L’une des toutes premières photos aériennes du Moana, posé au milieu de nulle part dirait-on. En un siècle, le paysage a plus que changé !
Tahiti, le 25 juin 2021 - Waikiki est sans aucun doute l’une des destinations favorites des Polynésiens et nombreux sont ceux qui y retourneront dès que les liaisons aériennes entre Honolulu et Tahiti seront rétablies, à savoir le 7 août prochain. En attendant, c’est une plongée dans le temps et l’histoire de cette plage exceptionnelle que nous vous proposons, en allant à la rencontre de Walter Chamberlain Peacock, un homme d’affaires d’origine britannique, qui reste aujourd’hui comme un visionnaire à Hawaii...
8 mars 1908, le journal Hawaiian Star, à Honolulu, annonce la mort subite de Walter C. Peacock. Voici une partie de cet article : “Walter C. Peacock, chef de la grande entreprise d'alcools de W.C. Peacock & Company, est décédé à son domicile de la vallée de Nuuanu à 1h30 ce matin, à l'âge de 50 ans et six mois. La personne décédée n'allait pas bien depuis six ou sept ans, ayant souvent souffert de troubles gastriques et hépatiques, la cause immédiate du décès étant cette dernière. L’aggravation de sa santé est venue de manière inattendue et la mort a été soudaine. M. Peacock est né en Angleterre et, très jeune, a émigré en Australie, où il a vécu jusqu'en 1881, date à laquelle il est venu à Honolulu. Il était accompagné aux îles par Wm. W. Wright, chef de la W.W. Wright Co., Ltd, constructeur de voitures, qui était alors et est resté depuis l'un de ses amis les plus fidèles. Ils sont arrivés ici sur le vieux vapeur Zealandia le 5 septembre de la même année. Au début, M. Peacock a obtenu des petits boulots de comptable puis est entré au service de F.G. Lanahan, marchand d'alcool en gros sur la rue Nuuanu près de King, site actuel de l'immeuble Irwin, en tant que comptable. À la mort de M. Lanahan, lui et le “gouverneur” Freeth ont acheté l'entreprise, mais Freeth a pris sa retraite après quelques années. Lorsque le bâtiment McInenrny a été achevé. M. Peacock a emménagé dans les quartiers actuels de la Peacock Company sur la rue Merchant près du Fort. En 1896, la société Peacock & Company a été constituée et s'est diversifiée dans ses grandes proportions actuelles. À peu près à la même époque, M. Peacock a conçu l'idée d'un grand hôtel moderne sur la plage de Waikiki et a dressé les premiers plans de l'hôtel Moana, qui a été construit peu de temps après par la société Peacock & Company et ses amis. En octobre 1896, M. Peacock se rendit en Australie et y fonda la société Peacock Bros. Après des visites à Honolulu, il revint ici en 1901 pour y rester définitivement ; et bien qu'il ait voyagé un certain nombre de fois depuis, cela a été son domicile. Le défunt laisse à Honolulu une veuve, une fille et une mère...”
8 mars 1908, le journal Hawaiian Star, à Honolulu, annonce la mort subite de Walter C. Peacock. Voici une partie de cet article : “Walter C. Peacock, chef de la grande entreprise d'alcools de W.C. Peacock & Company, est décédé à son domicile de la vallée de Nuuanu à 1h30 ce matin, à l'âge de 50 ans et six mois. La personne décédée n'allait pas bien depuis six ou sept ans, ayant souvent souffert de troubles gastriques et hépatiques, la cause immédiate du décès étant cette dernière. L’aggravation de sa santé est venue de manière inattendue et la mort a été soudaine. M. Peacock est né en Angleterre et, très jeune, a émigré en Australie, où il a vécu jusqu'en 1881, date à laquelle il est venu à Honolulu. Il était accompagné aux îles par Wm. W. Wright, chef de la W.W. Wright Co., Ltd, constructeur de voitures, qui était alors et est resté depuis l'un de ses amis les plus fidèles. Ils sont arrivés ici sur le vieux vapeur Zealandia le 5 septembre de la même année. Au début, M. Peacock a obtenu des petits boulots de comptable puis est entré au service de F.G. Lanahan, marchand d'alcool en gros sur la rue Nuuanu près de King, site actuel de l'immeuble Irwin, en tant que comptable. À la mort de M. Lanahan, lui et le “gouverneur” Freeth ont acheté l'entreprise, mais Freeth a pris sa retraite après quelques années. Lorsque le bâtiment McInenrny a été achevé. M. Peacock a emménagé dans les quartiers actuels de la Peacock Company sur la rue Merchant près du Fort. En 1896, la société Peacock & Company a été constituée et s'est diversifiée dans ses grandes proportions actuelles. À peu près à la même époque, M. Peacock a conçu l'idée d'un grand hôtel moderne sur la plage de Waikiki et a dressé les premiers plans de l'hôtel Moana, qui a été construit peu de temps après par la société Peacock & Company et ses amis. En octobre 1896, M. Peacock se rendit en Australie et y fonda la société Peacock Bros. Après des visites à Honolulu, il revint ici en 1901 pour y rester définitivement ; et bien qu'il ait voyagé un certain nombre de fois depuis, cela a été son domicile. Le défunt laisse à Honolulu une veuve, une fille et une mère...”
