Henua ‘Enana : premier bilan du programme de protection des aires marines marquisiennes


Vendredi 9 août dernier, le cargo mixte Aranui recevait à son bord tous les acteurs du programme PALIMMA – TE HAA TUMU O TE TAI MOANA pour la présentation du premier bilan des actions menées pendant près de 3 mois dans l’archipel marquisien. La Fédération Motu Haka, l’Agence des Aires Marines Protégées, le représentant de la Communauté des Communes, le chef de projet UNESCO et les chercheurs de l’IRD ont ainsi pu prendre connaissances de l’avancée du recensement du patrimoine culturel lié au littoral et à la mer des Marquises.

La première mission du programme PALIMMA – TE HAA TUMU O TE TAI MOANA (Patrimoine lié à la mer en marquisien) s’était déroulée sur une période 7 semaines, du 28 mai au 12 juillet dernier. L’équipe, composée des membres des différents partenaires tels que l’Académie marquisienne, l’Agences des Aires Marines Protégées, du chef de projet UNESCO, l’IRD, ont parcouru les vallées principales des 6 îles habitées du henua ‘Enana (Hiva oa, Tahuata, Fatu Hiva pour le groupe sud, puis Ua pou, Ua Huka et Nuku Hiva pour le Nord), soit 25 au total. Là, ils y ont rencontré un peu plus de 300 personnes représentant toutes les classes sociales. Des jeunes, pêcheurs, artisans, commerçants, membres d’associations culturelles et environnementales, mais également des élus, des chasseurs et des académiciens. Tous ont activement participé à ces échanges.

De ces rencontres, sont nées 56 cartes élaborées en vue d’identifier les éléments patrimoniaux découverts sur les différents sites visités. Bien que le programme PALIMMA – TE HAA TUMU O TE TAI MOANA concerne principalement la faune la flore marine et les activités littorales qui y sont liées, les membres de la mission ont profité de relever de précieuses informations sur des thèmes aussi variés que l’art culinaire, les légendes ou encore la toponymie (l’étude des noms des vallées ou anciennes tribus).

Formation de référentes culturelles

Les visites, rencontres et découvertes ont pu se faire grâce notamment à l’implication de la première équipe de référents « patrimoine ». Elles sont huit jeunes femmes venant de chacune des îles à avoir reçu une formation sur la notion du patrimoine et les enjeux de sa gestion.

Leur participation était d’autant plus appréciable qu’elles connaissent très bien chaque terrain. L’autre avantage et non le moindre, elles ont chacune à leur tour, servi d’intermédiaire et d’interprète entre la population et les membres de l’expédition. Il faut savoir, par exemple, que certaines îles, voire certaines vallées (kaavai en marquisien) utilisent parfois ce que l’on appellerait un « patois ». Bien que la structure de la langue marquisienne soit la même dans les 6 îles, elle diverge cependant selon le contexte et le marquisien qui l’utilise. Prenons l’exemple du nom « nūhe » qui désigne la chenille dans le groupe nord de l’archipel, tandis qu’il voudrait plutôt dire chien, au sud. Selon l’interprétation, le travail de recensement pourrait être faussé. L’intervention de ces « pootu » préfigure la formation et la mise en place d’Agents du Patrimoine, en vue de la gestion des « espaces remarquables aux Marquises, telles qu’envisagées par la Polynésie Française » précise le dossier de presse relatif à cette Première présentation du programme.

Un projet mixte « Société-Gestion-Science » sur le patrimoine maritime marquisien

Toujours selon le dossier de présentation, le programme PALIMMA – TE HAA TUMU O TE TAI MOANA « se penchera avec la population marquisienne sur ce qui constitue le patrimoine culturel lié au littoral et à la mer des Marquises. Ce projet s’inscrit dans la large réflexion menée pour la gestion et la valorisation du patrimoine terrestre et maritime de cet archipel, notamment au travers du processus d’inscription au patrimoine de l’humanité, portée par les autorités de la Polynésie française et les élus de la communauté de commune des iles marquises . »

En attendant, le programme PALIMMA – TE HAA TUMU O TE TAI MOANA sera prochainement présenté au 3ème Congrès International des Aires Marines Protégées IMPAC3 en octobre 2013. Celui-ci doit contribuer à définir une nouvelle vision et de nouveaux outils pour atteindre l’objectif de protéger 10 % des océans en 2020, fixé par la Convention sur la diversité biologique. Un grand « Oho i te ii » donc à ces marquisiennes qui ont décidé de prendre le destin de leur avenir patrimonial, en main. « ‘Ia mēvaha tā kōtou hana mā òto i te meitaì è te vaièi o te ènana ! »

TP



Rédigé par TP le Lundi 12 Aout 2013 à 15:47 | Lu 576 fois