Haro sur le diesel, le gouvernement veut réparer l'"erreur" de l'avoir favorisé


Paris, France | AFP | vendredi 28/11/2014 - Réfutant à l'avance vouloir pénaliser "les plus modestes", le Premier ministre Manuel Valls a relancé vendredi le vieux débat sur le diesel, plus sale mais moins cher, et veut revenir sur l'"erreur" d'avoir donné la priorité à ce carburant.

"En France, le moteur diesel a longtemps été privilégié. Il l'est encore. (...) Cela a été une erreur, il faut progressivement revenir dessus avec intelligence et pragmatisme", a déclaré le Premier ministre lors du discours de clôture de la troisième Conférence environnementale.

Il a immédiatement écarté toute velléité de critique: "Je connais parfaitement le débat. A chaque fois qu'on taxe le diesel, on nous rappelle, et ce n'est pas faux, que ce sont les plus modestes de notre société qui risquent d'en être les premières victimes."

Le chef du gouvernement a promis la mise en place, dès 2015, d'un "système d’identification des véhicules en fonction de leur émissions polluantes", qui "aidera les collectivités à développer des politiques favorisant les véhicules les plus propres".

Le dispositif devrait être effectif début 2015, a assuré la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal: "S'il y a besoin de dispositions législatives, je les inscrirai dans le cadre du projet de loi (sur la transition énergétique) qui revient en débat le 7 février. Donc fin février, tout devrait être mis en place."

Par ailleurs, la prime à la conversion des vieux diesels devrait être élargie, "le gouvernement va y travailler", a affirmé le Premier ministre, ajoutant que "le bonus pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables sera préservé jusqu’à la fin du quinquennat".

- Lecture des plaques ou vignette -

"C'est la première fois que j'entends le Premier ministre dire cela de cette façon-là", a salué la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Emmanuelle Cosse. Estimant que les ménages "ne savent pas comment se débarrasser de leur véhicule parce qu'il n'ont pas les moyens tout simplement d'en racheter un", elle a indiqué que "les aides qu'il y aura à la reconversion des véhicules (...) sont essentielles".

Le gouvernement va maintenant devoir définir la forme que prendra le système d'identification. Il pourrait s'agir d'un système de lecture des plaques d'immatriculation ou de vignettes d'assurance de différentes couleurs selon le degré de pollution du véhicule.

"Je pense qu'il y a déjà beaucoup de techniques qui existent, donc il suffit de généraliser les choses", a souligné Ségolène Royal. Il s'agit du "problème de santé publique majeur par rapport à la pollution de l'air", a-t-elle ajouté, se réjouissant de l'orientation prise en faveur de "l'annulation de l'avantage comparatif du diesel".

- Impulsion forte -

Le défi concerne tout particulièrement l'industrie automobile, alors que 65 % des véhicules vendus depuis début 2014 roulent au diesel, en baisse toutefois de 8 points depuis 2012.

"Notre industrie automobile a toujours été innovante, elle doit continuer à le prouver", a appelé Manuel Valls. "Si on n'aide pas cette mutation, il y (aura) des dégâts industriels en termes d'emploi", a relevé Ségolène Royal. Selon elle, "s'il y a une impulsion forte, et la suppression de l'avantage comparatif du diesel, (...) à ce moment-là on va s'orienter enfin vers le transport durable et le transport propre, et enfin donner une impulsion à la voiture électrique".

Une récente étude a montré que le 13 décembre 2013, au plus fort d'un pic de pollution, les Parisiens avaient inhalé autant de particules que la fumée de huit cigarettes dans une pièce de 20 mètres carrés. Le diesel représente 80% des ventes de carburant en France.

Rédigé par () le Samedi 29 Novembre 2014 à 06:43 | Lu 868 fois