La tombe de Walter Chamberlain Peacock, qui repose au côté de sa mère. La pierre tombale leur est commune. Curieusement, les photos de Peacock lui-même sont quasiment introuvables.
Bref passage en Nouvelle-Zélande
Mais qui était donc vraiment ce “whisky man” comme ce type d’hommes d’affaires était appelé à l’époque ? Bien avant de faire construire le premier hôtel de Waikiki, qui fut très vite baptisé “First Lady of Waikiki”, le petit Walter C. Peacock vit donc le jour en 1858 dans un petit port du nord de l’Angleterre, Lancaster (45 000 habitants aujourd’hui), situé sur la côte ouest, face à l’actuelle frontière entre les deux Irlande. Nous n’avons pas recueilli de détails sur sa jeunesse et nous avons retrouvé sa trace vers 1879-1880 en Nouvelle-Zélande. Le jeune homme, visiblement, ne se plaît pas dans cette colonie britannique et préfère s’embarquer en 1881 à bord d’un vieux vapeur à destination de Hawaii. Deux ans plus tard, il y épouse une jeune femme d’origine néo-zélandaise, qui était semble-t-il venue dans l’archipel avec lui. Ils auront, ensemble, une fille.
Peacock, à Honolulu, n’est évidemment pas attendu comme le Messie. Il lui faut trouver du travail pour vivre et il devient donc comptable, ici et là, avant de se fixer dans une entreprise solide, dirigée par Georges Freeth, au 23 rue Nuuanu, société spécialisée dans les spiritueux. A l’époque, c’est bien sûr le whisky qui se vend le mieux et qui rapporte le plus. Freeth n’est plus tout jeune et se retire des affaires en 1890 laissant les commandes à Peacock, âgé de trente-deux ans. Celui-ci, les parts de son ancien propriétaire rachetées, la rebaptise W.C. Peacock & Co. Ltd.
Mais qui était donc vraiment ce “whisky man” comme ce type d’hommes d’affaires était appelé à l’époque ? Bien avant de faire construire le premier hôtel de Waikiki, qui fut très vite baptisé “First Lady of Waikiki”, le petit Walter C. Peacock vit donc le jour en 1858 dans un petit port du nord de l’Angleterre, Lancaster (45 000 habitants aujourd’hui), situé sur la côte ouest, face à l’actuelle frontière entre les deux Irlande. Nous n’avons pas recueilli de détails sur sa jeunesse et nous avons retrouvé sa trace vers 1879-1880 en Nouvelle-Zélande. Le jeune homme, visiblement, ne se plaît pas dans cette colonie britannique et préfère s’embarquer en 1881 à bord d’un vieux vapeur à destination de Hawaii. Deux ans plus tard, il y épouse une jeune femme d’origine néo-zélandaise, qui était semble-t-il venue dans l’archipel avec lui. Ils auront, ensemble, une fille.
Peacock, à Honolulu, n’est évidemment pas attendu comme le Messie. Il lui faut trouver du travail pour vivre et il devient donc comptable, ici et là, avant de se fixer dans une entreprise solide, dirigée par Georges Freeth, au 23 rue Nuuanu, société spécialisée dans les spiritueux. A l’époque, c’est bien sûr le whisky qui se vend le mieux et qui rapporte le plus. Freeth n’est plus tout jeune et se retire des affaires en 1890 laissant les commandes à Peacock, âgé de trente-deux ans. Celui-ci, les parts de son ancien propriétaire rachetées, la rebaptise W.C. Peacock & Co. Ltd.
