Morgane Richard-Bruant a 10 ans d'expérience dans la fabrication de chocolat de première qualité, tandis que Manutea Parent est agronome, spécialisé dans le cacaoyer.
PAPEETE, le 18 avril 2019 - Deux jeunes entrepreneurs, Morgane Richard-Bruant et Manutea Parent, viennent de se lancer dans une aventure exceptionnelle : créer un chocolat de grande qualité à base de fèves de cacao locales. Ils vont commencer avec les cacaoyers déjà disponibles dans les îles de la Société et aux Marquises, mais ils comptent aussi créer une grande exploitation sur Tahiti pour créer tout un marché à l'export.
En ce long week-end de Pâques, nous serons nombreux à chasser les œufs en chocolat dans les jardins de Polynésie. Toutes ces sucreries seront importées, pourtant nous avons un climat idéal pour faire pousser des cacaoyers, et donc produire notre propre chocolat...
Quelques initiatives existent déjà, avec une petite production de chocolat made in fenua. Aux Marquises, Manfred Drechsler fabrique du chocolat artisanal à Ua Pou. Citons également les boutiques Couleur Cacao, qui ont lancé une petite production de chocolat local à l'occasion de leur dixième anniversaire. Mais il reste encore bien du travail avant que la Polynésie puisse être reconnue internationalement comme un producteur de chocolat.
Mais ce jour pourrait arriver bientôt si le projet des jeunes entrepreneurs Morgane Richard-Bruant et Manutea Parent se réalise. Morgane est une chocolatière qui a grandi à Tahiti, avec près de 10 ans d'expérience dans la transformation du cacao en chocolat de grande qualité. Elle a travaillé avec des Meilleurs Ouvriers de France, au Four Seasons de Genève, et a même été chef chocolatière pendant deux ans au Vietnam pour le faiseur de chocolat Marou.
C'est là qu'elle a rencontré Manutea en 2016. Le jeune Polynésien de 24 ans est agronome et s'est spécialisé dans le cacaoyer, un arbre qu'il adore. Il est allé se former en Équateur dans des cacaoraies artisanales et industrielles et a épluché toutes les publications scientifiques concernant son arbre de prédilection.
À TAHITI : DES CACAOYERS CENTENAIRES ET UN PROJET DE CACAORAIE
En ce long week-end de Pâques, nous serons nombreux à chasser les œufs en chocolat dans les jardins de Polynésie. Toutes ces sucreries seront importées, pourtant nous avons un climat idéal pour faire pousser des cacaoyers, et donc produire notre propre chocolat...
Quelques initiatives existent déjà, avec une petite production de chocolat made in fenua. Aux Marquises, Manfred Drechsler fabrique du chocolat artisanal à Ua Pou. Citons également les boutiques Couleur Cacao, qui ont lancé une petite production de chocolat local à l'occasion de leur dixième anniversaire. Mais il reste encore bien du travail avant que la Polynésie puisse être reconnue internationalement comme un producteur de chocolat.
Mais ce jour pourrait arriver bientôt si le projet des jeunes entrepreneurs Morgane Richard-Bruant et Manutea Parent se réalise. Morgane est une chocolatière qui a grandi à Tahiti, avec près de 10 ans d'expérience dans la transformation du cacao en chocolat de grande qualité. Elle a travaillé avec des Meilleurs Ouvriers de France, au Four Seasons de Genève, et a même été chef chocolatière pendant deux ans au Vietnam pour le faiseur de chocolat Marou.
C'est là qu'elle a rencontré Manutea en 2016. Le jeune Polynésien de 24 ans est agronome et s'est spécialisé dans le cacaoyer, un arbre qu'il adore. Il est allé se former en Équateur dans des cacaoraies artisanales et industrielles et a épluché toutes les publications scientifiques concernant son arbre de prédilection.
À TAHITI : DES CACAOYERS CENTENAIRES ET UN PROJET DE CACAORAIE
Ces fèves de cacao récoltées localement sont destinées à fabriquer les premières tablettes de chocolat Tahiti Origin by M
Depuis octobre 2018, les deux passionnés se sont retrouvés à Tahiti pour créer l'entreprise Tahiti Origin by M. Leur projet est très ambitieux : collecter les cabosses de cacao sur les arbres dispersés à travers la Polynésie et fabriquer un chocolat haut de gamme destiné à l'exportation. Beaucoup de cacaoyers avaient été plantés au fenua à la fin du 19ème siècle puis dans les années 1960, avant que la filière ne soit abandonnée. Ces arbres sont aujourd'hui gigantesques et offrent des récoltes abondantes, promesse de tonnes de chocolat pour ceux qui savent les transformer... D'ailleurs les deux jeunes entrepreneurs sont toujours à la recherche des cacaoyers qui poussent dans les jardins des particuliers. Si vous en avez un et souhaitez vendre vos fruits à ces deux jeunes, contactez-les à contact.tahitiorigin@gmail.com au 87 37 53 82, ou sur les réseaux sociaux à Facebook.com/TahitiOrigin.
