" Il faut montrer au monde que notre ciel n'est pas fermé "


PAPEETE, le 23 octobre 2017 - French Blue, c'est son nom, est la filiale low-cost de la compagnie aérienne Air Caraïbes. Les dirigeants ont rencontré le Pays et les professionnels du secteur pour leur présenter leur projet de ligne Paris-San Francisco-Tahiti à moindre coût pour les voyageurs. Le ciel polynésien va-t-il s'ouvrir au low-cost? Nicole Bouteau, ministre du Tourisme, y semble favorable.

Le 11 octobre, les dirigeants de la compagnie aérienne Air Caraïbes et de sa petite sœur low-cost French Blue ont rencontré Edouard Fritch, le président du Pays, le vice-président Teva Rohfritsch, le ministre de l'Équipement Luc Faatau et vous, ministre du Tourisme. Quel était l'objet de cette visite?

Les dirigeants ont exprimé leur souhait d'ouvrir une ligne aérienne au départ de Paris/Orly vers l'aéroport de Tahiti-Faa'a, en passant par San Francisco. A l'heure actuelle, le dossier est à l'heure actuelle en cours d'instruction. Nous étudions avec beaucoup d'intérêt leur demande.

French Blue est une filiale de Air Caraïbes et une compagnie low-cost, n'est-ce pas?

Il s'agit d'une compagnie low-cost effectivement. Aujourd'hui, c'est un phénomène que l'on retrouve dans toutes les compagnies aériennes. Souvent, les compagnies dites classiques ouvrent une filiale à bas prix. French Blue est la compagnie low-cost de Air Caraïbes spécialisée dans les destinations tropicales. Elle a été créée l'année dernière. En premier lieu, French Blue a développé une liaison vers la République Dominicaine et La Réunion. A la mi-octobre, les dirigeants sont venus solliciter le Pays pour ouvrir une nouvelle ligne ici. De plus, ils ont aussi rencontré les professionnels du tourisme pour déjà avoir un avis et savoir s'il y a avait un intérêt à l'ouverture de cette ligne, avant même de déposer leur demande.

L'année dernière, Michel Monvoisin, P-dg de Air Tahiti Nui disait que Tahiti n'était pas une destination low-cost. Est-ce que cette demande de French Blue ne va pas à l'encontre de cette vision du pays?

Je pense qu'il y a de la place pour ce type de compagnie au fenua. Cela ressemble un peu à ce qu'avait développé Corsair dans les années 1990. C'est un peu le même type de produit. Ici, nous avons le produit pension de famille. Aujourd'hui, quand nous regardons les chiffres, nous nous rendons compte qu'elles sont à 30% de taux de remplissage. Pour ce type d’hébergement, pour les touristes à plus petit budget voire même pour les résidents, je pense que l'ouverture d'une ligne low-cost est intéressante.

Ce projet ne risque-t-il pas de faire de l'ombre à Air Tahiti Nui?

Cela peut aussi permettre de libérer des places sur Air France et sur Air Tahiti Nui. Les clients d'un tourisme plus haute gamme continueront à venir en empruntant ces compagnies. En ce moment, il est difficile de trouver une place sur ces compagnies, les taux de remplissage sont importants. C'est vrai, la concurrence peut faire peur mais il faut montrer au monde que notre ciel n'est pas fermé, que nous nous préparons à la concurrence. Là, ce que je trouve intéressant c'est qu'ils proposent en plus de passer par San Francisco. En tout cas, nous les y avons incités. Il y a aussi la possibilité de développer ces liaisons via le Canada qui est un marché que nous venons d'ouvrir, avec une représentation implantée depuis janvier dernier.

Air Caraïbes appartient au groupe Dubreuil qui investit aussi dans l'hôtellerie. Est-ce que le groupe est intéressé par ce secteur en Polynésie?

Nous n'en avons pas discuté mais ils nous ont présenté l'ensemble de l'activité du groupe et les liens particuliers qu'ils peuvent avoir avec des opérateurs comme le Club Med notamment, qui était présent en Polynésie mais qui ne l'est plus. Ils nous ont aussi proposé d'être des interlocuteurs pour aider la destination à se développer sur le plan touristique et hôtelier.

Quand est-ce que la décision du Pays sera prise par rapport à cette demande d'ouverture de ligne aérienne?

La décision sera prise avant la fin de l'année.

Pour vous, en tant que ministre du Tourisme, est-ce que ce projet est une bonne nouvelle?

Oui, bien sûr, c'est une bonne nouvelle.

Zoom sur… le groupe Dubreuil et Air Caraïbes

- Le groupe Dubreuil est un groupe vendéen, familial, qui a investi dans les métiers de la distribution, des transports aériens, de l'hôtellerie, des énergies, du bâtiment et de l'immobilier ;
- Selon l'hebdomadaire Le Point, Air Caraïbes et French Blue "vont doubler l'activité aérienne du groupe vendéen Dubreuil grâce à plus d'avions de plus grande capacité", dans l'année qui vient. Toujours selon le magazine, Air Caraïbes est la compagnie française la plus rentable en 2016;
- Dans un communiqué, Air Caraïbes, annonce avoir réalisé un chiffre d’affaires de 379,8 millions d’euros en 2016, soit une progression de 0,3 % par rapport à 2015. La compagnie enregistre un résultat net de 16,2 millions d’euros (près de deux milliards de francs) après impôts et participation-intéressement. En 2015, la compagnie avait réalisé 19,4 millions d’euros (plus de deux milliards de francs). Le communiqué indique qu'Air Caraïbes va distribuer à ce titre, 5 928 euros (707 725 francs) par personne à 840 collaborateurs du pôle aérien.
Nous n'avons pas réussi à joindre les dirigeants pour une interview.

Il y a longtemps, Corsair…

Dans les années 1990, la compagnie Corsair international a opéré pendant plusieurs années des vols low-cost longs courriers à destination de Tahiti. Les offres se complétaient avec celles de la compagnie nationale, Air France.

Rédigé par Amelie David le Lundi 23 Octobre 2017 à 04:00 | Lu 7848 fois