C’est le développement du tourisme à Hawaii qui avait donné à Peacock l’idée de construire ce palace inauguré en 1901, il y a exactement 120 ans.
Trois saloons à Honolulu
La grande aventure entreprenariale peut commencer pour Walter, qui, très vite, ne se contente pas de vendre de l’alcool en gros. Il ouvre, au titre de sa société, trois bars, trois “saloons” dirions-nous aujourd’hui, le Pacific, le Royal et le Cosmopolitan. Pour le Royal Saloon, il fit bâtir à l’angle des rues Nuuanu et Merchant un bel édifice en briques, dans ce qui était alors le quartier chinois. Pilastres, corniches, balustrades, du stuc blanc ou coloré en veux-tu en voilà, Peacock affiche une ambition esthétique certaine : son saloon se veut un bâtiment beau, accueillant, largement ouvert sur l’extérieur grâce à des fenêtres et même des baies. Chez Peacok, on ne se cache pas pour “picoler”, on fait la fête au vu et au su de tous, dans un certain luxe. Classé au titre des monuments de Honolulu, le Royal Saloon existe toujours, du moins le bâtiment qui abrite de nos jours un pub irlandais.
Le whisky man savait son marché relativement limité (le seul archipel hawaiien), mais il sut s’imposer face à la concurrence et développer son affaire jusqu’à devenir lui-même ce qu’il convient d’appeler un riche homme d’affaires. Peacock commandait sa marchandise en gros –et en tonneaux—et réalisait lui-même la mise en bouteilles, des vins comme des alcools forts. A l’époque, les contenants étaient bien évidemment en verre et Peacock les choisit de teinte légèrement ambrée.
Bien entendu, sa réussite fit des envieux et les histoires colportées sur le compte de la maison Peacock & Co sont nombreuses. Nous en avons retenu une : Peacock avait mis sur le marché trois types de gin, à trois prix différents. Evidemment, les amateurs ne voulaient pas boire le moins cher et c’est donc le plus cher qui se vendait le mieux. Or, assurent les mauvaises langues (de la famille Peacock, l’anecdote les amusant beaucoup), ces trois gins sortaient en réalité des mêmes tonneaux, seule l’étiquette changeait...
La grande aventure entreprenariale peut commencer pour Walter, qui, très vite, ne se contente pas de vendre de l’alcool en gros. Il ouvre, au titre de sa société, trois bars, trois “saloons” dirions-nous aujourd’hui, le Pacific, le Royal et le Cosmopolitan. Pour le Royal Saloon, il fit bâtir à l’angle des rues Nuuanu et Merchant un bel édifice en briques, dans ce qui était alors le quartier chinois. Pilastres, corniches, balustrades, du stuc blanc ou coloré en veux-tu en voilà, Peacock affiche une ambition esthétique certaine : son saloon se veut un bâtiment beau, accueillant, largement ouvert sur l’extérieur grâce à des fenêtres et même des baies. Chez Peacok, on ne se cache pas pour “picoler”, on fait la fête au vu et au su de tous, dans un certain luxe. Classé au titre des monuments de Honolulu, le Royal Saloon existe toujours, du moins le bâtiment qui abrite de nos jours un pub irlandais.
Le whisky man savait son marché relativement limité (le seul archipel hawaiien), mais il sut s’imposer face à la concurrence et développer son affaire jusqu’à devenir lui-même ce qu’il convient d’appeler un riche homme d’affaires. Peacock commandait sa marchandise en gros –et en tonneaux—et réalisait lui-même la mise en bouteilles, des vins comme des alcools forts. A l’époque, les contenants étaient bien évidemment en verre et Peacock les choisit de teinte légèrement ambrée.
Bien entendu, sa réussite fit des envieux et les histoires colportées sur le compte de la maison Peacock & Co sont nombreuses. Nous en avons retenu une : Peacock avait mis sur le marché trois types de gin, à trois prix différents. Evidemment, les amateurs ne voulaient pas boire le moins cher et c’est donc le plus cher qui se vendait le mieux. Or, assurent les mauvaises langues (de la famille Peacock, l’anecdote les amusant beaucoup), ces trois gins sortaient en réalité des mêmes tonneaux, seule l’étiquette changeait...