À long terme, ils veulent augmenter la production en coordonnant toute une nouvelle filière agricole Polynésienne, et en créant eux-mêmes une grande cacaoraie à Tahiti... Un projet qui pourrait prendre une demi-douzaine d'années pour se concrétiser entièrement.
Mais pas besoin d'attendre aussi longtemps pour goûter le chocolat de Morgane et Manutea. Leur première production est déjà en cours d'élaboration dans leur toute nouvelle unité de production à Papeete. Les premières tablettes de chocolat de Tahiti Origin by M devraient être disponibles en septembre prochain !
À long terme, ils veulent augmenter la production en coordonnant toute une nouvelle filière agricole Polynésienne, et en créant eux-mêmes une grande cacaoraie à Tahiti... Un projet qui pourrait prendre une demi-douzaine d'années pour se concrétiser entièrement.
Mais pas besoin d'attendre aussi longtemps pour goûter le chocolat de Morgane et Manutea. Leur première production est déjà en cours d'élaboration dans leur toute nouvelle unité de production à Papeete. Les premières tablettes de chocolat de Tahiti Origin by M devraient être disponibles en septembre prochain !
Parole à : Morgane Richard-Bruant et Manutea Parent
Morgane a créé toute une unité de production de chocolat et un magasin au Vietnam. Une expérience qu'elle va mettre à profit à Tahiti.
"On veut lancer la Polynésie sur la scène internationale dans la production de cacao"
Qu'est-ce que Tahiti Origin by M ?
Morgane : C'est une chocolaterie qui travaille directement la fève de cacao polynésienne pour créer du chocolat. Notre concept c'est d'aller directement à l'arbre. On récolte le fruit, on fermente les fèves de cacao, on les sèche, puis vient tout de travail de la fève de cacao pour la transformer en chocolat. On arrive à créer des tablettes de chocolat noir à 70%, et plus ça ira dans le temps, plus on augmentera le pourcentage.
On essaye de développer la filière cacao ici. On essaye d'avoir un partenariat avec le gouvernement, les planteurs. Nous pouvons former ceux qui veulent planter des cacaoyers, avec un suivi vraiment pointu au niveau agronomie puis transformation.
Qu'est-ce que Tahiti Origin by M ?
Morgane : C'est une chocolaterie qui travaille directement la fève de cacao polynésienne pour créer du chocolat. Notre concept c'est d'aller directement à l'arbre. On récolte le fruit, on fermente les fèves de cacao, on les sèche, puis vient tout de travail de la fève de cacao pour la transformer en chocolat. On arrive à créer des tablettes de chocolat noir à 70%, et plus ça ira dans le temps, plus on augmentera le pourcentage.
On essaye de développer la filière cacao ici. On essaye d'avoir un partenariat avec le gouvernement, les planteurs. Nous pouvons former ceux qui veulent planter des cacaoyers, avec un suivi vraiment pointu au niveau agronomie puis transformation.
Manutea en train de cueillir des cabosses de cacao dans un cacaoyer centenaire aux Marquises
Manutea : L'idée est de reprendre une filière qui a été initiée dans les années 1960, puis qui a été avortée à cause du CEP. Du coup il y a des cacaoyers et d'anciennes cacaoraies en Polynésie. Beaucoup à Raiatea, Tahaa et aux Marquises. Donc pour l'instant on sert un petit peu de coopérative dans le sens où on va récolter les cabosses dans ces différentes îles.
En parallèle, nous cherchons aussi à planter une terre de manière à avoir notre propre production et contrôler la qualité. Un cacaoyer germe en deux semaines, il faut attendre six mois pour le mettre en terre, puis si on les laisse tels quels, il faut trois à quatre ans avant les premières productions. A 6-7 ans, ils commencent vraiment à donner. Donc le projet de plantation est vraiment sur le long terme. En attendant, sur la partie transformation, nous allons travailler avec les arbres qu'il y a aujourd'hui, ce qui n'est pas négligeable.
Vous avez donc créé une entreprise ?
Morgane : Oui, d'ailleurs nous venons de recevoir l'immatriculation de la SARL. Nous avons le local depuis la semaine dernière, donc nous sommes en pleins travaux. Normalement vous pourrez acheter notre chocolat en septembre, à la rentrée, dans les épiceries fines locales. Le chocolat va aussi être exporté en France, en Europe, et si tout va bien, au Japon dès l'année prochaine.
Notre chocolat est un chocolat naturel. Il n'y a aucun ajout, pas de lécithine de soja, pas d'émulsifiants, pas de conservateurs. C'est un chocolat très naturel, fait avec des produits locaux au maximum... Je précise 'au maximum' parce qu'on aimerait bien avoir du sucre de canne cristallisé, mais il n'y en a pas encore, même si ça devrait venir. On travaille avec des particuliers qui ont des arbres chez eux pour acheter leurs cabosses, on est très proches de nos fournisseurs... C'est un petit peu l'âme de tous les Polynésiens que nous mettons dans nos chocolats.
D'autres font déjà du chocolat local, qu'est-ce qui va vous différencier ?
