Il faut sauver les oiseaux bavards du roi qui tousse la nuit !


Quelques vallées de Paea et de Punauia hébergent encore les derniers rois de l'île : les Monarques de Tahiti ou 'Ōmāma'o. Les ''Pomarea nigra'', portent fièrement en nom scientifique le nom de la famille royale de Tahiti : la famille Pomare.

Le Monarque de Tahiti est présent uniquement sur Tahiti et nulle part ailleurs au monde
C'est une espèce endémique. Contrairement aux oiseaux des continents habitués aux prédateurs, elle est confiante, curieuse et très bruyante. Elle est également peu prolifique , un œuf par couvée, compensée par une longévité de vingt ans.

Les espèces introduites invasives menacent sa survie
Ces petits oiseaux insectivores,parfaitement adaptés à leur environnent sans prédateur, ne reconnaissent plus Tahiti, envahie par presque autant de menaces que de nouveaux arrivants. Les rats noirs dévastent leurs nids, les oiseaux introduits perturbent les couples pendant la reproduction ou attaquent les poussins, voire même les adultes dans le cas du busard. Des plantes envahissantes et des chèvres se répandent dans certaines vallées modifiant ou détruisant la foret de Mara qui est leur habitat de prédilection

C'est un des 30 oiseaux les plus menacés au monde !
La planète compte 10.000 espèces d'oiseaux, mais seules 28 ont des effectifs aussi faibles* que ceux du Monarque de Tahiti dont moins de 35 individus et douze couples sont actuellement connus.

Sa situation et ses trois noms en font un symbole pour le peuple Polynésien.
Les premiers Tahitiens l'appelaient 'Ōmāma'o, ou 'Ōma'oma'o ce qui veut dire personne bruyante et bavarde et évoque à merveille ses chants sonores qui facilitent d'autant sa prédation. En Français Monarque signifie roi, ce qui en fait le roi des animaux de Tahiti. Mais c'est aussi un roi pour les Tahitien : Vaïraatoa, arii du district de Matavaï, aurait choisi le nom de Pō-mare 'tousse dans la nuit' à cause de son plus jeune fils, malade. C'est le neveu de Napoléon, naturaliste, qui associât le nom de Pomare à celui du Monarque de Tahiti en le nommant 'Pomarea nigra'.

Depuis 1998 la Société d'Ornithologie de Polynésie 'Manu' le protège.
En fonction de ses moyens, car la SOP est une association, elle dératise chaque année les zones basses des vallées de Paea et de Punauia où l'espèce survit pour permettre au monarque d'élever ses nichées. Grâce à ces efforts, en 13 ans plus de 42 oisillons ont pris leur envol. Malgré cela, la population qui vit dans ces zones tourne toujours aux alentours d'une vingtaine d'adultes et de six couples. Ses effectifs sont renouvelés mais ils ne décollent pas. Il y a bien une deuxième population, dans une arrière vallée il y a peu encore inaccessible à cause des nombreuses cascades qui jalonnent son accès. C'est une zone dangereuse, qui se change en torrent en cas de forte pluie. Explorée en 2002, elle abritait environ 30 oiseaux. Ils ne sont plus que 15 en 2010...mais il y a six couples.

La SOP a la possibilité en 2011, si elle affronte les cascades, et surtout le surcout lié à la protection d'une zone deux fois plus étendue qu'avant, de protéger 12 couples dès juillet prochain et d'obtenir deux fois plus de jeunes à l'envol (7 en 2010) qu'avant. Mais elle souhaiterait aussi lutter contre toutes les menaces qui pèsent sur l'espèce : les rats, mais aussi les oiseaux introduits, les plantes envahissantes et les chèvres.

Cela implique un coût supplémentaire qui n'est pas couvert par les subventions du territoire. C'est pourquoi notre association, reconnue d'utilité publique par le territoire, lance pour la première fois en 20 ans un appel auprès des Tahitiens et des entreprises du fenua afin qu'ils s'impliquent financièrement dans la sauvegarde de leur oiseau. Il lui faudrait deux millions de FCP, principalement pour couvrir un salaire supplémentaire de juillet à décembre 2011.

Si vous n'avez pas reçu cet appel et qu'il vous intéresse, n'hésitez pas à nous téléphoner au 52 11 00 ou Scouppe Alain Trésorier de l’association au 571786 .

Nous sommes à votre disposition pour vous rencontrer et vous présenter un dossier plus complet. Et pour connaître un peu mieux notre association, penchez sur le site www.manu.pf



Textes et photo Caroline Blanvillain, avec la complicité d'Alain Scouppe

* source BirdLife International, en excluant 24 espèces 'fantômes' dont on est sans nouvelles depuis des décennies

Rédigé par MANU le Vendredi 24 Juin 2011 à 06:39 | Lu 1976 fois