Huri : le musée de Tahiti accueille les artistes du CMA


Tuarii Vecker-Sue.
TAHITI, le 21 juin 2023 - Le musée de Tahiti et des îles accueille jusqu’en novembre prochain une exposition qui présente le travail d’une sélection d’anciens élèves et de futurs diplômés du Centre des métiers d’art (CMA) sur le thème “huri”, en tahitien “retourner, détourner, inverser”. Vernissage, vendredi soir à 18h30.

La sélection des œuvres qui seront exposées au musée de Tahiti et des îles à partir de vendredi est en cours. Il y aura des sculptures de divers matériaux, des gravures, de la couture, de l’impression 3D, des installations… toute une palette de médiums et d’interprétations du terme “huri” choisi comme thème et fil conducteur d’une exposition qui entend montrer la quintessence de ce à quoi donnent lieu les apprentissages dispensés au Centre des métiers d’art (CMA). “Huri” signifie en tahitien retourner, détourner, inverser. De quoi ouvrir une fenêtre intéressante sur la manière dont est perçue par les artistes la Polynésie d’aujourd’hui.

Tiffany Vahinetua.
Pour cet événement ont été invités à créer : des anciens élèves du CMA, des artistes comme Tafe, des enseignants, mais aussi de futurs diplômés triés sur le volet.“Nous cherchons à les amener vers l’univers professionnel en leur faisant comprendre que celui-ci requiert de l’exigence, de la précision et une gestion du temps adaptée”, explique Viri Taimana, le directeur du CMA, au sujet des élèves actuellement en formation. “Toutes les propositions des futurs diplômés ne seront donc pas retenues.”

Interroger la société

Tiffany Vahinetua est étudiante en 1er année de DN Made, le diplôme national des métiers d’art et du design. Son travail est présenté dans le cadre de la “mise en œuvre de projet” de son cursus. Elle doit, non seulement créer, mais aussi être capable d’expliciter le processus créatif et toute la réflexion que cela a impliqué. Elle présente un voilage de dentelle qu’elle a durci avec de la résine et qui représente un corps gisant. Pour obtenir la forme désirée elle a sculpté au préalable un corps dans de la mousse expansive. “J’ai voulu parler des victimes du Covid ; de cette période violente que nous avons vécue et qui a été comme une rupture”, rapporte Tiffany Vahinetua. Elle interroge au passage la société et ses traditions, les veillées et hommages aux défunts dont certaines familles ont été privées pendant l’épidémie. “Quand quelqu’un part, c’est l’occasion de nous retrouver, de partager. On chante, on rit, on pleure, on mange également.” Toute l’importance de cette tradition a été révélée par son absence, mais quelle est sa place ? Quel impact pour celles et ceux qui en ont été privés ?

Manea Macé.
Donner du sens au thème

J’ai choisi pour définition du terme ‘huri’ l’inversion et la transformation”, explique Tuarii Vecker-Sue. Il est en 2e année de BPMA (Brevet polynésien des métiers d’art). Il a réalisé plusieurs bustes, quatre en acide polylactique (PLA ou plastique biodégradable utilisé en impression 3 D) et un en acajou. Ces pièces font sens ensemble. “Je propose une inversion dans le contexte, dans l’esthétique et dans le matériel”, résume-t-il. Ses quatre bustes en PLA représentent des amis, “des gens du quotidien, jeunes, alors que souvent les bustes représentent des personnes célèbres, et plutôt d’un certain âge”. L’un d’eux porte casquette et lunettes. Les couleurs sont vives.

La sculpture en bois, qui le représente, “est une sorte de remerciement personnel, elle témoigne d’un accomplissement. Mais aussi, en parlant de moi, je parle de la jeunesse polynésienne”. Tuarii Vecker-Sue oppose moderne et traditionnel, le connu et l’inconnu.
Pour Manea Macé, le terme “huri” signifie également “inverser, retourner, changer”. Elle a porté son regard dans les étoiles et conçu un dôme, une couronne et un serre-tête. “L’inversion tient au fait que les marins, pour se déplacer, utilisaient notamment les étoiles. Ils regardaient en haut pour se déplacer en bas.” Sa couronne est parée d’une multitude d’étoiles de nacres “pour donner un effet de saturation, comme si toutes les étoiles étaient réunies sur une même tête”.

Toutes ces œuvres, si elles sont retenues, seront présentées au musée de Tahiti et des îles cette semaine. Le CMA prépare en plus une autre exposition en partenariat avec l’institut des récifs coralliens du Pacifique (IRCP). Elle démarrera fin septembre et durera un mois.

Pratique

Du 24 juin au 19 novembre au Musée de Tahiti et des îles.
Vernissage le vendredi 24 de 18h30 à 21h30.
Horaires : le mardi de 8 heures à 16 heures et le mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 9 heures à 17 heures.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 21 Juin 2023 à 16:25 | Lu 857 fois