaiba et ses affluents.
Survenue début mai, la pire catastrophe climatique de l'histoire de cet Etat a fait quelque 150 morts et plus d'une centaine de disparus en raison de pluies torrentielles qui ont gonflé les fleuves. Environ 600.000 personnes ont dû quitter leur domicile.
QUESTION : En quoi consiste le dispositif contre les inondations construit à Porto Alegre?
REPONSE : "Le système a été conçu après l'inondation de 1967 et construit dans les années 1970. Il comprend environ 65 kilomètres de digues et un mur en béton de 2.670 mètres, la jetée de Maua, ainsi que 14 vannes et 22 stations de pompage des eaux pluviales.
Il s'agissait d'un système simple qui semblait fonctionnel, puisqu'il garantissait la protection de la partie urbanisée de Porto Alegre.
Cependant, il n'a jamais été testé en pratique jusqu'en novembre 2023, car ce n'est qu'à cette occasion que le niveau de la rivière Jacui a dépassé 3 mètres, qui est le niveau de la jetée de Maua. En d'autres termes, le système est resté 51 ans sans que l'eau de la rivière Jacui ne touche le mur".
Q : Comment se fait-il que le dispositif n'ait pas protégé la ville?
R : "La vanne n°14 a été déformée par la forte pression de l'eau et a commencé à larguer un grand volume d'eau à une grande vitesse. La quantité d'eau était si importante que les stations de pompage voisines ont été rapidement inondées, ce qui a entraîné l'arrêt des pompes.
L'inondation causée par la défaillance de la vanne a été si rapide que toute la région a été inondée en quelques heures. Cette inondation a fini par provoquer une coupure d'électricité dans les zones atteintes par l'eau et, par conséquent, toutes les stations de pompage situées au nord du Gazomètre (une ancienne centrale électrique devenue point de repère dans la ville, ndlr) ont cessé de fonctionner.
Il y a eu plusieurs échecs successifs.
Q : Quelles conséquences ont eu ces défaillances?
R : "En 2019 j'avais dit que le système de protection installé à Porto Alegre donnait à la population un faux sentiment de sécurité et de sûreté, car il n'y avait aucun moyen de contenir l'eau en cas de défaillance de l'un des éléments qui composent ce système.
C'est un système ancien, comportant de nombreux points sujets à des défaillances et nécessitant des investissements importants en termes de fonctionnement et de maintenance.
On parle beaucoup de Porto Alegre, mais ce même type de système a été construit à Canoas, Sao Leopoldo et Novo Hamburgo, et dans ces villes (du Rio Grande do Sul) également le dispositif a été dépassé par le niveau de l'eau.
Dans toutes ces villes, l'eau a envahi très rapidement les zones qui auraient dû être protégées et a causé des tragédies plus importantes que si le système n'avait pas existé. Je ne dis pas que les digues sont inutiles, mais avec une inondation de cette ampleur, lorsque les digues ont été franchies par l'eau, la vitesse à laquelle l'eau est passée au-dessus d'elles a été beaucoup plus grande que si les digues n'avaient pas existé".
Ce dispositif longeant le fleuve était censé protéger 40% de la ville, explique à l'AFP ce consultant en ingénierie et ex-directeur adjoint du service des eaux et des égouts de Porto Alegre, capitale de l'Etat du Rio Grande do Sul de 1,4 million d'habitants bordée par le Guaiba et ses affluents.
Survenue début mai, la pire catastrophe climatique de l'histoire de cet Etat a fait quelque 150 morts et plus d'une centaine de disparus en raison de pluies torrentielles qui ont gonflé les fleuves. Environ 600.000 personnes ont dû quitter leur domicile.
QUESTION : En quoi consiste le dispositif contre les inondations construit à Porto Alegre?
REPONSE : "Le système a été conçu après l'inondation de 1967 et construit dans les années 1970. Il comprend environ 65 kilomètres de digues et un mur en béton de 2.670 mètres, la jetée de Maua, ainsi que 14 vannes et 22 stations de pompage des eaux pluviales.
Il s'agissait d'un système simple qui semblait fonctionnel, puisqu'il garantissait la protection de la partie urbanisée de Porto Alegre.
Cependant, il n'a jamais été testé en pratique jusqu'en novembre 2023, car ce n'est qu'à cette occasion que le niveau de la rivière Jacui a dépassé 3 mètres, qui est le niveau de la jetée de Maua. En d'autres termes, le système est resté 51 ans sans que l'eau de la rivière Jacui ne touche le mur".
Q : Comment se fait-il que le dispositif n'ait pas protégé la ville?
R : "La vanne n°14 a été déformée par la forte pression de l'eau et a commencé à larguer un grand volume d'eau à une grande vitesse. La quantité d'eau était si importante que les stations de pompage voisines ont été rapidement inondées, ce qui a entraîné l'arrêt des pompes.
L'inondation causée par la défaillance de la vanne a été si rapide que toute la région a été inondée en quelques heures. Cette inondation a fini par provoquer une coupure d'électricité dans les zones atteintes par l'eau et, par conséquent, toutes les stations de pompage situées au nord du Gazomètre (une ancienne centrale électrique devenue point de repère dans la ville, ndlr) ont cessé de fonctionner.
Il y a eu plusieurs échecs successifs.
Q : Quelles conséquences ont eu ces défaillances?
R : "En 2019 j'avais dit que le système de protection installé à Porto Alegre donnait à la population un faux sentiment de sécurité et de sûreté, car il n'y avait aucun moyen de contenir l'eau en cas de défaillance de l'un des éléments qui composent ce système.
C'est un système ancien, comportant de nombreux points sujets à des défaillances et nécessitant des investissements importants en termes de fonctionnement et de maintenance.
On parle beaucoup de Porto Alegre, mais ce même type de système a été construit à Canoas, Sao Leopoldo et Novo Hamburgo, et dans ces villes (du Rio Grande do Sul) également le dispositif a été dépassé par le niveau de l'eau.
Dans toutes ces villes, l'eau a envahi très rapidement les zones qui auraient dû être protégées et a causé des tragédies plus importantes que si le système n'avait pas existé. Je ne dis pas que les digues sont inutiles, mais avec une inondation de cette ampleur, lorsque les digues ont été franchies par l'eau, la vitesse à laquelle l'eau est passée au-dessus d'elles a été beaucoup plus grande que si les digues n'avaient pas existé".