Voisin de la reine Lili’uokalani
Peacock n’était plus seulement riche, il était alors très riche et ses déplacements fréquents sur le port, pour y réceptionner ses marchandises lui firent vite comprendre que le trafic des bateaux à vapeur ne cessait de croître entre San Francisco et Honolulu et que ces derniers ne transportaient pas que des caisses ou des tonneaux ; à leur bord, on voyait de plus en plus de touristes, des gens qui voyageaient pour leur plaisir, désireux de visiter Hawaii et de profiter de son climat et de ses plages.
Justement Peacock s’était fait construire un luxueux manoir sur la côte est d’Honolulu avec une jetée (le Peacock Pier), face à une très belle plage quasiment déserte, où quelques-uns de ses amis riches hommes d’affaires eux aussi avaient fait bâtir des résidences secondaires : on y trouvait là James Campbell, Franck Hustace, William Irwine, entre autres et même Lili’uokalani, qui fut la dernière reine de Hawaii, de janvier 1891 à janvier 1893.
Le site, une belle plage devant laquelle la mer déroule de belles vagues d’écume, a un charme fou, même s’il ne s’agit en fait que d’une bande de terre aride (il ne pleut que très peu sur ce coin de Oahu) avec, en arrière, des rizières marécageuses dans lesquelles les Chinois font pousser du riz (le site était initialement une vaste tarodière pour la population indigène).
Peacock n’était plus seulement riche, il était alors très riche et ses déplacements fréquents sur le port, pour y réceptionner ses marchandises lui firent vite comprendre que le trafic des bateaux à vapeur ne cessait de croître entre San Francisco et Honolulu et que ces derniers ne transportaient pas que des caisses ou des tonneaux ; à leur bord, on voyait de plus en plus de touristes, des gens qui voyageaient pour leur plaisir, désireux de visiter Hawaii et de profiter de son climat et de ses plages.
Justement Peacock s’était fait construire un luxueux manoir sur la côte est d’Honolulu avec une jetée (le Peacock Pier), face à une très belle plage quasiment déserte, où quelques-uns de ses amis riches hommes d’affaires eux aussi avaient fait bâtir des résidences secondaires : on y trouvait là James Campbell, Franck Hustace, William Irwine, entre autres et même Lili’uokalani, qui fut la dernière reine de Hawaii, de janvier 1891 à janvier 1893.
Le site, une belle plage devant laquelle la mer déroule de belles vagues d’écume, a un charme fou, même s’il ne s’agit en fait que d’une bande de terre aride (il ne pleut que très peu sur ce coin de Oahu) avec, en arrière, des rizières marécageuses dans lesquelles les Chinois font pousser du riz (le site était initialement une vaste tarodière pour la population indigène).
La façade du palace quelques années à peine après son ouverture. Le trafic est aujourd’hui beaucoup plus dense sur Kalakaua avenue...
Le plus bel hôtel jamais vu à Hawaii
Peacock sent que ce spot est prometteur, d’autant qu’il existe déjà sur place un petit établissement, les Long Branch Baths qui offrent à ces fameux touristes l’opportunité de se baigner dans les eaux de Waikiki.
Le principal saloon de Peacock, le Royal Saloon, fait également office d’hôtel et ses chambres sont quasi en permanence réservées, par les représentants de commerce venus du continent mais également par des visiteurs qui ne trouvent pas à se loger à Honolulu.
Le raisonnement du riche Walter est simple : ces touristes veulent tous des chambres et ils veulent tous aller à Waikiki. Pas de problème, il y acquiert une terre et décide d’y faire construire un superbe hôtel, le plus beau que l’on aura jamais vu à Hawaii ; il est vrai qu’à cette époque, les touristes qui venaient à Hawaii avaient les moyens de s’offrir une croisière depuis San Francisco et qu’une fois sur place, il est clair qu’ils avaient aussi les moyens de vivre dans le luxe.
Walter Peacock a des notions d’hôtellerie grâce à ses établissements en centre-ville, il a quelques notions d’architecture comme il l’a montré en faisant bâtir le Royal Saloon, il lui reste à trouver un architecte de talent : ce fut Oliver Traphagen, embauché par la nouvelle société de Peacock, la Moana Hotel Company Ltd. Au capital initial de cent mille dollars, vite augmenté à cent cinquante mille dollars, une fortune pour l’époque. Des entreprises locales assureront la construction en elle-même sous la supervision de l’architecte.
Peacock sent que ce spot est prometteur, d’autant qu’il existe déjà sur place un petit établissement, les Long Branch Baths qui offrent à ces fameux touristes l’opportunité de se baigner dans les eaux de Waikiki.
