"Il faut insister sur la prise en charge de la petite enfance"


"La vraie prévention se passe dans la petite enfance, de 0 à 5 ans, avec un soutien des parents. Il faut privilégier la prise en charge très précoce des jeunes enfants avec les parents," a insisté le directeur du Fare Tama Hau.
PAPEETE, le 21 novembre 2018 - ​Le Fare Tama Hau a organisé ce mercredi plusieurs activités dans ses locaux de Fare Ute, dans le cadre de la journée mondiale des droits de l'enfant. "Il s'agit de rappeler au public, mais aussi de faire comprendre aux enfants qu'ils ont des droits fondamentaux, comme le droit d'être éduqués, ou d'avoir une famille", a insisté Daniel Dumont, directeur du Fare Tama Hau.

"Un enfant n'est pas seulement un être fragile qu'il faut protéger mais que c'est une personne qui a le droit d'être éduqué, soigné, protégé." C'est ce qu'affirme la Convention Internationale des Droits de l'Enfant adopté par l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1989. Et en 1996 le Parlement français a décidé de faire du 20 novembre la "Journée Mondiale de défense et de promotion des droits de l'enfant".

Une journée célébrée en Polynésie française depuis 2004, sous l'impulsion notamment du Fare Tama Hau. L'établissement a d'ailleurs organisé ce mercredi dans ses locaux de Fare Ute plusieurs activités. D'un côté, l'espace jeune qui a réuni une cinquantaine d'adolescent. Au travers de cinq ateliers, en rapport avec les droits fondamentaux des enfants comme par exemple le droit à la santé, à l'expression, ou encore le droit d'être protégé de la violence. "Au travers de ces activités, il s'agit de rappeler au public, mais aussi de faire comprendre aux enfants qu'ils ont des droits fondamentaux que les adultes doivent respectées", a insisté Daniel Dumont, directeur du Fare Tama Hau.
 

LE ROLE DES PARENTS

Tetau, 13 ans, a participé à ces ateliers. "Je sais que l'on a des droits comme le droit d'avoir une identité, d'être protégé, et le droit d'aller à l'école et d'être éduqué", explique l'adolescent. Avant d'ajouter, "mais je sais aussi que nous avons des devoirs. Comme le respect des adultes, et plein d'autre encore".
 
Un espace était également consacré aux plus petits, âgés de 5 à 11 ans. Ces derniers avaient droit à une chasse aux trésors, des lectures de conte, et à des petits jeux de société. Vaiana a participé à ces ateliers avec ses deux filles. "C'est super d'organiser ce type d'événement", se réjouie la maman. "Les droits de l'enfant pour moi sont quelque chose de très important au sein de notre famille. On essaye de les respecter du mieux que l'on peut, et d'éduquer de la meilleur façon possible nos enfants."
 
L'éducation au sein de la famille. C'est sur ce point que tient à insister Daniel Dumont : " la vraie prévention se passe dans la petite enfance, de 0 à 5 ans, avec un soutien des parents. Il faut privilégier la prise en charge très précoce des jeunes enfants avec les parents. Surtout ici en Polynésie française, où le manque de structures d'accueil pour la petite enfance manque cruellement."
 
En effet à part la commune de Pirae, aucune autre commune du fenua ne dispose d'une structure d'accueil public pour les enfants en bas-âge. Et les garderies privées pratiquent des tarifs qui ne sont pas forcément à la portée de tous les parents.

INTERVIEW

Daniel Dumont, directeur du Fare Tama Hau
"On manque de structures d'accueil pour la petite enfance"
 
Quel est le but de cette opération ?
Il s'agit d'abord de répéter au public tous les ans que les enfants ont des droits, au même titre que les droits de l'homme. Et surtout faire comprendre aux personnes que les droits des enfants, sont des droits fondamentaux. Comme le droit à avoir une famille, le droit d'être éduqué, nourri, logé, être protégé des violences. On ne met pas en face de ces droits, les devoirs des enfants. Dire "bonjour", enlever sa casquette, respecter les adultes c'est de l'éducatif. C'est quand même marrant parce que quand on parle des droits de l'homme, on ne parle pas des devoirs de l'homme. Alors que quand on parle des droits des enfants, les gens insistent beaucoup sur les devoirs des enfants. Eh bien non.
 
On parle du mythe de l'enfant en Polynésie. Quelle est la situation aujourd'hui ?
Il y a certains droits qui sont respectés. Mais il y en a d'autres, par exemple au niveau de la pauvreté où il y a à redire. Je parle notamment du nombre de personnes à la rue, et qui sont de plus en plus accompagnés par des enfants. Et certains aussi ne sont pas scolarisés aujourd'hui. Ce n'est pas très fréquent mais ça arrive. Après notre situation n'est pas non plus des plus dramatiques, comparées à la situation d'autre pays. Mais il y a tout de même quelques problématiques que nous devons régler localement.
 
Est-ce-que vous disposez aujourd'hui au Fare Tama Hau des moyens nécessaires pour agir auprès de ces familles ?
Comme tous les services on aimerait disposer davantage de moyens. Mais il y a tout de même beaucoup d'efforts qui ont été faits, mais évidemment il faut en faire encore plus, en particulier vers la petite enfance, et les adolescents. Il ne faut pas oublier que près de 40% de notre population à moins de 25 ans. Donc c'est principalement vers eux qu'il faut diriger nos actions. Et c'est important également de noter que la vraie prévention se passe dans la petite enfance, de 0 à 5 ans, avec un soutien des parents. Il faut privilégier la prise en charge très précoce des jeunes enfants avec les parents. Surtout ici en Polynésie française, où le manque de structures d'accueil pour la petite enfance manque cruellement. A part Pirae, aucune autre commune ne dispose d'une crèche municipale, ou de garderies municipales. Il y a des garderies privées, mais qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses.

Rédigé par Désiré Teivao le Mercredi 21 Novembre 2018 à 17:38 | Lu 1272 fois