TAHITI, le 9 juillet 2020 - L’association de protection de la vallée de la Punaruu a décidé cette année, exceptionnellement, de ne pas autoriser la cueillette d’oranges. La décision qui, n’a pas immédiatement fait l’unanimité est aujourd’hui acceptée. Les membres de l’association vont nettoyer les plateaux.
Les orangers sont menacés. Les espèces envahissantes gagnent du terrain sur les plateaux. Elles enserrent les pieds qui ne donnent plus de fruits. Dans les années 1990, six à huit tonnes d’oranges pouvaient être savourées, en 2019, deux tonnes seulement ont été descendues des plateaux. “La récolte n’était vraiment pas fameuse”, reconnaît Heimana Haretahi.
Porteur d’oranges, membre du bureau de l’association de protection de la vallée de la Punaruu, il constate aujourd’hui ce qu’il présentait déjà au début des années 2000. “Quand je montais avec mes parents, à la belle époque, je ne voyais que quelques arbustes comme du café autour des orangers. À la fin des années 1990, les espèces envahissantes étaient partout.”
En 2004, Heimana Haretahi qui n’était pas encore membre du bureau avait réclamé le nettoyage des plateaux. Mais sa requête était restée vaine. Les membres avaient préféré planter de nouveaux orangers. “Pour faire quoi ? Mieux vaut entretenir ce que l’on a déjà avant d’en ajouter !”
Cette année, quelques membres inquiets de la situation, ont tiré la sonnette d’alarme. “On en parle depuis des années sans se faire entendre”. Ils ont persévéré. “Je ne veux pas qu’un jour on dise : ‘il était une fois les orangers !’”. Finalement, l’alerte a été entendue. L’association de protection de la vallée de la Punaruu a interdit la récolte d’oranges.
“Les cueilleurs qui monteront pour nous aider à nettoyer pourront manger des fruits sur place et en redescendre pour leur famille, mais le nombre reste très limité”, nuance Heimana Haretahi. Un filet, soit 20 fruits par famille. Le grand public, lui, ne trouvera pas de fruits à vendre en bord de route.
La fameuse fête de l’orange n’a pas eu lieu. Le samedi 20 juin, lors d’une cérémonie traditionnelle, un Unu a été planté à l’entrée de la vallée de la Punaruu pour rendre la terre inaccessible et formaliser la mise en place d’un rahui.
Très chère tradition
Heimana Haretahi, 40 ans, avait 6 ans lorsqu’il est monté pour la première fois au plateau des orangers. “Je suis monté avec ma fille de 4 ans et demi en 2019”, rapporte-t-il pour souligner toute l’importance des traditions.
“Je n’ai, depuis ma première fois, jamais raté une seule saison”, poursuit-il. Il a une entreprise de maçonnerie et s’arrange pour terminer ses chantiers avant l’ouverture de la récolte.
Son père, boulanger, faisait lui-même partie de l’association de protection de la vallée de la Punaruu. Les frères de Heimana Haretahi (ils sont quatre garçons au total) sont tous des porteurs d’oranges. Ses sœurs ont eu des garçons qui à leur tour sont devenus porteurs d’oranges. La famille tout entière, sur trois générations, est très attachée aux oranges et, à travers elle, aux plateaux des orangers.
Au fil des ans, Heimana Haretahi, a vu les plateaux se dégrader. “Le problème c’est qu’avant, on cueillait certes, mais surtout, on nettoyait l’environnement. On enlevait les plantes qui n’avaient pas leur place. Aujourd’hui, les jeunes montent seulement pour récolter.” D’après lui, un porteur d’orange c’est “quelqu’un de responsable, qui porte, nettoie, entretien”.
Dès le 24 juillet 2019 et jusqu’à fin août 2019, Heimana Haretahi est monté à plusieurs reprises avec cinq autres nettoyeurs. Au cours de l’année 2019, des formations de bucheronnage ont été mises en place au sein de l’association.
Les nettoyeurs ont repris leur ascension mi-juin 2020. “On était à peine une dizaine au tout début cette année encore, mais le groupe grossit”, se réjouit Heimana Haretahi. D’après lui, près de 500 arbres envahissants ont été coupés. Une goutte d’eau.
Malgré l’ampleur de la tâche, Heimana Haretahi reste confiant. Il constate que les orangers nettoyés en 2019 ont redonné cette année. La fête, en 2021, s’annonce heureuse. La tradition va perdurer.
Les orangers sont menacés. Les espèces envahissantes gagnent du terrain sur les plateaux. Elles enserrent les pieds qui ne donnent plus de fruits. Dans les années 1990, six à huit tonnes d’oranges pouvaient être savourées, en 2019, deux tonnes seulement ont été descendues des plateaux. “La récolte n’était vraiment pas fameuse”, reconnaît Heimana Haretahi.
