VANCOUVER, 12 septembre 2011 (AFP) - La scène se passe il y a 40 ans: des loutres mortes s'échouent sur le rivage de l'Ile d'Amchitka, en Alaska, le tympan crevé par des essais nucléaires américains. Révulsée par ce spectacle, une poignée de personnes décide de réagir: Greenpeace est né.
Le calvaire des loutres bouleverse deux Américains, Irving Stowe et sa femme Dorothy, qui décident de lancer une pétition et une campagne depuis leur maison de Vancouver, sur la côte ouest du Canada, avec un comité de militants baptisé "Don't Make a Wave" (Faites pas de vague), en référence aux craintes de tsunami.
Quatre décennies après, leur fille Barbara Stowe ressent encore un frisson d'émotion quand elle évoque les débuts de cette action.
Barbara, qui était adolescente à l'époque, se souvient de l'indignation de son père apprenant que des loutres de mer étaient "rejetées par les vagues sur le rivage, mortes, les tympans crevés par les explosions" nucléaires américaines dans l'île d'Amchitka, en Alaska, raconte-t-elle à l'AFP.
Irving Stowe, qui était quaker américain (mouvement protestant prônant notamment la pacifisme) émigré au Canada pendant la guerre du Vietnam, s'engage avec ses amis dans la dénonciation des essais nucléaires.
Le comité décide d'envoyer un bateau à Amchitka pour observer les essais et les contributions --souvent pas plus de 2 dollars à la fois-- commencent à affluer, du Canada et du monde entier. Baptisé "Greenpeace", le navire quitte Vancouver en septembre 1971.
Les garde-côtes américains l'empêchent d'arriver jusqu'à Amchitka, mais l'initiative éveille l'intérêt du public pour les essais, que Washington abandonne l'année suivante.
Entre-temps le comité a pris le nom du bateau. Greenpeace était né et s'est bientôt étendu bien au-delà de la ville de Vancouver. Son quartier général est aujourd'hui à Amsterdam, des bureaux existent dans des dizaines de pays et celui du Canada se trouve à Toronto.
Mais, pour ses fondateurs et ses dirigeants, ce n'est pas un hasard si l'organisation est née à Vancouver, entre mer, forêt et montagne, au sein d'une population très diversifiée.
"Greenpeace était le reflet de l'époque, mais aussi de l'endroit", déclare à l'AFP Bruce Cox, chef de Greenpeace Canada. "Il y a ici une très grande conscience environnementale", explique-t-il.
Vancouver est à la fois le centre historique de la riche culture autochtone et un carrefour commercial de l'Ouest canadien. Dans les années 1960, la cité multiculturelle était un havre pour les objecteurs de conscience et les hippies américains.
Dans tout autre endroit, Greenpeace n'aurait peut-être jamais vu le jour, estime Rex Weyler. Ce dernier, jeune journaliste arrivé des Etats-Unis dans les années 60, a participé à la fondation du comité et a navigué sur le Greenpeace.
"Nous voulions lancer un mouvement écologiste. Il y avait des mouvements de droits civiques, des mouvements de femmes et d'autres pour la paix. Mais il manquait un vrai sens de l'écologie. C'est ce que nous voulions créer et non fonder une organisation internationale ou rendre Greenpeace célèbre", explique Weyler en riant.
"Nous allions changer le monde... D'une certaine façon, cela a marché, n'est-ce pas?", ajoute-t-il.
Greenpeace a connu succès et échecs. Ses campagnes vigoureuses contre la chasse à la baleine et aux phoques ont suscité beaucoup de critiques. Mais son financement, fondé sur des dons personnels, sans aide gouvernementale, et son recours à une argumentation scientifique rigoureuse lui ont valu aussi des hommages.
Greenpeace "reste l'une des plus puissantes et respectées organisations environnementales et les habitants de Vancouver qui savent qu'elle est née ici en sont fiers", rappelle William Rees, professeur à l'Université de Colombie-Britannique.
dkj/via/mdm/eg
Le calvaire des loutres bouleverse deux Américains, Irving Stowe et sa femme Dorothy, qui décident de lancer une pétition et une campagne depuis leur maison de Vancouver, sur la côte ouest du Canada, avec un comité de militants baptisé "Don't Make a Wave" (Faites pas de vague), en référence aux craintes de tsunami.
Quatre décennies après, leur fille Barbara Stowe ressent encore un frisson d'émotion quand elle évoque les débuts de cette action.
Barbara, qui était adolescente à l'époque, se souvient de l'indignation de son père apprenant que des loutres de mer étaient "rejetées par les vagues sur le rivage, mortes, les tympans crevés par les explosions" nucléaires américaines dans l'île d'Amchitka, en Alaska, raconte-t-elle à l'AFP.
Irving Stowe, qui était quaker américain (mouvement protestant prônant notamment la pacifisme) émigré au Canada pendant la guerre du Vietnam, s'engage avec ses amis dans la dénonciation des essais nucléaires.
Le comité décide d'envoyer un bateau à Amchitka pour observer les essais et les contributions --souvent pas plus de 2 dollars à la fois-- commencent à affluer, du Canada et du monde entier. Baptisé "Greenpeace", le navire quitte Vancouver en septembre 1971.
Les garde-côtes américains l'empêchent d'arriver jusqu'à Amchitka, mais l'initiative éveille l'intérêt du public pour les essais, que Washington abandonne l'année suivante.
Entre-temps le comité a pris le nom du bateau. Greenpeace était né et s'est bientôt étendu bien au-delà de la ville de Vancouver. Son quartier général est aujourd'hui à Amsterdam, des bureaux existent dans des dizaines de pays et celui du Canada se trouve à Toronto.
Mais, pour ses fondateurs et ses dirigeants, ce n'est pas un hasard si l'organisation est née à Vancouver, entre mer, forêt et montagne, au sein d'une population très diversifiée.
"Greenpeace était le reflet de l'époque, mais aussi de l'endroit", déclare à l'AFP Bruce Cox, chef de Greenpeace Canada. "Il y a ici une très grande conscience environnementale", explique-t-il.
Vancouver est à la fois le centre historique de la riche culture autochtone et un carrefour commercial de l'Ouest canadien. Dans les années 1960, la cité multiculturelle était un havre pour les objecteurs de conscience et les hippies américains.
Dans tout autre endroit, Greenpeace n'aurait peut-être jamais vu le jour, estime Rex Weyler. Ce dernier, jeune journaliste arrivé des Etats-Unis dans les années 60, a participé à la fondation du comité et a navigué sur le Greenpeace.
"Nous voulions lancer un mouvement écologiste. Il y avait des mouvements de droits civiques, des mouvements de femmes et d'autres pour la paix. Mais il manquait un vrai sens de l'écologie. C'est ce que nous voulions créer et non fonder une organisation internationale ou rendre Greenpeace célèbre", explique Weyler en riant.
"Nous allions changer le monde... D'une certaine façon, cela a marché, n'est-ce pas?", ajoute-t-il.
Greenpeace a connu succès et échecs. Ses campagnes vigoureuses contre la chasse à la baleine et aux phoques ont suscité beaucoup de critiques. Mais son financement, fondé sur des dons personnels, sans aide gouvernementale, et son recours à une argumentation scientifique rigoureuse lui ont valu aussi des hommages.
Greenpeace "reste l'une des plus puissantes et respectées organisations environnementales et les habitants de Vancouver qui savent qu'elle est née ici en sont fiers", rappelle William Rees, professeur à l'Université de Colombie-Britannique.
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