Here’iti Vairaaroa, entrepreneuse dans l'âme


TAHITI, le 5 janvier 2022 - Here’iti Vairaaroa est aujourd’hui responsable de communication au Fare Natura de Moorea. Entrepreneuse dans l'âme, elle garde précieusement sa petite entreprise de vidéo mapping, Te Araiti, qu'elle nourrit avec ses projets, des voyages et des rencontres.

Here’iti Vairaaroa est née à Tahiti en 1998 et a grandi à la Presqu’île jusqu’au baccalauréat. Elle a ensuite suivi le cursus de l’École de commerce de Tahiti (ECT). Elle est la fondatrice de la société de vidéo mapping, Te Araiti, créée en 2019 et mise en sommeil par la crise sanitaire.

Elle revient d'un séjour en métropole. Elle avait besoin de "voir autre chose", les villes, la magie des lumières, les expositions du moment. Elle sent que pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, elle doit prendre un peu de distance. Mais en attendant de pouvoir relancer sa société elle explore, se nourrit de voyages et de rencontres.

En France, elle a visité Paris, Toulon, Lyon... Elle a retrouvé des amis sur place, mais a aussi profité de l’occasion pour se retrouver un peu seule. Ce qu’elle a apprécié. "Et puis j’ai enfin pu voir la fête des lumières", s’enthousiasme-t-elle. Un événement à la hauteur de tout ce qu’elle avait imaginé. Elle a par ailleurs été "bouleversée" par une exposition sur Antoine de Saint-Exupéry. "L’histoire d’un passionnée qui force, qui croit en ses rêves et qui fait tout pour les atteindre." Le parcours est guidé par une voix féminine représentant la mère de l’aventurier. "Ce qui m’a touchée en particulier car j’ai moi-même une relation fusionnelle avec ma mère." Chaque instant, chaque rencontre, chaque visite ont nourri Hereiti et confirmé que son propre projet avait du sens.

La naissance d'une passion

Un jour, elle a eu l’opportunité d’écouter une conférence de Philippe Turp lors de rencontres organisées autour du numérique. Cet intervenant était invité pour détailler son initiative intitulée Cité mémoire de Montréal. Il projetait différents temps fort de l’histoire de la ville, faisant de Montréal un musée à ciel ouvert. "Je me suis dit, mais pourquoi ne pas faire ça ici ?"


Elle a sollicité ses camarades de classe, les encourageant à se lancer avec elle dans la création d’une entreprise de vidéo mapping. "Je leur ai dit, allez, on le fait !" La classe sourit. Here’iti Vairaaroa a agi. Elle a été la première à monter une entreprise alors qu’elle était encore étudiante. Elle a orienté toutes ses recherches de stages dans le milieu de la culture, de l’audiovisuel, du tourisme pour tisser des liens, se constituer un réseau. "C’est nécessaire, car j’ai besoin de compétences variées, de personnes ressources pour réussir." Cette démarche la suit depuis.

"Je ne veux pas seulement faire des choses grandioses, je veux aussi faire des choses pour nous, la population. Je veux utiliser le vidéo mapping pour raconter notre histoire, nos légendes. Je veux le mettre au service de notre culture. Mais il faut financer tout cela." Here’iti Vairaaroa travaille à cet équilibre.

Le feu d’artifice 2.0

Le vidéo mapping consiste en la projection d’images, de photographies, de films sur n’importe quelle surface : un mur, un monument, un arbre… Il est possible de recréer des images de grande taille, des univers à 360 degrés. Cela s’appelle aussi la projection architecturale, la fresque lumineuse ou fresque vidéo. "Avec le vidéo mapping, tout est possible. Les seules contraintes sont celles du matériel dont on dispose." C’est une activité sur-mesure qui permet bien souvent d’animer une soirée par exemple et répond aux attentes précises du client. "Ce que j’aime, c’est que les gens qui en profitent sont émerveillés, quel que soit leur âge, comme lors d’un feu d’artifice. Le vidéo mapping c’est le feu d’artifice 2.0 !" En métropole, cette activité se développe énormément. "Je l’ai encore constaté courant décembre." Les potentialités sont grandes.

Te Araiti (qui signifie le petit éveil), la société de Here’iti Vairaaroa, est née officiellement en 2019. "Mais c’est quelque chose que je mûris depuis au moins 5 ans. C’est mon bébé." La startuppeuse a eu à répondre à plusieurs sollicitations rapidement après la création de Te Araiti. "En six mois, j’ai reçu six demandes, ce qui n’est pas rien car à chaque fois les projets sont d’envergure." Il faut imaginer, avec le client, l’histoire à projeter, s’équiper, solliciter des partenaires. La crise malheureusement a mis un coup de frein à Te Araiti. Il n’a pas, par contre, écorné la motivation et l’enthousiasme de Here’iti Vairaaroa. Elle a intégré la cellule de crise sanitaire, a enchaîné avec une période de prestation en communication. "Il a bien fallu que je m’adapte et je pense avoir fait le bon choix. Si je m’étais obstinée à vouloir vivre de mon entreprise, cela n’aurait sans doute pas fonctionné."

Du WAD au Fare Natura

Elle a participé au lancement du World Art Day (WAD) avec l’artiste Valmigot. "Val se charge de la partie artistique, de la relation avec les artistes, moi de la partie logistique." Une première exposition a eu lieu sur le thème Mona Lisa tapa tout dit et l’année suivante sur les peuples de l’eau. En 2022, la manifestation a pour thème Ecoh, elle aura principalement lieu au Fare Natura, en lien avec la galerie Winkler comme pour la première édition. "On est dans la concrétisation de ce mouvement." Une association va voir le jour pour le porter. Ce qui permettra à l’équipe d’aller plus loin. "À Paris, j’ai rencontré la présidente du Conseil national français des arts plastiques (CNFAP) nous allons sans doute instaurer un dialogue entre artistes du fenua et artistes de métropole en 2023", illustre Here’iti Vairaaroa.

Lors de la deuxième édition du WAD sur les peuples de l’eau, Here’iti Vairaaroa est entrée en contact avec l’équipe du Fare Natura. "Au début, je pensais que c’était juste un musée sur la mer, cela me semblait donc tout à fait pertinent de les solliciter." Elle a tissé des liens avec le personnel. Finalement, une opportunité s’est présentée. Elle a été prise au musée pour être responsable communication, artistique et technique. En 2023, elle annonce accueillir la troisième édition du WAD en avril ainsi que Les Mondes anticipés, de Pacific Ventury. "Il y aura des conférences et ateliers sur des thèmes comme l’économie, l‘éducation, l’environnement de demain : à quoi doit-on s’attendre ?". Elle aimerait aussi proposer des événements pour fêter des rendez-vous dans l’année comme Matari’i i ni’a.

"Vu de l’extérieur, on a sans doute l’impression que je vais dans tous les sens, mais c’est tout l’inverse", résume Here’iti Vairaaroa, déterminée. Elle ne cesse de nourrir son projet, de l’affiner. Elle affirme ne pas encore être prête. "J’ai peut-être besoin d’un peu d’expérience ailleurs, hors territoire."


Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 5 Janvier 2022 à 19:41 | Lu 3355 fois