Hirohiti Raapoto grand vainqueur de "Ma thèse en 180 secondes"


Les deux lauréats et le jury de Ma thèse en 180 secondes.
PAPEETE, le 7 mars 2019 - C'est le jeune docteur Hirohiti Raapoto qui a remporté doublé, prix du jury et prix du public, lors du concours Ma thèse en 180 secondes organisé par l'Université de la Polynésie française. Il a réussi à résumer ses travaux de modélisation des courants océaniques et des apports de nutriments dans les eaux marquisiennes en trois minutes, un exploit. Il ira à Paris le mois prochain pour la demi-finale nationale du concours, en compagnie de Penelope Tahutini qui a présenté sa thèse sur les Américains à Tahiti au XIXe siècle.

Pour une première édition, la qualité du concours Ma Thèse en 180 secondes organisé le 6 mars à l'Université de la Polynésie française a impressionné. Le public était nombreux, l'organisation presque parfaite, la captation des vidéos s'est très bien passée… Et surtout les cinq candidats ont assuré des présentations captivantes.

Le principe de ce concours, que nous vous présentions la semaine dernière, est de permettre aux doctorants (les étudiants qui rédigent leur thèse ou ceux qui l'ont terminée l'année dernière) de présenter leurs travaux et leurs résultats en un format très moderne : 3 minutes et pas une seconde de plus. Il s'agit de délaisser le langage technique, et à la place de résumer ses travaux universitaires en une histoire distrayante et compréhensible par tous… Une sorte de One Man Show de la recherche scientifique.

Pour cette première édition, cinq thésards de L'école doctorale du Pacifique se sont prêtés au jeu. Ils ont reçu une dizaine d'heure de coaching, avec essais vidéos, pour se préparer. Et tout ce travail a payé : tous ont été éloquents et ils ont tous réussi à captiver le public.

Mais il ne pouvait en rester que deux. C'est finalement Hirohiti Raapoto qui a raflé le prix du jury et le prix du public grâce à la présentation de sa thèse sur la richesse des eaux marquisiennes. Il nous a raconté comment il a développé des modèles informatiques pour comprendre pourquoi cet archipel est si riche en ressources marines. Il a découvert que les îles, plantées en plein milieu de gigantesques courants océaniques, créent des tourbillons dans leurs sillages qui font remonter les nutriments du fond de l'océan. Il a aussi établi que les rivières marquisiennes suppléaient cet apport avec du fer, pour créer un repas idéal pour les plantons, base de toute la chaîne alimentaire.

Comme deux candidats iront à Paris participer aux demi-finales du concours début avril, un deuxième prix du jury était nécessaire. Il a été attribué à Pénélope Tahutini pour sa thèse sur la très forte présente américaine dans nos îles entre 1770 et 1840. Le fait que Tahiti ait faillie devenir américaine est presque oublié aujourd'hui, sauf dans les noms de famille des habitants de nos îles… un rappel qui a séduit le public et le jury.

Les cinq candidats et leur coach Christophe Batier
Ils nous représenteront donc aux demi-finales à Paris le mois prochain. Mais les autres candidats n'avaient pas démérité. Gaël Mondonneix avait ainsi présenté ses travaux consistant à utiliser l'intelligence artificielle (ou "l'apprentissage machine") pour automatiser le classement des perles de Tahiti selon leur qualité. Marotea Vitrac a présenté son long pèlerinage à travers la Polynésie pour redécouvrir les espèces de cannes à sucre amenées il y a 1000 ans par les premiers polynésiens, qui se révèlent aujourd'hui idéales pour faire du rhum bio. Enfin Deana Wong a présenté le début de ses travaux pour étudier l'impact d'une vie familiale bilingue français-tahitien sur les enfants de Moorea qui arrivent en école maternelle.

Toutes ces présentations pourront très bientôt être revues sur le compte YouTube de l'université : "Université de la Polynésie française UPF". A regarder et à partager sans modération !

Hirohiti Raapoto, docteur depuis l'année dernière, prix du jury et prix du public au concours Ma thèse en 180 secondes

Recevoir les deux prix, ça te donne la pêche pour aller à Paris ?
Ça fait très plaisir en tous cas, il faut l'avouer. Je ne m'y attendais pas vraiment, parce qu'il y avait vraiment de très belles présentations. Maintenant je vais me préparer comme je peux pour aller à Paris, et on verra comment ça va se passer !

Est-ce utile de pouvoir présenter tes travaux et tes résultats à beaucoup plus de gens en Polynésie ?
Je trouve que c'est un exercice que les scientifiques devraient faire beaucoup plus, parce que pour obtenir des financements et poursuivre ces recherche, ça passe par les pouvoirs publics, donc il faut vraiment que l'on puisse s'exprimer et faire comprendre pourquoi ces travaux sont utiles. Mes travaux, pour le moment, sont en train d'être poursuivis par des mesures de terrain, donc il va falloir encore un peu travailler avant de voir les retombées… Mais ceux qui en bénéficieront ce seront nos pêcheurs locaux et la Polynésie française dans son ensemble.

Penelope Tahutini, doctorante en 3ème année de thèse, 2ème prix du jury

Tu vas aller à Paris défendre la recherche polynésienne, vas-tu refaire la même présentations ?
Je pense qu'on aura besoin de l'aide de Christophe pour nous améliorer encore ! Et il va bien sur falloir adopter mon discours un peu plus au public français, qui était aujourd'hui plus destiné aux Polynésiens.

Aujourd'hui tu as captivé la salle, c'était un exercice utile pour un chercheur ?
Oui. J'ai de la chance d'avoir un sujet qui est peut-être plus facile à raconter que les mathématiques ou de la physique. Ça intéresse et ça convainc plus facilement le public. Et j'espère que j'ai réussi à apporter plus d'informations au public sur le sujet des liens historiques entre la Polynésie et les États-Unis… En attendant que ma thèse soit terminée !

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 7 Mars 2019 à 16:15 | Lu 3695 fois