Hina, pilote de taxi boat à Taha’a : rencontre avec une femme inspirante


Taha’a, le 7 février 2024 - Passionnée par la mer et la navigation, Hina a fait de sa passion son métier : pilote de taxi boat. À 26 ans, cette maman assure des rotations entre Taha’a et Raiatea plusieurs fois par jour.
 
C’est une histoire de passion et de famille. Hina, jeune résidente de Taha’a, est devenue pilote de taxi boat entre Taha’a et Raiatea. Une activité qu’elle exerce avec son père et son compagnon. Plus jeune, elle envisageait de devenir professeure d’espagnol, un projet qui ne s’est pas concrétisé pour des raisons financières.
 
En 2016, son père, Atiniu Marcelino, a eu l’idée de faire de ses deux bateaux des navettes publiques. Ses bateaux étaient utilisés jusqu’alors pour des excursions touristiques. Taha’a et Raiatea partagent le même lagon, il était donc indispensable pour les habitants de Taha’a d’avoir accès à ce moyen de transport quotidien.
 
Après le départ de son frère et de sa sœur, Hina a pris la décision de rester pour aider son père. Une révélation à laquelle elle ne s’attendait pas car très rapidement, elle s’est rendu compte qu’elle adorait ça ! Quelques années plus tard, son père a embauché son compagnon, Aranui Tematai, comme capitaine. L’aventure en famille a commencé.
 
Beaucoup de sacrifices, mais aussi de satisfaction
 
Hina travaille du lundi au vendredi et son compagnon travaille également le week-end. Sa journée type commence à 5 heures. Elle quitte Faaaha et après 35 minutes de route, elle récupère son bateau à Poutoru pour le ramener au quai à Vaitoare. Les passagers commencent à embarquer à 6 heures. La jeune mère de famille est de retour chez elle à 17 heures où sa fille l’attend avec impatience.
 
À ce jour, aucun service de transport public n’est assuré entre l’aéroport de Raiatea et Taha’a. En plus des rotations régulières, Hina et son compagnon proposent donc un service de transfert, sur réservation, pour accompagner les clients à l’aéroport. Ils proposent également de faire les liaisons sur les motu pour emmener les résidents et les touristes. Et parfois, certaines demandes sortent de l’ordinaire. Hina cite comme exemple la location de son bateau pour organiser un déménagement ou encore le transport de panneaux solaires et de scooters.
 
Les interactions sociales mêlées au sentiment de rendre service à la population alimentent continuellement l’amour qu’elle éprouve pour son métier. Sa passion pour la mer et la navigation l’aide à relativiser les conditions parfois difficiles. “C’est beaucoup d’heures de travail, il faut vraiment le vouloir et être passionné. Quand il pleut, tu peux rester mouillé toute la journée, il faut prévoir du linge de rechange. C’est un métier qui n’est pas évident pour une femme. Il faut éviter d’avoir l’esprit qui parte ailleurs et rester concentré sur le bateau, surveiller la quantité d’essence, rester disponible pour les clients. C’est aussi beaucoup de sacrifices par rapport à la vie de couple, mais c’est pour mieux se construire et réaliser nos projets. Ce n’est pas évident mais on arrive à trouver des moments en famille.”
 
Transporter des passagers est aussi une responsabilité. Hina y reste très attentive et sa priorité est de les savoir dans les meilleures conditions. Toujours souriante, elle a à cœur de bien accueillir et d’aider ses clients.
 
Petit à petit, de nouveaux taxi boats prennent place au quai de Vaitoare. Hina perçoit cette concurrence comme l’occasion d’investir encore plus d’énergie dans son travail et de continuer à faire évoluer la qualité de ses services.
 
La famille : un soutien indispensable
 
Dépasser sa timidité n’a pas non plus été chose facile. Mais depuis que son compagnon navigue avec son propre bateau, elle n’a pas eu d’autre choix que d’apprendre à la surmonter. Aujourd’hui, elle se sent beaucoup plus à l’aise et a su prendre davantage d’assurance et de confiance en elle.
 
Lorsqu’elle était enceinte, Hina a assuré le transport jusqu’au 7e mois de sa grossesse tout en diminuant le rythme progressivement. Pour elle, le soutien de sa famille est essentiel. Elle a d’ailleurs beaucoup de reconnaissance envers sa belle-mère qui garde sa fille, ce qui lui permet d’appréhender ses journées avec plus de sérénité en sachant son enfant entre de bonnes mains.
 
Bientôt, au quai de Vaitoare, on pourra voir accoster aux côtés des deux bateaux de son père, baptisés Dave et Dave 2, et celui de son compagnon, Matai’Iti, un 4e bateau : celui de Hina. Un projet qu’elle compte bien concrétiser. Aujourd’hui, elle est fière d’avoir réussi à allier passion et métier, qu’elle espère exercer encore longtemps. Un parcours qui pourrait bien inspirer d’autres femmes.

Rédigé par Marie Babin le Mercredi 7 Février 2024 à 10:32 | Lu 7478 fois