Le principal saloon de Peacock, le Royal Saloon, fait également office d’hôtel et ses chambres sont quasi en permanence réservées, par les représentants de commerce venus du continent mais également par des visiteurs qui ne trouvent pas à se loger à Honolulu.
Le raisonnement du riche Walter est simple : ces touristes veulent tous des chambres et ils veulent tous aller à Waikiki. Pas de problème, il y acquiert une terre et décide d’y faire construire un superbe hôtel, le plus beau que l’on aura jamais vu à Hawaii ; il est vrai qu’à cette époque, les touristes qui venaient à Hawaii avaient les moyens de s’offrir une croisière depuis San Francisco et qu’une fois sur place, il est clair qu’ils avaient aussi les moyens de vivre dans le luxe.
Walter Peacock a des notions d’hôtellerie grâce à ses établissements en centre-ville, il a quelques notions d’architecture comme il l’a montré en faisant bâtir le Royal Saloon, il lui reste à trouver un architecte de talent : ce fut Oliver Traphagen, embauché par la nouvelle société de Peacock, la Moana Hotel Company Ltd. Au capital initial de cent mille dollars, vite augmenté à cent cinquante mille dollars, une fortune pour l’époque. Des entreprises locales assureront la construction en elle-même sous la supervision de l’architecte.
Un des salons dans l’entrée de l’hôtel.
Salles de bain et téléphones
Peacock voit grand. Voici ce que l’historique officiel du bâtiment, que l’on peut lire dans l’hôtel raconte : “L'hôtel Moana a officiellement ouvert ses portes le 11 mars 1901, inaugurant une nouvelle ère de tourisme pour les îles. Conçu dans l'ancienne architecture de style colonial de l'époque, il comptait 75 chambres et était le bâtiment hôtelier le plus coûteux et le plus élaboré des îles hawaïennes à l'époque. Chaque chambre des trois étages supérieurs possédait une salle de bain et un téléphone –innovations pour les hôtels de l'époque. L'hôtel avait également sa propre usine à glace et des générateurs électriques. Le premier étage comportait une salle de billard, un salon, un salon principal, une bibliothèque, un bureau et une zone de réception. Des colonnes ioniques soutenaient une élégante porte cochère à l'entrée menant à un hall agrémenté de détails en plâtre complexes au plafond. Le Moana, qui signifie “grande étendue d'océan”, a été à la hauteur de son nom avec le couronnement d'une vaste terrasse, sorte de jardin suspendu sur le toit à 120 pieds du sol, éclairé par plus de 300 lampes. Il accueillait des réceptions tout en offrant une vue à 360 degrés sur Waikiki, Diamond Head et l'océan Pacifique”.
Peacock voit grand. Voici ce que l’historique officiel du bâtiment, que l’on peut lire dans l’hôtel raconte : “L'hôtel Moana a officiellement ouvert ses portes le 11 mars 1901, inaugurant une nouvelle ère de tourisme pour les îles. Conçu dans l'ancienne architecture de style colonial de l'époque, il comptait 75 chambres et était le bâtiment hôtelier le plus coûteux et le plus élaboré des îles hawaïennes à l'époque. Chaque chambre des trois étages supérieurs possédait une salle de bain et un téléphone –innovations pour les hôtels de l'époque. L'hôtel avait également sa propre usine à glace et des générateurs électriques. Le premier étage comportait une salle de billard, un salon, un salon principal, une bibliothèque, un bureau et une zone de réception. Des colonnes ioniques soutenaient une élégante porte cochère à l'entrée menant à un hall agrémenté de détails en plâtre complexes au plafond. Le Moana, qui signifie “grande étendue d'océan”, a été à la hauteur de son nom avec le couronnement d'une vaste terrasse, sorte de jardin suspendu sur le toit à 120 pieds du sol, éclairé par plus de 300 lampes. Il accueillait des réceptions tout en offrant une vue à 360 degrés sur Waikiki, Diamond Head et l'océan Pacifique”.
C’est la généralisation du transport aérien qui va véritablement lancer la destination Hawaii, avec pour centre d’attraction Waikiki.
La nuit à 1,5 US $
Les premiers clients de l'hôtel en 1901 furent un groupe de 114 Shriners* accueillis par les Shriners locaux du temple Aloha. Ils payèrent cher, 1,50 $ par nuit pour leurs chambres. Il y a certes longtemps que l’on ne paye plus seulement 1,5 dollar la nuit pour une chambre dans ce qui est devenu un Westin Resort, mais enfin, en 1901, une nuit à ce tarif était un luxe réservé à quelques nantis...