Manutea : Il y a des productions, plutôt artisanales. Nous, nous ne voulons faire que du chocolat. Nous allons viser un marché local et international, avec des quantités bien supérieures. C'est pour ça que nous faisons venir des machines spécialisées.
Morgane : Ce qui nous différencie également, c'est que c'est notre métier depuis un certain temps. Dans le premier travail de la fève, la fermentation et le séchage, on est vraiment dans notre travail de base. Donc nous allons avoir un cacao et un chocolat de très bonne qualité, parce que nous avons ces connaissances. Et d'ailleurs notre travail sera examiné au niveau international puisque nous participons à une certification, l'International Cocoa Awards qui récompense les meilleurs cacaos. On veut vraiment lancer la Polynésie sur la scène internationale dans la production de cacao. On a fait tester notre chocolat par des professionnels à Paris, le club Criollo, et il a été très apprécié. Il a des notes que l'on retrouve rarement dans le chocolat, des notes de pain grillé, de fruits secs caramélisés, un petit côté fruité que l'on n'a pas partout, et qui vient je pense du terroir.
Justement, vous avez tous les deux de l'expérience dans des pays traditionnels du cacao, pourquoi revenir à Tahiti créer une filière à partir de zéro ?
Morgane : C'est justement l'intérêt, de sortir une nouvelle origine. On connait l'Afrique, l'Asie, l'Amérique Latine, qui sont productrices depuis longtemps. Ici il y a du cacao mais personne ne s'en sert vraiment. Mais nous, nous sommes passionnés de chocolat et nous sommes Polynésiens dans l'âme, donc on veut dire qu'il n'y a pas que les perles, le monoï et les jolies vahine. Il y a aussi du chocolat !
En parallèle, nous cherchons aussi à planter une terre de manière à avoir notre propre production et contrôler la qualité. Un cacaoyer germe en deux semaines, il faut attendre six mois pour le mettre en terre, puis si on les laisse tels quels, il faut trois à quatre ans avant les premières productions. A 6-7 ans, ils commencent vraiment à donner. Donc le projet de plantation est vraiment sur le long terme. En attendant, sur la partie transformation, nous allons travailler avec les arbres qu'il y a aujourd'hui, ce qui n'est pas négligeable.
Vous avez donc créé une entreprise ?
Morgane : Oui, d'ailleurs nous venons de recevoir l'immatriculation de la SARL. Nous avons le local depuis la semaine dernière, donc nous sommes en pleins travaux. Normalement vous pourrez acheter notre chocolat en septembre, à la rentrée, dans les épiceries fines locales. Le chocolat va aussi être exporté en France, en Europe, et si tout va bien, au Japon dès l'année prochaine.
Notre chocolat est un chocolat naturel. Il n'y a aucun ajout, pas de lécithine de soja, pas d'émulsifiants, pas de conservateurs. C'est un chocolat très naturel, fait avec des produits locaux au maximum... Je précise 'au maximum' parce qu'on aimerait bien avoir du sucre de canne cristallisé, mais il n'y en a pas encore, même si ça devrait venir. On travaille avec des particuliers qui ont des arbres chez eux pour acheter leurs cabosses, on est très proches de nos fournisseurs... C'est un petit peu l'âme de tous les Polynésiens que nous mettons dans nos chocolats.
D'autres font déjà du chocolat local, qu'est-ce qui va vous différencier ?
Manutea : Il y a des productions, plutôt artisanales. Nous, nous ne voulons faire que du chocolat. Nous allons viser un marché local et international, avec des quantités bien supérieures. C'est pour ça que nous faisons venir des machines spécialisées.
Morgane : Ce qui nous différencie également, c'est que c'est notre métier depuis un certain temps. Dans le premier travail de la fève, la fermentation et le séchage, on est vraiment dans notre travail de base. Donc nous allons avoir un cacao et un chocolat de très bonne qualité, parce que nous avons ces connaissances. Et d'ailleurs notre travail sera examiné au niveau international puisque nous participons à une certification, l'International Cocoa Awards qui récompense les meilleurs cacaos. On veut vraiment lancer la Polynésie sur la scène internationale dans la production de cacao. On a fait tester notre chocolat par des professionnels à Paris, le club Criollo, et il a été très apprécié. Il a des notes que l'on retrouve rarement dans le chocolat, des notes de pain grillé, de fruits secs caramélisés, un petit côté fruité que l'on n'a pas partout, et qui vient je pense du terroir.
Justement, vous avez tous les deux de l'expérience dans des pays traditionnels du cacao, pourquoi revenir à Tahiti créer une filière à partir de zéro ?
Morgane : C'est justement l'intérêt, de sortir une nouvelle origine. On connait l'Afrique, l'Asie, l'Amérique Latine, qui sont productrices depuis longtemps. Ici il y a du cacao mais personne ne s'en sert vraiment. Mais nous, nous sommes passionnés de chocolat et nous sommes Polynésiens dans l'âme, donc on veut dire qu'il n'y a pas que les perles, le monoï et les jolies vahine. Il y a aussi du chocolat !