Ile de Pâques - Astronomes et autochtones attendent avec ferveur l'éclipse

HANGA ROA, 10 juillet 2010 (AFP) - Des centaines de scientifiques, de touristes et d'autochtones attendent avec ferveur l'éclipse de soleil totale de dimanche sur l'île de Pâques, où elle va réussir l'exploit de laisser dans l'ombre la finale de la Coupe du monde de football qui a lieu en même temps.


Des astronomes français, espagnols, brésiliens ou encore américains, mais aussi des dizaines de journalistes et photographes ont acheté leurs billets d'avions il y a plus d'un an pour assister à ce spectacle.

Et tous prient pour ne pas en être privés par une météo capricieuse, alors que nuages et pluie sont annoncés sur cet îlot de 160 km situé à 3.500 km à l'ouest des côtes chiliennes.

La nuit doit tomber en plein jour dimanche sur une bande de 11.000 km de long dans le Pacifique Sud, en grande partie inhabitée, à l'exception de Tahiti, les îles Cook et l'île de Pâques.

L'éclipse débutera à 18H15 GMT en plein océan et sera visible six minutes plus tard depuis Mangaia, dans les îles Cook. L'ombre de la lune recouvrira ensuite Tahiti à 18H28 GMT puis l'île de Pâques sera plongée dans l'obscurité totale à 20H11 GMT, si le temps le permet.

Le phénomène devrait durer 4 minutes et 41 secondes dans l'îlot chilien, selon la NASA, et s'achèvera en Patagonie argentine peu avant 21H00 GMT.

Le Chili, auquel est rattachée l'île de Pâques, accueille plusieurs grands projets d'observation spatiale, comme l'Observatoire européen austral (ESO) et le plus grand réseau de radiotélescopes au monde (Alma).

Stéphane Guisard, ingénieur optique français à l'ESO et astrophotographe à ses heures, a pris une semaine de vacances pour se rendre à Rapa Nui, le nom polynésien de l'île de Pâques.

Il a prévu d'envoyer ses photos à la NASA et à la revue National Geographic, mais il redoute la saturation des réseaux sur cet îlot de 4.000 habitants qui va voir doubler sa population ce weed-end.

"Tout le monde veut envoyer des photos, des informations, mais il y a peu d'accès à internet et beaucoup de gens", a-t-il déclaré à l'AFP.

L'éclipse passionne aussi les habitants de l'île, notamment les Rapa Nuis, majoritaires, pour qui elle représente "un signe de renouveau et de bon augure", selon la maire Luz del Carmen Zasso.

Cette culture reste en grande partie mystérieuse, à l'image des fameuses statues géantes de pierre (les Moais), qui pèsent plusieurs tonnes et sont alignées dos au Pacifique.

Selon Patricia Vargas, chercheuse à l'université du Chili, qui a vécu 30 ans dans l'île, il est difficile de recueillir des témoignages directs sur les traditions des Rapas Nuis, à cause des ravages provoqués dans la population locale par les maladies importées par les colons européens.

La chercheuse a cependant pu établir que les Rapas Nuis considéraient que "leurs racines viennent de la terre, de la mer et surtout du ciel".

Et comme l'événement ne s'est plus produit depuis plus de 1.000 ans dans l'île, même la finale de la Coupe du monde entre l'Espagne et les Pays-Bas, qui débute à 18H30 GMT et battra son plein à l'heure de l'éclipse, ne pourra lui faire de l'ombre.

Aucun écran géant n'a été installé sur cette île que les autochtones appellent aussi Mata ki te rangi, ce qui signifie en rapa nui "les yeux qui regardent le ciel".

Rédigé par Par Martin BERNETTI le Samedi 10 Juillet 2010 à 06:07 | Lu 614 fois