Les biographes de Peacock font remarquer qu’au départ, Peacock ne souhaitait construire que quelques cottages en bord de mer, mais que l’afflux de touristes le décida à passer à la vitesse supérieure en concevant un projet d’hôtel qui devait être la première pierre de la station balnéaire qu’est aujourd’hui Waikiki.
On raconte que Peacock s’investit personnellement beaucoup lors des travaux ; ce serait ainsi lui-même qui aurait mis en terre le fabuleux banian* qui orne aujourd’hui la cour de l’hôtel, face à la plage.
Les premiers clients de l'hôtel en 1901 furent un groupe de 114 Shriners* accueillis par les Shriners locaux du temple Aloha. Ils payèrent cher, 1,50 $ par nuit pour leurs chambres. Il y a certes longtemps que l’on ne paye plus seulement 1,5 dollar la nuit pour une chambre dans ce qui est devenu un Westin Resort, mais enfin, en 1901, une nuit à ce tarif était un luxe réservé à quelques nantis...
Les biographes de Peacock font remarquer qu’au départ, Peacock ne souhaitait construire que quelques cottages en bord de mer, mais que l’afflux de touristes le décida à passer à la vitesse supérieure en concevant un projet d’hôtel qui devait être la première pierre de la station balnéaire qu’est aujourd’hui Waikiki.
On raconte que Peacock s’investit personnellement beaucoup lors des travaux ; ce serait ainsi lui-même qui aurait mis en terre le fabuleux banian* qui orne aujourd’hui la cour de l’hôtel, face à la plage.
Fauché dans sa 51e année
L’entrepreneur à qui tout réussissait avait-il vu trop grand ? Son endettement lui sembla-t-il trop important ? La fréquentation des premières années le déçut-elle ? Se désintéressa-t-il de l’activité hôtelière, lui qui était avant tout un whisky man ?
Difficile de réellement savoir ce qui se passa dans la tête de Peacock, mais un fait est que celui-ci revendit son magnifique palace quatre ans plus tard, en 1905, à Alexander Young, un autre homme d’affaires très connu à Honolulu, qui avait d’ailleurs déjà investi dans des hôtels en centre-ville.
Rapidement, le Moana fit l’objet de travaux d’agrandissement, de modernisation. Walter Peacok, encore très jeune (il n’avait que quarante-sept ans en 1905) se replia sur ses activités traditionnelles et sa fin brutale en 1909 dans sa cinquante et unième année, mit un point final aux projets de celui qui reste aujourd’hui comme celui qui “inventa” Waikiki, qui en fut le visionnaire mais qui ne put assister à la réussite de ce qu’il avait imaginé.
Walter Chamberlain Peacock repose au cimetière d’Oahu, dans une section baptisée “Peacock Plot”. Il y repose aux côtés de sa mère, décédée trois ans plus tard à quatre-vingt deux ans. Margaret et Walter ont une pierre tombale commune. Quant à son épouse, elle regagna après la mort de son mari sa Nouvelle-Zélande natale.
L’entrepreneur à qui tout réussissait avait-il vu trop grand ? Son endettement lui sembla-t-il trop important ? La fréquentation des premières années le déçut-elle ? Se désintéressa-t-il de l’activité hôtelière, lui qui était avant tout un whisky man ?
Difficile de réellement savoir ce qui se passa dans la tête de Peacock, mais un fait est que celui-ci revendit son magnifique palace quatre ans plus tard, en 1905, à Alexander Young, un autre homme d’affaires très connu à Honolulu, qui avait d’ailleurs déjà investi dans des hôtels en centre-ville.
Rapidement, le Moana fit l’objet de travaux d’agrandissement, de modernisation. Walter Peacok, encore très jeune (il n’avait que quarante-sept ans en 1905) se replia sur ses activités traditionnelles et sa fin brutale en 1909 dans sa cinquante et unième année, mit un point final aux projets de celui qui reste aujourd’hui comme celui qui “inventa” Waikiki, qui en fut le visionnaire mais qui ne put assister à la réussite de ce qu’il avait imaginé.
