Herbier de Polynésie, un trésor insoupçonné


TAHITI, le 28 novembre 2019 - Il renferme près de 20 000 spécimens de plantes dont certains remontent au début du XXe siècle. L'herbier de Polynésie est un trésor. Il est précieusement gardé au Musée de Tahiti et des îles dans une salle dédiée. Il continue de s'enrichir.

"L'herbier est une collection de plantes séchées, identifiées par des spécialistes", résume Mahinatea Gatio, assistante de conservation des collections naturelles du Musée de Tahiti et des îles. Elle est affectée à l'herbier de Polynésie.

Il compte au moins 18 891 spécimens de plantes vivant sur tout le territoire. "C'est un outil de base pour suivre l'évolution de la flore et suivre cette évolution dans le temps", poursuit Mahinatea Gatio. Cet outil a une histoire.

250 ans d'histoire

Les premières collectes de plantes datent du premier voyage de James Cook (1769). Elles ont été réalisées par le naturaliste Joseph Banks. Des parts de ces premières collectes sont conservées dans l'herbier du British Museum et de Paris.

Entre 1856 et 1859, un inventaire et une collecte de la flore de Tahiti ont été effectués par Jean Nadeaud, botaniste. Les parts de l'herbier de Nadeaud sont pour la plupart conservées dans l'herbier de Paris, mais certaines ont été envoyées en Polynésie.

Jacques Florence, père de l'herbier de Polynésie

Entre 1982 et 1994, Jacques Florence, taxonomiste à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), a fait un inventaire floristique en Polynésie. Il a collecté des plantes à fleurs et des fougères. L'herbier de Polynésie est officiellement né en 1982 à l'IRD.

Sa gestion et sa conservation ont été transférées au Musée de Tahiti et des îles en 1994. Il y avait alors 13 493 parts. Ce chiffre n'a cessé d'augmenter depuis car les collectes continuent.

"Lorsque des spécialistes vont sur le terrain, ils nous déposent leurs récoltes", explique Mahinatea Gatio.

La plante est prélevée dans son intégralité : graines, fruits, feuilles…"On place le tout entre deux feuilles de journal, on le met sous presse, on le passe au séchoir pendant trois jours et au congélateur dans un sachet scellé pour éliminer tous les microorganismes pendant environ sept jours."

Chaque spécimen est fixé sur une feuille de papier canson aux dimensions standard (43 x 27 cm). Un code barre est ajouté, une étiquette qui précise le nom, la famille, le lieu où a été trouvé le spécimen. Cette étiquette est rédigée par le spécialiste qui l'a récolté. Les spécimens ainsi archivés constituent des parts.

Au musée, les parts sont soigneusement conservées dans une pièce dédiée, climatisée. L'ancienne maison du gardien a été réhabilitée en 2017. Elle accueille la collection depuis 2018.

Des démarches sont en cours pour que l'herbier de Polynésie intègre le réseau national et européen des herbiers.

Par ailleurs, Mahinatea Gatio est en train de numériser les parts de l'herbier pour constituer une base en ligne accessible au grand public. Cela permettra de mettre le trésor polynésien à disposition des chercheurs, étudiants, amateurs... du monde entier.


Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 28 Novembre 2019 à 19:16 | Lu 2540 fois