Hau Ma'ohi Ti'ama a ses trois candidats pour les législatives


Tahiti le 02 avril 2022 - Le président du parti Hau Ma'ohi Ti'ama, Tauhiti Nena, a présenté samedi les candidats pour les législatives, Pamela Otcenasek et John Tefan. Tous deux ne sont pas des inconnus du monde politique puisqu’ils ont commencé en 2012 dans le mouvement politique de Quito Braun Ortega.
 
Tauhiti Nena, président du parti politique Hau Ma'ohi Ti'ama, a organisé samedi matin une conférence de presse au fare pote’e de la mairie de Papeete. Il était entouré de certains tāvana et des deux candidats aux législatives : Pamela Otcenasek pour la deuxième circonscription et John Tefan pour la troisième. L'occasion également pour lui de revenir sur les élections présidentielles et d'annoncer que les candidats de son parti ont reçu l'investiture d'Éric Zemmour.

Otcenasek et Tefan, de vieux amis politique

Pamela Otcenasek et John Tefan ne sont pas novices en politique et ont même fait leurs armes ensemble. En effet, alors que Pamela Otcenasek est suppléante sur sa circonscription pour les élections législatives en 2012 avec Te Hiti Tau Api, mouvement politique dirigé par Quito Braun Ortega, John Tefan est le candidat de ce même mouvement dans sa circonscription. Un an plus tard, tous deux remettent le couvert, cette fois-ci pour les élections territoriales, et sont tous deux tête de liste dans leur circonscriptions respectives. Puis en 2018, John Tefan se présente aux territoriales mais cette fois-ci sous les couleurs du Tavini. Il est cinquième de la liste après le tāvana de Faa'a et président du parti bleu ciel Oscar Temaru, Eliane Tevahitua ou encore Moetai Brotherson. Et lorsque Tauhiti Nena le contacte pour qu'il soit le candidat de Hau Ma'ohi Ti'ama, il s'est dit "un petit peu surpris" car "Tauhiti connait plein de gens et pouvait le proposer à d'autres personnes". Quoiqu'il en soi, avant de lui donner sa réponse, John Tefan tient avant tout à s'entretenir avec Oscar Temaru pour lui faire part de sa décision. "C'est sûr qu'il n'était pas très content de ma décision, de mon choix. Mais bon, ce n'est pas un divorce, comme je l'ai dit, l'indépendance c'est un très beau but, mais on ne peut pas atteindre l'indépendance statutaire sans le gouvernement central, c'est impossible"
 
Pamela Otcenasek explique pour sa part qu'elle "en a assez d'être spectatrice sans pouvoir agir" et qu’elle a décidé de "sortir de (sa) zone de confort". Elle explique avoir choisi Hau Ma'ohi Ti'ama car il "incarne" selon elle, "une nouvelle façon de penser et d'agir", et que son président Tauhiti Nena "a fait ses preuves". Elle n'a pas hésité à tacler le gouvernement d'Édouard Fritch sur son manque "d'exemplarité qui n'est toujours pas de mise" concernant notamment l'obligation vaccinale ou encore le mariage de l'ancien vice président Tearii Alpha "qui se sont donnés en spectacle en pleine crise". Cette dernière souhaite d'ailleurs l'abrogation de la TVA Sociale qu'elle considère comme étant un "impôt le plus injuste qui soit, une arnaque (...). Celui qui peine à se nourrir paiera autant que les hauts salaires".
 
De son côté, John Tefan tacle lui les trois députés en place, notamment sur le nombre de leurs absences à l'assemblée Nationale. "On se demande qu'est-ce qu'ils font ? Et où est-ce qu'ils sont ? Il ne faut pas qu'on les voit à la fin du mandat ou avant les élections". Il a d'ailleurs souligné que les candidats du parti Hau Ma'ohi Ti'ama ne sont pas des "alimentaires politique", et qu'ils "n'ont pas besoin de la politique pour vivre".

