Il tente de corrompre son gardien et prolonge son séjour en prison


Tahiti, le 20 février 2024 – Ce mardi, un détenu a été jugé et condamné à neuf mois de prison ferme par le tribunal correctionnel pour tentative de corruption active d'un officier pénitentiaire de Nuutania. Un soulagement pour l'officier capitaine, victime de diffamation et lavé de tout soupçon. D'autant que le dossier s'inscrit dans une série noire d'affaires de justice impliquant des surveillants pénitentiaires.
 
L'affaire examinée ce mardi par le tribunal correctionnel constituait “un tout petit dossier en apparence, un dossier sans grande complexité”, avouait l'avocate de l'officier pénitentiaire de Nuutania, victime de tentative de corruption active par un détenu, au début de son plaidoyer avant de mettre l'accent sur un contexte accablant. En effet, au-delà d'une simple tentative de corruption, le détenu en a profité pour discréditer l'officier auprès de ces autres collègues et des détenus, colportant des affirmations mensongères à son sujet. Motivé par un sentiment de vengeance, le prévenu accusait l'officier d'avoir abusé de sa confiance lors d'une affaire impliquant plusieurs prisonniers. Une affaire qui a mal tourné pour ce dernier, passé à tabac après avoir été prétendument dénoncé par l'officier auprès des autres détenus. Sous la colère, l'homme s'était  donc fixé pour objectif de mettre à mal l'officier de quelque manière que ce soit : calomnies, chantages, etc. Des calomnies répandues à une période où, justement, certains agents pénitentiaires tombaient pour fautes graves. Un coup dur pour l'agent et sa réputation après dix-huit années de bons et loyaux services au sein de l'administration pénitentiaire.
 
Convoqué à la barre, le prévenu n'a pas su trouver d'autres explications que la colère pour justifier ses actes. Et si son avocate a bien essayé de mettre en avant une pathologie psychologique, celle-ci n’a pas convaincu le tribunal qui a mis en avant un casier judiciaire bien fourni et surtout une tendance à la récidive évidente.
 
Le procureur a requis 9 mois de prison ferme à l’encontre du prévenu, qui devait sortir de prison dès le mois de juillet prochain. Des réquisitions suivies par le tribunal. Le prévenu devra également verser des indemnisations à la victime à hauteur de 320 000 francs. Et la décision de justice devra être affichée dans les deux centres pénitenciers à la vue des détenus et des autres agents afin de laver l'honneur de l'officier.
 
Un dossier loin d'être anodin pour le procureur : “On a souvent l'habitude d'évoquer la situation carcérale au travers du prisme de la surpopulation et des conditions de détention, mais on parle beaucoup moins des difficultés d'exercice des fonctionnaires de l'administration pénitentiaire”, regrette ce dernier, rappelant également le contexte unique propre à la Polynésie : “Nous n'avons pas la possibilité de déplacer les détenus suite à des comportements répréhensibles. Ils effectuent leur peine uniquement soit à Nuutania, soit à Tatutu. Les agents pénitentiaires sont donc condamnés, d'une certaine manière, à travailler avec ces mêmes détenus quel que soit leur comportement. Ce qui constitue un contexte propice au chantage et à l'exercice de pressions diverses et variées envers les agents pénitentiaires !”
 

le Mardi 20 Février 2024 à 16:44 | Lu 2760 fois