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Harcèlement: "on m'a dit que ça allait passer", puis Marion s'est suicidée


Paris, France | AFP | vendredi 06/02/2015 - "Les adultes sont mieux protégés que les enfants". Pour Nora Fraisse, la mère d'une adolescente qui s'est suicidée en février 2013, victime d'insultes au collège et de harcèlement, la société ne sait pas préserver les jeunes de la violence sur les réseaux sociaux.

Marion avait 13 ans quand, le 13 février 2013, elle s'est suicidée en se pendant à l'aide d'un foulard dans sa chambre. Deux ans plus tard, sa mère Nora publie "Marion, 13 ans pour toujours" (Calmann-Lévy), pour témoigner des souffrances que sa fille a endurées.

Scolarisée en Essonne, la collégienne a laissé une lettre. "Sur l'enveloppe, il y avait marqué Collège Jean-Monnet... C'était pour les élèves", lâche Nora Fraisse, pour qui l'origine du mal-être de sa fille ne fait aucun doute.

"Au fil de l'enquête on a découvert qu'elle avait un compte Facebook", explique la mère de Marion, qui n'en savait rien jusque-là. "Pour moi, c'était 13 ans la limite d'âge pour s'inscrire. Je suis peut-être trop légaliste. Si elle m'avait dit à 13 ans, +donne-moi les clés de ta voiture, je veux conduire+..."

Mais là n'était pas le souci selon elle : "Les ados se conduisent comme ça, en ayant leur part secrète. Son père et moi, on ne l'aurait pas disputée, c'est pas le compte Facebook en lui-même, mais c'est un moyen de communication qui s'est retourné contre elle".

"Même quand les enfants ont un compte Facebook auquel les parents ont accès, ce n'est qu'un compte officiel, ils ont tous un, deux, trois comptes à côté, avec des pseudos, où là tout se partage, où ils ont accès à des vidéos qui ne sont pas de leur âge", déplore-t-elle, ajoutant que les parents ne peuvent pas voir les messages privés.

- 'C'est toujours à la victime de partir' -

Dans sa lettre, la jeune Marion évoque des brimades, des insultes, écrit que sa vie a basculé et implore "je t'en supplie, arrête de me traiter de salope en plein cours !"

Voyant leur fille au plus mal, les parents alertent le collège : "On a demandé à ce qu'elle change de classe, on nous a répondu non, pour des raisons quantitatives... On aurait pu sauver sa vie". Si elle pouvait retourner deux ans en arrière, Nora Fraisse retirerait sa fille "immédiatement": "On m'a dit que ça allait passer... Ça passait pas. Je l'aurais sortie de ce collège de la mort".

Aujourd'hui, alors que la petite sœur de 11 ans de Marion entrera en sixième l'année prochaine, Nora Fraisse veut agir et appelle de ses vœux "une politique nationale", réclame "plus de moyens sur les terrains", "il faut des infirmières scolaires, des assistantes sociales".

"C'est toujours à la victime de partir, morte ou vivante. Les harceleurs, il ne leur est rien arrivé. Y'a pas de sanction, pas de loi. Les adultes sont mieux protégés que les enfants".

Les numéros gratuits pour lutter contre le harcèlement ? Nora Fraisse s'exclame : "Allez-y, donnez-le-moi... 0 800...? Moi, je voudrais un numéro court", et regrette que la ligne ne soit ouverte que de 9H00 à 18H00, "quand les enfants sont en classe, fermé les jours fériés et les week-ends..."

"Aux enfants, on dit +brisez la loi du silence+, et quand ils le font, on leur dit +ça va passer, c'est rien+".

Après le décès de Marion, le collège n'a pas respecté une minute de silence, le principal n'a pas reçu les parents de la collégienne. Une attitude que fustige Nora Fraisse : "Si la mort d'un enfant ne leur fait rien... Je ne leur ai pas laissé une valise en consigne, je leur ai laissé ma chair, ma fille".

Rédigé par () le Vendredi 6 Février 2015 à 06:05 | Lu 826 fois