Porteur d’oranges, membre du bureau de l’association de protection de la vallée de la Punaruu, il constate aujourd’hui ce qu’il présentait déjà au début des années 2000. “Quand je montais avec mes parents, à la belle époque, je ne voyais que quelques arbustes comme du café autour des orangers. À la fin des années 1990, les espèces envahissantes étaient partout.”
En 2004, Heimana Haretahi qui n’était pas encore membre du bureau avait réclamé le nettoyage des plateaux. Mais sa requête était restée vaine. Les membres avaient préféré planter de nouveaux orangers. “Pour faire quoi ? Mieux vaut entretenir ce que l’on a déjà avant d’en ajouter !”
Cette année, quelques membres inquiets de la situation, ont tiré la sonnette d’alarme. “On en parle depuis des années sans se faire entendre”. Ils ont persévéré. “Je ne veux pas qu’un jour on dise : ‘il était une fois les orangers !’”. Finalement, l’alerte a été entendue. L’association de protection de la vallée de la Punaruu a interdit la récolte d’oranges.
“Les cueilleurs qui monteront pour nous aider à nettoyer pourront manger des fruits sur place et en redescendre pour leur famille, mais le nombre reste très limité”, nuance Heimana Haretahi. Un filet, soit 20 fruits par famille. Le grand public, lui, ne trouvera pas de fruits à vendre en bord de route.
La fameuse fête de l’orange n’a pas eu lieu. Le samedi 20 juin, lors d’une cérémonie traditionnelle, un Unu a été planté à l’entrée de la vallée de la Punaruu pour rendre la terre inaccessible et formaliser la mise en place d’un rahui.
Très chère tradition
Heimana Haretahi, 40 ans, avait 6 ans lorsqu’il est monté pour la première fois au plateau des orangers. “Je suis monté avec ma fille de 4 ans et demi en 2019”, rapporte-t-il pour souligner toute l’importance des traditions.
“Je n’ai, depuis ma première fois, jamais raté une seule saison”, poursuit-il. Il a une entreprise de maçonnerie et s’arrange pour terminer ses chantiers avant l’ouverture de la récolte.
Son père, boulanger, faisait lui-même partie de l’association de protection de la vallée de la Punaruu. Les frères de Heimana Haretahi (ils sont quatre garçons au total) sont tous des porteurs d’oranges. Ses sœurs ont eu des garçons qui à leur tour sont devenus porteurs d’oranges. La famille tout entière, sur trois générations, est très attachée aux oranges et, à travers elle, aux plateaux des orangers.
Au fil des ans, Heimana Haretahi, a vu les plateaux se dégrader. “Le problème c’est qu’avant, on cueillait certes, mais surtout, on nettoyait l’environnement. On enlevait les plantes qui n’avaient pas leur place. Aujourd’hui, les jeunes montent seulement pour récolter.” D’après lui, un porteur d’orange c’est “quelqu’un de responsable, qui porte, nettoie, entretien”.
Dès le 24 juillet 2019 et jusqu’à fin août 2019, Heimana Haretahi est monté à plusieurs reprises avec cinq autres nettoyeurs. Au cours de l’année 2019, des formations de bucheronnage ont été mises en place au sein de l’association.
Les nettoyeurs ont repris leur ascension mi-juin 2020. “On était à peine une dizaine au tout début cette année encore, mais le groupe grossit”, se réjouit Heimana Haretahi. D’après lui, près de 500 arbres envahissants ont été coupés. Une goutte d’eau.
Malgré l’ampleur de la tâche, Heimana Haretahi reste confiant. Il constate que les orangers nettoyés en 2019 ont redonné cette année. La fête, en 2021, s’annonce heureuse. La tradition va perdurer.
Les espèces envahissantes en question
Le plateau appelé communément plateau des orangers est le Tamanu ou Tetamanu. Il s’étend sur environ 400 hectares et compte une dizaine de plateaux.
Le botaniste Ravahere Taputuarai travaille avec une équipe au plateau de Maraeti’a. Ce plateau est riche en arbres endémiques. Ses études portent sur les espèces envahissantes qui sont parmi les plus agressives selon lui : le tulipier du Gabon ou pisse pisse (Spathodea campanulata), le piti (Tecoma stans), le mikania (Mikania micrantha), la pomme calebasse (Passiflora maliformis), le goyavier de Chine dans les zones plus humides (Psidium cattleianum) et le miconia à proximité des cours d'eau (Miconia calvescens), le melinis dans les zones ouvertes (Melinis minutiflora)...
