Il y a 50 ans, Witi Ihimaera devenait le premier auteur maori publié


Tahiti, le 16 novembre 2022 - C’est avec la traduction française de son roman The whale rider, La baleine tatouée, que Witi Ihimaera célèbre au 22e salon du livre, 50 ans de publication. L’objet de son œuvre littéraire a toujours été de constituer un héritage culturel écrit pour les générations futures du peuple maori, comme le lui avait demandé sa grand-mère Teria, à qui il rend hommage dans plusieurs de ses livres. Mais c’est une littérature évolutive qu’il crée et recrée à mesure que « nos perspectives sur l’histoire changent ».
 
Au vent des îles a choisi d’éditer en 2022, la traduction française par Mireille Vignol d’un des premiers romans de Witi Ihimaera, The whale rider parmi les 14 qu’il a écrits depuis 1973. La baleine tatouée est un conte porteur de l’histoire et des traditions maories. Sorti pour la première fois en 1987, The whale rider est aujourd’hui le roman néo-zélandais le plus traduit au monde et sur les écrans de cinéma aussi avec Paï, l’élue d’un peuple nouveau. Au cœur de l’intrigue, il y a le lien mystérieux entre Kahu et les tohoraa, baleines dont l’existence est étroitement liée à celle de son peuple. Kahu naît première de sa génération pour la tribu de son père. Mais c’est la naissance du prochain chef du clan que son grand-père attendait et elle grandit avec sa déception à lui, mais aussi avec l’amour de sa grand-mère.

Comment t’es-tu intéressé à l’écriture ? Sur quels thèmes écris-tu généralement ?
"Ma grand-mère Teria a été mon grand mentor et il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à elle. "Fais du bon travail pour les iwi" disait-elle. Elle était conteuse, tout comme mon père, et en grandissant, j'ai entendu de nombreuses histoires sur les Maoris. Cette carrière ne concerne pas que moi, elle a aussi consisté à faire prospérer une tradition littéraire écrite maorie comme un pūtea, un capital pour l'avenir. Ce fut une carrière merveilleuse, parfois difficile, car les Māori ont toujours été une minorité à Aotearoa – aujourd’hui environ 12 % de la population. Ma grand-mère m'a confié la tâche difficile de littéralement décoloniser la littérature néo-zélandaise. Les écrivains maoris ont dû se battre durement pour y arriver, mais il n’y a qu’à voir le résultat."
 
Pourquoi est-ce que tu continues à faire évoluer tes œuvres ?
"Avec cette longue carrière, chaque fois que mon éditeur veut ressortir un de mes livres, j’ai toujours envie de le mettre à jour, pour qu'il soit pertinent pour les générations contemporaines. Par exemple, à l’occasion du 50e anniversaire de Pounamu, Pounamu j’ai réécrit les histoires pour la quatrième fois, c’est de plus en plus difficile ! Et l'année prochaine, pour le 50e anniversaire de Tangi, ce sera la troisième version du texte entièrement réécrit. D'un point de vue artistique, je n'ai jamais pensé que la littérature était statique. Et parce que mon travail est principalement basé sur l'histoire, il change avec les nouvelles perspectives sur le passé. Mes histoires sont organiques, elles prennent différentes formes à mesure que nous acquérons de nouvelles connaissances sur nous-mêmes."


Rédigé par Salon du livre le Mercredi 16 Novembre 2022 à 10:23 | Lu 781 fois