Walter Chamberlain Peacock repose au cimetière d’Oahu, dans une section baptisée “Peacock Plot”. Il y repose aux côtés de sa mère, décédée trois ans plus tard à quatre-vingt deux ans. Margaret et Walter ont une pierre tombale commune. Quant à son épouse, elle regagna après la mort de son mari sa Nouvelle-Zélande natale.
*Les Shriners ou AAONMS, traduisible par Ordre arabe ancien des nobles du sanctuaire mystique, sont une société paramaçonnique nord-américaine fondée par Walter M. Fleming et William J. Florence à New York dans les années 1870.
Ils recrutent leurs membres parmi les francs-maçons du troisième degré.
** Le fameux banian indien avait été planté à la fin des travaux, en 1904 ; c’est Jared Smith, directeur de la station expérimentale
du ministère de l’Agriculture qui fournit un arbuste de sept pieds de hauteur. Il dépasse aujourd’hui vingt-cinq mètres de haut.
Quant au Peacock Pear, long de quatre-vingt mètres environ, il avait été rebaptisé Moana Pier,
mais, construit en bois, il a été démoli en 1931.
Ils recrutent leurs membres parmi les francs-maçons du troisième degré.
** Le fameux banian indien avait été planté à la fin des travaux, en 1904 ; c’est Jared Smith, directeur de la station expérimentale
du ministère de l’Agriculture qui fournit un arbuste de sept pieds de hauteur. Il dépasse aujourd’hui vingt-cinq mètres de haut.
Quant au Peacock Pear, long de quatre-vingt mètres environ, il avait été rebaptisé Moana Pier,
mais, construit en bois, il a été démoli en 1931.
Diversification ratée en Australie
Peacock, pour superviser toutes les activités de sa société, s’était adjoint son frère, Corbert Alfred Peacock.
Désireux de se diversifier et de s’attaquer à un plus vaste marché, les deux frères décidèrent de se lancer dans la vente en gros de matériel agricole en Australie. En 1899 et en 1901, les registres commerciaux de Melbourne font état de l’existence d’une W.C. Peacock et Frère.
La société ne vendait pas que du matériel classique, elle était propriétaire d’un brevet sur une charrue à disques rotatifs que les frères avaient peut-être inventé eux-mêmes puisqu’ils disposaient du brevet.
Ils avaient donc de solides atouts pour réussir et Corbert demeura trois ans en Australie avant de très brutalement revenir à Hawaii.
C’est était fini de l’aventure australienne et de cette diversification pourtant prometteuse, les motifs de cet arrêt subit n’étant pas très clairs... Corbert, à peine revenu, ouvrit lui aussi un saloon à Honolulu, aidé par son frère.
Désireux de se diversifier et de s’attaquer à un plus vaste marché, les deux frères décidèrent de se lancer dans la vente en gros de matériel agricole en Australie. En 1899 et en 1901, les registres commerciaux de Melbourne font état de l’existence d’une W.C. Peacock et Frère.
La société ne vendait pas que du matériel classique, elle était propriétaire d’un brevet sur une charrue à disques rotatifs que les frères avaient peut-être inventé eux-mêmes puisqu’ils disposaient du brevet.
Ils avaient donc de solides atouts pour réussir et Corbert demeura trois ans en Australie avant de très brutalement revenir à Hawaii.
C’est était fini de l’aventure australienne et de cette diversification pourtant prometteuse, les motifs de cet arrêt subit n’étant pas très clairs... Corbert, à peine revenu, ouvrit lui aussi un saloon à Honolulu, aidé par son frère.
La Prohibition de 1915 ruine la Peacok Company
C’est le neveu de Walter Peacock, après son décès, qui prit la tête de l’entreprise d’alcool qu’avait créée son oncle. Mais l’affaire connut des jours sombres lorsqu’en 1915, un décret interdit l’alcool sur tout le territoire de Hawaii, une Prohibition avant l’heure (la Prohibition sur tout le territoire américain fut imposée de 1920 à 1933).
La société mit la clé sous la porte et les saloons et autres établissements, notamment ceux du frère de Walter, Corbet, furent eux aussi obligés de fermer.
Le Royal Building, siège de la société de Peacock a été dès 1916, transformé en immeuble de bureaux loués à diverses entreprises.
La société mit la clé sous la porte et les saloons et autres établissements, notamment ceux du frère de Walter, Corbet, furent eux aussi obligés de fermer.
Le Royal Building, siège de la société de Peacock a été dès 1916, transformé en immeuble de bureaux loués à diverses entreprises.
