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Hawaiki Nui Va’a : Richel Moux, président de Shell Va’a, se confie avant la course !


Shell Va'a, un club au palmarès inégalé
Shell Va'a, un club au palmarès inégalé
HUAHINE, le 3 novembre 2014. Shell Va’a est le club qui a le plus gros palmarès, au niveau local comme international. On le jalouse, on l’admire et il ne laisse personne indifférent. En 2013, il gagnait presque toutes les courses locales, gagnait Moloka’i mais terminait 5ème à Hawaiki Nui. L’année 2014 est mitigée avec de belles victoires comme lors du Fa’ati Moorea mais aussi avec cette 2ème place à Moloka’i derrière Edt Va’a qui met fin à une série de 8 victoires à Hawai’i.
 
Edt Va’a, qui a également remporté cette année le Marathon Polynésie 1ère ainsi que la Marara Hoe, est donné comme favori mais Shell Va’a n’a perdu que de 13 secondes lors de la Moloka’i 2014, le 12 octobre dernier ! Il faudra donc, encore cette année, compter sur ce grand club qui devrait faire le spectacle lors de cette course d’anthologie.
 
Richel Moux a bien voulu se confier à Tahiti Infos avec disponibilité et lucidité pour nous livrer ses impressions juste avant le ‘combat final’, la course de va’a la plus difficile du monde, une course inter-île en trois étapes sans changements qui démarre mercredi matin à Huahine. Les rameurs vont devoir parcourir 129 km en trois jours, à la force des bras, en plein Océan Pacifique.

Richel Moux (archives SB)
Richel Moux (archives SB)
Richel Moux, président du club de Shell Va’a :
 
Comment a été vécue cette 2ème place à Moloka’i ?
 
« Tout le monde a été touché, déçu par cette 2ème place, d’autant qu’on ne pouvait en vouloir qu’à nous mêmes. C’est ce qui a été le plus dur, on a commis beaucoup d’erreurs durant cette course. »
 
Malgré tout, perdre de 13 secondes, cela veut dire que l’équipe est en forme ?
 
« Oui, l’équipe est là et bien présente, même pour Hawaiki Nui, on est prêt. On est venu ici pour essayer de gagner cette course, comme la plupart des prétendants. »
 
Comment expliquer la 5ème place en 2013 : pas bien récupéré de Moloka’i 2013 ? Trop d’entraînement ?
 
« Non, au lendemain de Moloka’i 2013 on avait au contraire négligé les entrainements. C’était presque prévisible, j’avais même dit avant la course que je ne comptais pas trop sur la victoire finale de l’équipe. Pour cet événement en trois étapes, on ne peut pas négliger ça et y aller ‘à la petite cuillère’. »
 
Cette année, vous avez recommencé à vous entrainer rapidement après Moloka’i ?
 
« On a surtout analysé les raisons de la défaite et on a changé, entre autre, notre entraîneur, même si on sait que cela ne va pas forcément faire de l’effet dans l’immédiat. On a cherché à se remettre en cause. »
 
Quelles sont les qualités de Roland Teahui, le nouvel entraineur ?
 
« Roland est arrivé dans le club avant moi. Il y est depuis 2001, je suis arrivé l’année d’après, il connaît la maison mieux que moi. C’est nous qui l’avons sollicité, il n’était d’ailleurs pas trop partant. A l’époque où il ramait, il était le capitaine, il assurait la cohésion du club, on espère retrouver cet état d’esprit. Il y a aussi sa façon de conduire une équipe beaucoup plus posée et sa faculté d’être à l’écoute des rameurs, ainsi que sa technique de rame ‘à l’ancienne’, le ‘huuti paari’ qui est propre à l’équipe et que l’on a un peu perdu. »
 
A Moloka’i, il n’y avait qu’une seule équipe, que peut-on dire sur l’effectif du club ?
 
