Indemnités du Président : l'Assemblée reporte l'examen dans la confusion


PAPEETE, 20 janvier 2015 – La commission permanente de l’Assemblée a voté contre l’ordre du jour de la séance de ce mardi. Parmi les dix textes susceptibles d'être examinés figurait le projet de délibération relatif à la réévaluation du régime indemnitaire du Président de la Polynésie française.

"Je trouve ça lamentable !", s’est indignée Chantal Flores-Tahiata dès la clôture prématurée de cette séance de la commission permanente. "Les dissensions internes au Tahoera’a ne nous concernent pas. Nous sommes là pour le pays. Nous devons travailler pour le pays. Ce qu’ils sont en train de faire aujourd’hui c’est démontrer qu’ils ne sont pas d’accord entre eux".

Sur les 21 membres présents ou représentés, 12 représentants du groupe Tahoera'a ont voté contre, Sylvana Puhetini, présidente de la commission en l'absence de Loïs Amaru, s'est abstenue tandis que les sept élus de l'opposition (UPLD et A Ti'a Porinetia) ont voté pour le maintien de l'ordre du jour. Faute de programme, la séance a été levée dans la plus grande confusion.

Episode cocasse, mardi matin en commission permanente de l’Assemblée de la Polynésie française : la majorité Tahoera’a s’est trouvée dans la situation paradoxale de voter contre l’ordre du jour qu’elle avait elle-même adoptée quelques jours plus tôt.

"Nous pensons, au sein de l’UPLD, qu’ils sont de plus en plus nombreux dans la majorité à soutenir cette demande",souligne Chantal Flores-Tahiata. "Nous sommes d’accord dans l’opposition pour la soutenir. (…) Le Président a la responsabilité du Pays sur son dos, je pense qu’il y a un minimum qu’il est en droit de demander. Je suis désolée mais c’est la responsabilité. Je ne vois pas pourquoi ils refusent. La réduction des indemnités appliquée par Gaston Flosse était contrainte par une loi. Aujourd’hui, il est normal que le Président actuel du Pays demande à revoir cela. Et nous on est d’accord".

Une demande examinée "ultérieurement"

La question de l'ajustement du régime indemnitaire du Président de la Polynésie française avec celui des ministres du gouvernement demeure un point de discorde entre les deux tendances du camp Tahoera'a. Et sa mise au vote était susceptible de révéler à quel point le groupe de la majorité est partagé sur la question, voire de livrer à la lumière du jour l'identité de nouveaux transfuges du camp Flosse après la déroute observée le 27 novembre dernier lors du vote sur la motion demandant à l'Etat l'indemnisation des conséquences environnementales des essais nucléaires en Polynésie. Mis au vote mardi, la délibération avait de sérieuses chances d’être adoptée.

En décembre dernier, la commission des finances de l'Assemblée, saisie d'une demande d'Edouard Fritch, avait exprimé un avis défavorable à l'ajustement indemnitaire demandé par le Président. Edouard Fritch perçoit, au titre de sa fonction de première institution de la Polynésie française, une indemnité inférieure à celle de ses ministres et de l'ensemble des représentants de l'Assemblée.

"Ils ont fait la bêtise, il y a un an et demi de diviser par deux l’indemnité du Président du Pays parce que ça arrangeait M. Flosse de faire de l’affichage en faisant voter une texte diminuant de 50% son indemnité alors que c’était inutile puisqu’une loi organique existe déjà qui interdit le dépassement d’un certain niveau de rémunération, en cas de cumul d'un mandat parlementaire avec un mandat local", a rappelé mardi Armelle Merceron à l'issue de cette courte séance de la commission permanente.

Le président de l'Assemblée, Marcel Tuihani, s'est engagé publiquement à ce que l'examen de cette demande d'ajustement du régime indemnitaire du Président Fritch ait lieu "ultérieurement" sans préciser quand.

Lundi, un courrier adressé en ultime tentative par Marcel Tuihani à Edouard Fritch, tous deux es-qualités institutionnelles, en a appelé au Président de la Polynésie française de retirer sa demande, lui laissant jusqu'en fin d'après midi, 17 heures. Le silence de ce dernier a donné lieu à l'épisode surprenant de la commission permanente de mardi matin.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 20 Janvier 2015 à 13:33 | Lu 2079 fois