Huit mois de prison pour avoir voulu "découper les gendarmes en morceaux"


PAPEETE, 11 août 2016 - Un homme de 44 ans a été jugé jeudi en comparution immédiate pour avoir menacé d'incendier une maison et proféré des menaces de mort à l'encontre des forces de l'ordre.

"Quand vous ne buvez pas, ça se passe plutôt bien apparemment", remarque le président du tribunal. Face à lui Vatea*, 44 ans, se tient à la barre cheveux en bataille et mal rasé. L'homme est étonnamment calme. Un comportement auquel il n'avait pas habitué les enquêteurs depuis son interpellation.

Le 7 août dernier, les gendarmes interviennent dans une habitation à Punaauia. Une dispute entre une femme et le prévenu, ivre, vient de dégénérer. Ce dernier s'est emporté et a menacé de faire brûler la maison de son hôte, chez qui il loge depuis trois mois en contrepartie de petits travaux de jardinage.

Lorsque les gendarmes arrivent sur place, Vatea est très agité. Le quadragénaire s'en prend aux forces de l'ordre. Il les menace de mort en leur lançant : "Je vais te tuer ! Je vais tuer tous les gendarmes ! Je vais te découper en morceaux !", relate le président devant la cour. Le 9 août, lors de son placement en détention provisoire, l'intéressé était toujours autant agité. Le tribunal s'est intéressé à l'état de santé mentale du quadragénaire. Vatea est passé dans les mains d'un expert psychiatrique. Celui n'a rien relevé d'anormal.

"PSYCHOPATHE OU PAS PSYCHOPATHE ?"

Pour expliquer son comportement, le prévenu s'en remet à l'alcool : quand il boit, il ne se contrôle plus et perd tout sens de la raison. "Il y a quelques mois, vous avez signé à la Croix Bleu en disant que vous alliez arrêter de boire et de fumer. Une fois cette période d'engagement terminée, vous avez repris les bonnes habitudes…"

Pour le procureur de la République, la folie supposée du prévenu n'est que très peu plausible. Au vu de son casier judiciaire où apparaissent deux condamnations pour outrage à personne dépositaire de l'autorité publique et une pour violence sur les forces de l'ordre, le magistrat s'exclame : "On se demande s'il est psychopathe ou pas psychopathe ? Ce qui est sûr, en tout cas, c'est qu'il ne supporte pas l'autorité !"

Quand à l'explication de son comportement au moment des faits, qu'il justifie par la consommation d'alcool, le procureur ne veut pas l'entendre. "Il n'avait qu'à pas boire ! Il est bien informé de cette incapacité à se contrôler !"

Pour l'avocate de la défense, si son prévenu a agi ainsi c'est "qu'il n'était pas dans son état normal". Le mélange alcool et paka aurait pour effet d'altérer sans commune mesure le comportement du quadragénaire. "De plus, il semblerait qu'il n'ait pas été payé à temps pour ses travaux, il était frustré et cela a dégénéré dans la cabane…". Insistant sur la personnalité de son client, la défense a tenté de démontrer au juge que Vatea avait plus besoin d'un suivi médical que d'être envoyé en prison.

Une plaidoirie que le tribunal n'a entendue que de manière partielle. Vatea est condamné à huit mois d'emprisonnement avec son maintien en détention. Avant de quitter la salle, le président a ajouté :"Ceci est un très sérieux avertissement. Il ne faut pas recommencer ce genre de choses !"

*Le prénom a été modifié.

Rédigé par Amelie David le Jeudi 11 Aout 2016 à 16:37 | Lu 2653 fois