« Contrairement à d’autres clubs, on a toujours tourné autour de 12 voire 14 rameurs, alors on a pas beaucoup d’alternatives mais au niveau de la cohésion c’est plus facile. Avoir une seule équipe, c’est avoir quelques alternatives en cas de méforme de certains rameurs même si cela pose le problème que tout le monde ne rame pas forcément. Aligner deux pirogues alors que le chikungunya pourrait nous laisser démunis avant la fin des trois étapes…Le choix a été difficile mais on va aligner une seule pirogue. »
 
L’objectif est de revenir sur le podium, de gagner ?
 
« C’est sûr que pour tous les clubs comme Paddling ou Opt, on a l’objectif de figurer sur le podium voire de gagner la course. On s’est placés dans cette perspective. Mais c’est ce qui fait la beauté de ce sport, on ne peut rien prévoir sur Hawaiki Nui. On nous prédisait la victoire facile en 2013, on a terminé ‘dans les choux’, l’équipe 1 a même abandonné avant la fin de la 3ème étape. »
 
Cela promet une édition 2014 passionnante,  pleine de suspens pour le public ?
 
« Oui, c’est tant mieux pour le public, même si un concurrent se détache du lot. On entend beaucoup parler d’Edt comme favori cette année, mais on en saura beaucoup plus à la fin de la 1ère étape. On verra bien qui s’est bien préparé pour Hawaiki Nui. »
 
Hiromana Florès parlait dans notre dernière interview, de bonne cohésion, peut-on dire, malgré tout, que Shell a tout pour gagner ?
 
« Disons que l’on a de bonnes dispositions, mais on est pas les seuls à avoir ces bonnes dispositions. C’est à celui qui sera prêt le ‘jour J’. Paddling, que personne ne donnait vainqueur en 2013, était prêt le ‘jour J’. C’est sûr que c’est mieux d’avoir des dispositions convenables, des rameurs prêts, que de venir en totale mésentente. »
 
Il y a toujours ce choix de cap qui est déterminant dans la première étape ?
 
« Dès qu’il y a une course au large le choix de cap est déterminant, dans la première comme dans la 3ème. Personne n’a la solution idéale, beaucoup prétendent avoir cette solution magique mais la nature est très difficile à appréhender. »
 
Doris Hart, dans notre dernière interview, avait fait appel aux grands clubs pour encourager l’aspect formation ?
 
« Pour nous c’est déjà le cas, on a ouvert depuis trois ans une section junior qui obtient de très bons résultats. A l’issue des deux premières années, ont avait gagné presque toutes les grandes courses de l’année. On souhaitait avoir cette école depuis la création du club et quand on a dû déplacer notre zone d’entrainement de Motu Uta vers Fare Ute, on a pu enfin réaliser notre souhait. Certains rameurs senior sont d’ailleurs issus de la catégorie junior. »
 
On a vu Team Opt organiser sa première grande course, Edt a déjà la sienne…
 
« On nous a déjà sollicités, à titre personnel je ne suis pas trop tenté. Dans le cas de litiges ce serait délicat. Je préfère honnêtement ne pas organiser une telle course. Je vois avec ces évènements tels qu’Hawaiki Nui ou autre, que c’est une mobilisation de longue haleine qui nécessite beaucoup de moyens financiers et humains donc pour le moment, je ne le souhaite pas. »
 
Cette année il y a quelques pirogues de France, des Etats Unis, de Hawaii, c’est positif ?
 
« Cette course fait peur aux étrangers, avec ses trois étapes. Ceux qui la font pour la première fois réfléchissent par deux fois avant de revenir. C’est une course extrême au niveau physique, il y a aussi l’aspect financier. La plupart viennent pour apprendre et pour connaître cette course au moins une fois dans leur vie. La participation est donc aléatoire d’une année sur l’autre. Si on voulait la rendre plus populaire il faudrait changer les règles en acceptant les changements mais ce ne serait plus Hawaiki Nui. On peut quand même espérer qu’au fil des années on aura de plus en plus d’étrangers pour ce magnifique événement. » SB

Hawaiki Nui Va’a : Richel Moux, président de Shell Va’a, se confie avant la course !

Rédigé par SB le Lundi 3 Novembre 2014 à 11:15 | Lu 1131 fois