Zemmour est "un gars ordinaire comme nous"

Tauhiti Nena se dit "confiant" pour le candidat qu'il soutien pour les présidentielles, à quelques jours des élections, même s'il est conscient que "tout va se décider en France" compte tenu du nombre d'électeurs. Il se base entre autres sur les rassemblements organisés par Éric Zemmour "il y avait du monde" et notamment au Trocadéro, où selon ses propos, près de cent mille militants étaient présents, "c'est le seul à avoir rassemblé autant de personnes". Il souligne qu'Éric Zemmour est "un gars ordinaire comme nous", qu'il ne sort pas d'une formation ou d'un groupe politique. Il regrette que "les médias s'acharnent sur lui". Mais pour le président de Hau Ma'ohi Ti'ama "c'est un bon signe et on sait qu'Emmanuel Macron maîtrise les médias, et il doit craindre Éric Zemmour".
 
Le président du parti Hau Ma'ohi Ti'ama,Tauhiti Nena, rappelle également que pour arriver à la souveraineté, il faut d'abord élargir les compétences du Pays au travers de la modification du statut. Cela permettra aussi, selon lui, la protection de l'emploi local."On le voit bien il y a nombre de français qui arrivent et qui prennent même les petits boulots". Pour lui, il est nécessaire qu'une étude soit faite pour comptabiliser les besoins du Pays en terme d'emploi, afin de guider nos étudiants dans le choix de leurs études.

Pamela Otcenasek : "Quand on est dans les hautes sphères, on oublie ce qui se passe en bas"

"Pour tout Pays il est normal d'être souverain. Éric Zemmour demande la souveraineté de la France par rapport à l'Europe donc il est tout à fait évident que la Polynésie soit souveraine également. Qu'elle puisse décider de son avenir, et que la France n'ait pas à décider. Il faut créer un lien ou un rapport gagnant-gagnant. Ce qui doit rapporter à la France doit rapporter autant à la Polynésie.
 
Ce qui me désole, c'est d'entendre le président et tous les effets d'annonce. Je trouve scandaleux de culpabiliser, de demander à la population de faire toujours plus d'efforts et en parallèle, il ne nous montre pas l'exemple. Annoncer devant toute la population qu'on embauche quelqu'un à deux millions de Fcfp et nous, pour accéder à un salaire de 400 000 Fcfp, il nous a fallu plus de dix ans. Moi je dis un peu de décence, et surtout il faut que les élus arrêtent de se donner en spectacle car la population en a marre. Tout le monde est dans sa bulle quand on est dans les hautes sphères et on oublie ce qui se passe en bas, on oublie la réalité à savoir qu'énormément de personne souffrent de toute cette situation. La population veut bien faire des efforts mais que nos élus montrent l'exemple avant".

John Tefan : "Est-ce que la Nouvelle-Calédonie s'est rapprochée de l'indépendance depuis qu'elle est sur la liste des pays à décoloniser ? Je ne suis pas sûr"

" J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Oscar, c'est sûr qu'il n'était pas très content de ma décision de mon choix. Mais ce n'est pas un divorce, comme je l'ai dit l'indépendance c'est un très beau but, mais on ne peut pas atteindre l'indépendance statutaire sans le gouvernement central, c'est impossible. Cela fait 40 ans que la Nouvelle-Calédonie est sur la liste des pays à décoloniser. Nous cela fait à peine onze ans. Il faut se poser la question est-ce que la Nouvelle-Calédonie s'est rapprochée de l'indépendance depuis qu'elle est sur la liste des pays à décoloniser ? Je ne suis pas sûr. Vous posez la question aux Calédoniens, ils vous diront tous que non, ils ne sont pas prêts à être indépendants. Ce n'est pas un défaut pour Oscar Temaru d'avoir soutenu l'indépendance. Au contraire si Oscar Temaru n'était pas là, je ne pense pas qu'il y aurait ce sentiment de patriotisme.
 
Oscar Temaru, c'est le père de, on ne peut pas encore dire l'indépendance car on ne l'a pas encore, mais c'est lui, le moteur de l'indépendance. Mais je crois qu'à un moment donné il faut scorer, il faut marquer le but. Avec Tauhiti Nena on peut l'atteindre, peut-être pas tout de suite, car il faut convaincre nos amis de métropole, le parti qui sera au pouvoir. Mais au moins il y a un début de discussions. Lorsqu'on regarde aujourd'hui, est-ce qu'il y a des discussions avec le gouvernement central ? Les seules discussions c'est comment combler le déficit de la CPS, comment indemniser nos malades. Il n'y a aucune question sur le développement à long terme, et c'est cela qui manque ici. On est toujours dans l'urgence, on a la tête dans le guidon".

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 3 Avril 2022 à 21:24 | Lu 1760 fois