Île Maria : Des tava'e déplumés pour le Heiva


RIMATARA, le 27/04/2016 - Cinq individus se sont rendus sur l'île Maria, de la commune de Rimatara, pour y pêcher, mais aussi pour récupérer les plumes des pailles-en-queue à brin rouge, plus connus au fenua sous le nom de "tava'e", pour la confection de costumes pour le Heiva. Une initiative qui n'a pas du tout plu aux autorités locales à commencer par le maire de Rimatara, qui compte prendre un arrêté pour stopper ce genre de phénomène.

C'est la stupeur à Rimatara et dans le milieu associatif. Plusieurs pailles-en-queue à brin rouge, plus connus au fenua sous le nom de "Tava'e" ont été déplumés, sur l'île Maria, de la commune de Rimatara.

Cette affaire a eu lieu le mois dernier. Cinq hommes, à bord d'un bateau de pêche, se sont rendus sur cette île inhabitée pour pêcher, mais pas seulement. ils en ont profité pour attraper et déplumer des tava'e, pour la réalisation de costumes d'un groupe de danse qui participe au Heiva i Tahiti. Une activité qui aurait pu passer inaperçue s'ils n'avaient pas publié des photos sur les réseaux sociaux.

Sur ces clichés, on aperçoit des hommes, non pas en train de pêcher, mais en train de poser avec des tava'e, ce qui a créé une vague d'émotion aux Australes et dans le monde associatif.

L'association Manu dénonce ces attitudes. "Ces oiseaux, mêmes s'ils ne sont pas des espèces protégées, sont sensibles au dérangement humain et aux prédateurs, comme les rats ou les chats. On ne peut pas cautionner cela juste pour un événement comme le Heiva. Arracher leurs plumes peut leur causer des infections", explique Thomas Ghestemme, membre de l'association Manu.

"Quand on enlève les plumes de leurs queues, les tava'e abandonnent leur nid et on ne sait pas pourquoi", souligne un agent de la direction de l'environnement.

À Rimatara, le maire se dit indigné par de telles actions. "J'ai appris cela par les réseaux sociaux. Ils se sont rendus à Maria sans même m'avertir. Je ne peux pas cautionner cela. Nous envisageons de prendre un arrêté qui interdira l'accès sur cette île sans que la mairie ne soit avertie. Les personnes qui voudront s'y rendre, devront nous avertir et nous expliquer les raisons de ce déplacement", prévient Georges Hatitio, maire de Rimatara.

De son côté, le ministre de la Culture et de l'Environnement attend que le maire le saisisse sur cette affaire. "Pour le moment, on ne peut rien faire", souligne Heremoana Maamaatuaiahutapu.

Selon un membre de l'association Rima 'Ura, à Rimatara, les besoins en plumes pour satisfaire ce groupe de danses atteindraient "1 500 à 2 000 plumes". "On a signalé ces faits à la direction de l'Environnement, et bien évidemment, nous sommes contre ces agissements. Ce n'est pas normal, de faire cela", s'indigne l'association Rima 'Ura, et de poursuivre. "Ce ne sont pas des gens qui vivent à Rimatara. On a prévenu les membres de notre association et on veut juste que la mairie prenne les mesures nécessaires pour que les personnes ne se rendent plus sur place comme ils veulent." Le point positif cependant, pour l'association Rima 'Ura est "qu'avec cette mission, on a pu voir qu'il y a des oiseaux sur place."


Rédigé par Corinne Tehetia le Mercredi 27 Avril 2016 à 16:56 | Lu 8002 fois