“Nous procédons à l'heure actuelle à des opérations de contrôle des populations de rats sur le plateau, qui dévastent les semences, et nous débutons la gestion des plantes envahissantes au sein de la surface clôturée ; cela concerne dans un premier temps les lianes recouvrant la canopée et tuant à terme les arbres Passiflora maliformis et Mikania micrantha, puis dans un second temps, de manière plus localisée, les petits arbres envahissants Miconia calvescens et Tecoma stans.”
Le plateau appelé communément plateau des orangers est le Tamanu ou Tetamanu. Il s’étend sur environ 400 hectares et compte une dizaine de plateaux.
Le botaniste Ravahere Taputuarai travaille avec une équipe au plateau de Maraeti’a. Ce plateau est riche en arbres endémiques. Ses études portent sur les espèces envahissantes qui sont parmi les plus agressives selon lui : le tulipier du Gabon ou pisse pisse (Spathodea campanulata), le piti (Tecoma stans), le mikania (Mikania micrantha), la pomme calebasse (Passiflora maliformis), le goyavier de Chine dans les zones plus humides (Psidium cattleianum) et le miconia à proximité des cours d'eau (Miconia calvescens), le melinis dans les zones ouvertes (Melinis minutiflora)...
“Nous procédons à l'heure actuelle à des opérations de contrôle des populations de rats sur le plateau, qui dévastent les semences, et nous débutons la gestion des plantes envahissantes au sein de la surface clôturée ; cela concerne dans un premier temps les lianes recouvrant la canopée et tuant à terme les arbres Passiflora maliformis et Mikania micrantha, puis dans un second temps, de manière plus localisée, les petits arbres envahissants Miconia calvescens et Tecoma stans.”
Arrivées en 1767
Les premiers orangers ont débarqué à Tahiti en 1767, avec l’équipage du capitaine Cook. Ils ont été plantés Pointe Vénus. Les oranges ont servi de produits d’échange avec la Californie. Dans la seconde partie du XIXe siècle, 5 à 7 millions d’oranges (1 250 à 1 750 tonnes) partaient pour cet état. Les fruits étaient chargés à la Pointe de Atimaono sur des bateaux américains.
Femmes et enfants enveloppaient une à une les oranges dans des feuilles sèches de pandanus. Elles étaient ensuite placées dans des caisses faites de branches décortiques de purau liées par des lanières d’écorces.
Au début du XXe siècle, les insectes et les maladies (virus de la Tristeza) détruisirent la plupart des plantations. Les orangers survivants sont ceux des plateaux isolés en montagne, notamment à Punaauia.
L’accès au plateau est règlementé par l’Association de la protection de la vallée de la Punaruu (fondée en 1938) qui décide de l’ouverture officielle de la saison chaque année. La cueillette est associée à des manifestations culturelles. Les porteurs descendent avec 30 à 80 kilos de fruits. Le champion a effectué le parcours du plateau au parking de la mairie de Punaauia avec 127 kg sur le dos.
Le plateau est ouvert au grand public un peu plus d’un mois par an à partir de mi-juillet et seulement le week-end.
L’association de protection de la vallée de la Punaruu a édité un livre intitulé “Les porteurs d’oranges, une tradition à Tahiti”.
D’après Tahiti Héritage et la mairie de Punaauia.
Les premiers orangers ont débarqué à Tahiti en 1767, avec l’équipage du capitaine Cook. Ils ont été plantés Pointe Vénus. Les oranges ont servi de produits d’échange avec la Californie. Dans la seconde partie du XIXe siècle, 5 à 7 millions d’oranges (1 250 à 1 750 tonnes) partaient pour cet état. Les fruits étaient chargés à la Pointe de Atimaono sur des bateaux américains.
Femmes et enfants enveloppaient une à une les oranges dans des feuilles sèches de pandanus. Elles étaient ensuite placées dans des caisses faites de branches décortiques de purau liées par des lanières d’écorces.
Au début du XXe siècle, les insectes et les maladies (virus de la Tristeza) détruisirent la plupart des plantations. Les orangers survivants sont ceux des plateaux isolés en montagne, notamment à Punaauia.
L’accès au plateau est règlementé par l’Association de la protection de la vallée de la Punaruu (fondée en 1938) qui décide de l’ouverture officielle de la saison chaque année. La cueillette est associée à des manifestations culturelles. Les porteurs descendent avec 30 à 80 kilos de fruits. Le champion a effectué le parcours du plateau au parking de la mairie de Punaauia avec 127 kg sur le dos.
Le plateau est ouvert au grand public un peu plus d’un mois par an à partir de mi-juillet et seulement le week-end.
L’association de protection de la vallée de la Punaruu a édité un livre intitulé “Les porteurs d’oranges, une tradition à Tahiti”.
D’après Tahiti Héritage et la mairie de Punaauia.
Contacts
Facebook : Association Pour la Protection De la Vallée De Punaruu
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