Ils sont 6 peintres sous-marins dans le monde dont Marion H. Gérard, actuellement au fenua


PAPEETE, le 2 septembre 2015 - Marion H. Gérard est peintre sous-marin. Elle est l'une des très rares peintres sous-marins présents à la surface du globe, ou plutôt sous la surface du globe. De passage sur le territoire, elle a pris sa palette et sa bouteille, pour immortaliser les épaves immergées sur le site dit de l'Aquarium.

"En peinture il y a énormément de prétendants et très peu d'élus. J'ai décidé de faire partie des élus", annonce Marion H. Gérard, peintre sous-marin. Sous le regard tendre et fier de son mari - son "René Angélil" dit cette française installée au Québec depuis 25 ans - elle vit sa passion sans retenue. "Peindre sous l'eau est un moment privilégié pendant lequel j'entre en contact avec moi-même et avec la création. J'entre dans une bulle d'autisme." Au point d'en oublier ses paramètres vitaux. En ces moments, son ange gardien de mari, Pierre Rousseau, veille.

Côté matériel rien ne change, ou presque

La peintre, copieusement lestée pour rester collée au fond des eaux, se donne jusqu'à 40 minutes d'immersion lors de ses créations. Tout dépend de la température de l'eau. Elle s'installe derrière son chevalet et sa toile, elle empoigne sa spatule et sort ses tubes de peinture à l'huile. Sous l'eau les artistes n'utilisent pas de pinceaux mais des spatules pour écraser la peinture sur la toile. Pour le reste "garde ça simple" résume Marion H. Gérard. Rien ne change ou presque côté matériel. Ce qui change c'est la perception des couleurs, la distorsion, le grossissement (25% de plus qu'en surface), l'effet d'apesanteur. "Pour devenir peintre sous-marin il y a trois prérequis", liste Marion H. Gérard. "Il faut être plongeur certifié, il faut être habilité à manier la spatule et il faut un souci profond de l'environnement. On n'est pas chez soi sous l'eau. Quand on entre dans une maison qui n'est pas la nôtre, on se déchausse en arrivant puis on part sans laisser de trace. On fait la même chose dans l'océan."

De l'eau à 10°C

Marion H. Gérard ne compte plus ses années de plongée. Elle a toute une vie de peinture. Elle a troqué ses pinceaux par une spatule il y a une décennie. Elle est peintre sous-marin depuis une petite année. "Je suis invitée chaque année en Tunisie au festival international des arts plastiques. Avec le temps, l'organisateur est devenu un ami. Il y a un peu plus d'un an cet ami m'a appelée pour me proposer d'animer des ateliers de peinture sous l'eau. J'ai accepté. Comme je n'aime pas arriver quelque part les mains vides j'ai fait des essais chez moi au Québec dans un lac." Marion H. Gérard a enfilé une combinaison de 14 millimètres, des chaussons et chaussures, une cagoule, elle a glissé ses mains dans des gants. L'eau dans le grand nord-américain tourne autour des 10 degrés, elle peut descendre à 4 degrés sous la glace, mais la peinture alors ne sort plus du tube. "Dans ce domaine il n'y a ni école de pensée, ni tutoriel. Je suis descendue sans savoir la première fois", se rappelle-t-elle. "Mais la vie est bien faite, j'ai été divinement guidée. À la deuxième plongée j'avais le monde d'emploi." Depuis, Marion H. Gérard a peaufiné sa technique.

Retrouvailles

Pour la première fois de sa vie, elle se délecte des eaux de lagon, de leur douce température, de leurs couleurs, de leur visibilité. "Nous sommes ici pour passer du temps avec une amie d'enfance", précise Marion H. Gérard. Le couple goûte au bonheur simple, il s'extasie devant les baleines à bosse, il pose ses yeux sur les turquoises, il grimpe en montagne. "Avec pierre, nous avons fait une balade après une grosse averse. Nous sommes rentrés tout crottés, comme des enfants. Comme des enfants aussi nous avions les yeux pleins d'étoiles." Les deux complices ont aussi plongé pour le plaisir et pour la peinture. "J'ai fait trois toiles des épaves qui sont sur le site de l'Aquarium, non loin de l'aéroport". Ils repartent dans une petite semaine, promettant de revenir, peut être définitivement cette fois-ci.


L'objectif : peindre le 7ème continent

Marion H. Gérard et son mari Pierre Rousseau ont un projet : peindre 60 toiles sous l'eau dans différents endroits du monde, dont la Polynésie française. "Avec ma combinaison de plongée, je me vois comme un pilote de course", compare la peintre. Un pilote de course qui veut interpeller le public sur l'environnement, la beauté du monde, l'urgence à protéger cette beauté. "Nous peindrions de beaux paysages et des paysages pollués, abimés. Nous envisageons même d'aller peindre sous l'eau le 7ème continent. Ce continent de plastique qui se déplace au gré des courants dans le Pacifique." Les toiles donneraient naissance à une exposition itinérante qui serait agrémentée d'une conférence.

Contact

www.mariongerard.com
info@mariongerard.com
Facebook : Marion H. Gérard, artiste peintre


Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 1 Septembre 2015 à 15:55 | Lu 1992 fois