Toujours aussi luxueux
La façade de l’hôtel aujourd’hui, désormais baptisé “Moana Surfrider, A Westin Resort & Spa” ; une appellation bien compliquée. Pour tous, il reste le Moana...
L’hôtel de Walter Peacock est aujourd’hui baptisé officiellement “Moana Surfrider, A Westin Resort & Spa”. L'hôtel Moana comportait à l'origine 75 chambres comprenant des équipements considérés comme le luxe ultime à l'époque, notamment des téléphones, des salles de bain privées, une salle de billard, un salon, une bibliothèque, un vaste salon et le premier ascenseur électrique du territoire. L'ouverture de l'hôtel a marqué le début du tourisme à Waikiki. Dans les années 1920, Waikiki a connu une nouvelle ère d'urbanisation et les zones auparavant rurales ont été divisées en quartiers. En 1927, Waikiki poursuivait son développement (assez lent à l’époque) avec la construction du Waikiki Natatorium War et du zoo d'Honolulu.
Waikiki devenant une attraction touristique croissante, le Moana était devenu l'hébergement de luxe le plus recherché par les visiteurs. L'attrait de Waikiki a atteint un sommet en 1934 lorsque Harry Owens et son groupe sont devenus des icônes de la musique hawaiienne populaire et ont lancé l'émission de radio de renommée internationale, largement diffusée aux États-Unis, “Hawaii Calls”.
Un lieu historique
Enregistrée depuis la cour du Moana, l'émission a suscité de nombreux voyages et a attiré des célébrités à l'hôtel. De 1941 à 1945, après les bombardements de Pearl Harbor, la Seconde Guerre mondiale a stoppé l'afflux de visiteurs. Le Moana devint une zone de repos et de loisirs pour les soldats et les marins, devenant souvent le dernier arrêt pour ceux qui partaient au front ou le premier arrêt sur le sol américain pour ceux qui revenaient.
Après la guerre, les liaisons aériennes régulières entre le continent et Hawaii (puis des pays étrangers) ont relancé Waikiki et le Moana a rapidement retrouvé sa popularité. En 1952, le Surfrider Hotel a été construit à l'est de The Moana. Lorsque le Moana a été vendu à la chaîne hôtelière Sheraton en 1969, une nouvelle tour a été construite du côté ouest de l'hôtel et le Surfrider est devenu une aile du Moana.
Grâce à des décennies d'excellents services et d'hébergements de luxe, le complexe a connu plusieurs projets de rénovations, d'agrandissements et de restaurations qui ont permis à l'hôtel de maintenir sa réputation de destination raffinée.
Le “Moana Surfrider, A Westin Resort & Spa” est inscrit au registre national des lieux historiques.
Waikiki devenant une attraction touristique croissante, le Moana était devenu l'hébergement de luxe le plus recherché par les visiteurs. L'attrait de Waikiki a atteint un sommet en 1934 lorsque Harry Owens et son groupe sont devenus des icônes de la musique hawaiienne populaire et ont lancé l'émission de radio de renommée internationale, largement diffusée aux États-Unis, “Hawaii Calls”.
Un lieu historique
Enregistrée depuis la cour du Moana, l'émission a suscité de nombreux voyages et a attiré des célébrités à l'hôtel. De 1941 à 1945, après les bombardements de Pearl Harbor, la Seconde Guerre mondiale a stoppé l'afflux de visiteurs. Le Moana devint une zone de repos et de loisirs pour les soldats et les marins, devenant souvent le dernier arrêt pour ceux qui partaient au front ou le premier arrêt sur le sol américain pour ceux qui revenaient.
Après la guerre, les liaisons aériennes régulières entre le continent et Hawaii (puis des pays étrangers) ont relancé Waikiki et le Moana a rapidement retrouvé sa popularité. En 1952, le Surfrider Hotel a été construit à l'est de The Moana. Lorsque le Moana a été vendu à la chaîne hôtelière Sheraton en 1969, une nouvelle tour a été construite du côté ouest de l'hôtel et le Surfrider est devenu une aile du Moana.
Grâce à des décennies d'excellents services et d'hébergements de luxe, le complexe a connu plusieurs projets de rénovations, d'agrandissements et de restaurations qui ont permis à l'hôtel de maintenir sa réputation de destination raffinée.
Le “Moana Surfrider, A Westin Resort & Spa” est inscrit au registre national des lieux historiques.