Inflation : Les 15 "doléances" des syndicats


Tahiti, le 5 octobre 2022 – Les quatre confédérations syndicales CSTP-FO, CSIP, Otahi et O oe to oe Rima ont adressé mardi un courrier commun au président du Pays, Édouard Fritch, pour poser sur la table 15 "doléances" de leurs adhérents en réponse notamment à l'inflation galopante. Ancienneté, retraites, licenciements, comité d'entreprise, CST ou encore Cesec au programme…
 
Pour l'instant, c'est une lettre de "doléances" tout ce qu'il y a de plus courtoise… Les quatre confédérations syndicales CSTP-FO, CSIP, Otahi et O oe to oe Rima, ainsi que le Syndicat des pêcheurs, ont signé mardi une lettre commune adressée à Édouard Fritch pour "solliciter (la) haute bienveillance" du président du Pays "pour une rencontre afin de trouver des solutions aux problématiques que rencontrent chaque jour nos adhérents". Tahiti Infos s'est procuré le courrier de deux pages qui liste 15 demandes très précises allant de la revalorisation des grilles salariales au déplafonnement de l'ancienneté, en passant par les conditions de départ en retraites.
 
Un timing…
 
Le courrier, laconique sur la forme, est assez peu ordinaire. Il ne s'agit pas d'un préavis de grève, mais d'une sorte de liste de revendications pour lesquelles les syndicats semblent vouloir ouvrir la discussion. On note cependant que le courrier fait référence dès l'entame -et à plusieurs reprises ensuite- au protocole d'accord du 29 novembre 2021 qui avait fait suite à la dernière grève générale de quelques jours qu'avait connu la Polynésie en fin d'année dernière. En pleine période de négociations par branches après les récentes hausses du Smig et en période de pré-campagne des territoriales de 2023, les syndicats ont choisi leur moment à dessein. Si aucune forme de pression de ressort pour l'heure du courrier, le timing joue en leur faveur.
 
Dans le détail de ce courrier, dont les doléances sont listées in extenso ci-après, on retrouve un premier point consacré à "l'inflation" chiffrée à 6,9% depuis un an, son effet sur le Smig et la demande des syndicats de "reconsidérer les grilles salariales" en "suivant l'inflation". Si aucune confédération n'a souhaité s'exprimer officiellement mercredi, arguant que le gouvernement venait tout juste de recevoir ce courrier, certains syndicalistes confirment que l'inflation est "le sujet" à l'origine de cette réaction syndicale. "La hausse du Smig a écrasé les grilles dans les secteurs d'activité", explique un syndicaliste, "on est d'ailleurs en pleine négociation là-dessus".
 
… et un inventaire
 
D'autres sujets valent la peine de s'attarder : déplafonner l'ancienneté de 25 à 38 ans, changer les conditions de départ en retraite à 62 ans "ou" 38 annuités, exonérer de CST les indemnités issues d'un plan de départ, respecter le protocole d'accord de fin 2021 sur la mise en place d'un "fonds d'aide aux salariés ayant perdu leur emploi" ou encore "renforcer les contrôles des faux patentés". Les confédérations demandent également à proroger ou renouveler les mandats des membres du Cesec, arrivés à échéance mais non renouvelés dans l'attente d'une réforme de l'institution. Il réclament également davantage de pouvoir et de moyens au comité d'entreprise, ainsi que la mise en place d'une Maison des syndicats prévue par le code du travail.
 
Selon nos informations, les confédérations syndicales n'avaient pas encore eu de réponse du gouvernement à ce courrier mercredi soir. Mais nul doute que les "doléances" listées dans cet inventaire risquent de refaire parler d'elles dans les semaines à venir.
 

Une liste en 15 points

1 – L'inflation observée depuis un an est de l'ordre de 6,9%. Le Smig a augmenté de 6,44% depuis décembre 2021. Suivant l'inflation, reconsidérer les grilles salariales.
2 – Déplafonnement du taux d'ancienneté fixé actuellement à 25 ans vers 38 ans.
3 – Modification du texte relatif à la retraite : Âge de départ à 62 ans "ou" nombre d'année de cotisation à 38 ans.
4 – Modification des dispositions de l'article LP 1222-5 alinéa 3 du code du travail, relatif à l'entretien préalable à licenciement, et de l'article LP 1322-1 du même code relatif à l'entretien préalable avant sanction disciplinaire.
5 – Renforcement des contrôles des faux patentés, et sanction des entreprises utilisatrices.
6 – Formation professionnelle : Renforcer les pouvoirs du Comité d'entreprise, compétent en matière de formation professionnelle, par lesquels les membres du CE peuvent donner leur avis sur le choix des salariés à former.
7 - Budget du comité d'entreprise : possibilité de transférer une portion à définir du budget de fonctionnement au budget des œuvres sociales.
8 - Mise à disposition des centrales syndicales d'un local syndical à l'instar de la Maison des Syndicats prévue par le Code du travail de 1952, ou à défaut une participation financière du Pays au loyer des syndicats à hauteur de 150 000 Fcfp par mois.
9 – Augmentation de la subvention territoriale en faveur des centrales syndicales représentatives sur le plan du Pays sur les mêmes bases applicables en Nouvelle-Calédonie.
10 – Réforme sur la médecine du travail
11 – Promotion et protection de l'emploi local
12 – Prorogation des mandats des membres du Cesec ou renouvellement
13 – Exonération de la CST sur toutes indemnités issues d'un plan de départ volontaire pour tout motif (retraite…).
14 – Application des dispositions de l'article 4 du protocole d'accord de fin de conflit du 29 novembre 2021.
15 – Sécurité au travail (cf, article 3 du protocole du 29 novembre 2021).
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Mercredi 5 Octobre 2022 à 20:55 | Lu 3855 fois