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Hao fête le lancement des travaux de la ferme aquacole


PAPEETE, le 31 mai 2018 - Wang Cheng, président directeur général de Tahiti Nui Ocean Foods, a organisé, hier à Hao, une cérémonie pour fêter le lancement des travaux du projet de ferme aquacole avec la population de l’atoll.

Cette manifestation s’est tenue en présence d’Edouard Fritch, président du Pays, René Bidal, représentant de l’État en Polynésie française et du maire de Hao, Théodore Tuahine.

"C’est un grand jour de fête pour l’atoll. Ça fait plus de quatre ans qu’on attendait ça !" se réjouit Etienne, un habitant de Hao. Toute la population de Hao était au rendez-vous pour la cérémonie officielle organisée pour marquer l’entrée en phase de réalisation du projet aquacole de Tahiti Nui Ocean Farms. Exceptionnellement, l’école et le collège étaient fermés, hier, afin que les enfants puissent assister au spectacle des moines shaolin, venus à Hao pour l’occasion.

Officiellement, c’est le lancement des travaux de la ferme aquacole, comme le souligne Wang Cheng, le président directeur général de Tahiti Nui Ocean Foods : "Le 12 mars 2018, nous avons commencé le chantier avec des relevés topographiques et des travaux de terrassement. Cette cérémonie aujourd’hui est pour annoncer à la population de Hao que le projet de la ferme aquacole de Hao entre dans sa phase de construction", indique l’homme d’affaires chinois.

Le projet de la ferme aquacole a pris près de trois ans de retard. En novembre 2015, Wang Cheng annonçait une fin des travaux prévus pour novembre 2017. Mais les travaux n’ont réellement commencé que le 12 mars dernier. "Ce projet a eu du mal à se mettre en place parce qu’il y a beaucoup d’argent en jeu. Le projet a nécessité le rassemblement de plusieurs forces. Elles ont toutes été au rendez-vous. C’est l’union de toutes ces forces qui fait que ce projet peut enfin voir le jour", souligne le président du Pays.

Si Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF) et le président du Pays se sont fait un point d’honneur à ce que la protection de l’environnement soit au centre des préoccupations, la population demeure inquiète.

Étienne est revenu à Hao il y a quatre ans. Il soutient ce projet, mais ne peut pas s’empêcher de craindre pour l’avenir. "On peut dire que c’est une bonne chose effectivement. Après, il faudra voir quelles seront les conséquences dans plusieurs années. Nous avons déjà eu l’expérience du CEP (Centre d’expérimentations nucléaires du Pacifique, NDLR) et de toute la ferraille qu’ils ont jetée dans le lagon".

Plus loin Armelle n’est pas non plus opposée au projet chinois, néanmoins elle a quand même des craintes pour l’environnement : "Ce projet fait quand même peur. Personnellement, je me pose des questions pour le lagon. Il y a beaucoup de pêcheurs ici. Je ne sais pas comment ce sera plus tard. Quelles seront les conséquences de ce projet ? "

Conscients des inquiétudes de la population, Wang Cheng et Edouard Fritch se veulent rassurants. "Nous avons la confirmation que la norme ASC a été demandée. (Label visant la préservation et la régénération de l’environnement : NDLR). Ça devient une nécessité pour eux d’avoir ce label s’ils veulent attaquer le marché européen ou le marché américain", assure le président Edouard Fritch. Il ajoute "La grande nouveauté est quand même la construction, ici à Hao, d’un centre de Recherches financé par la société Tianrui qui est la société mère de TNOF. C’est intéressant. Vendredi, ils signeront une convention avec l’Université de Polynésie française afin de pouvoir travailler ensemble. Ce ne seront pas que des chercheurs chinois".

De son côté, Wang Cheng indique "nous vous assurons que nous allons respecter la réglementation polynésienne. Nous ne voulons pas d’un traitement de faveur. » Il poursuit, la question de l’environnement est une des questions qui nous préoccupe le plus. C’est pourquoi nous avons diligenté une équipe d’experts de l’université de Shanghai. Nous pensons que leurs connaissances peuvent nous être utiles dans la ferme aquacole".

Après les festivités, Wang Cheng, René Bidal et Edouard Fritch ont procédé à la signature d’un parchemin commémorant la pose de la première pierre de la ferme aquacole. La délégation a ensuite entreposé ce parchemin dans la première pierre de la ferme aquacole. À l’emplacement même où devrait se trouver le centre de recherche, symbole de l’engagement pour l’environnement du Pays et de l’entrepreneur dans ce projet.
Le maire de Hao, Rodolphe Tuahine s’est quant à lui félicité de ce lancement des travaux. "C’est une victoire pour Hao", conclut-il ravi.

Comment va fonctionner la ferme aquacole à Hao ?

Le site industriel de Tahiti Nui Ocean Foods qui sera construit à terre concerne l’écloserie. C’est là que seront élevés les alevins, mais aussi que seront fabriqués les aliments pour les poissons. C’est aussi là que se feront la préparation et la transformation des produits pour l’exportation.

Sur le site se trouveront également, le centre de recherches, des bâtiments de vie face à la mer pour les employés et des résidences pour les cadres, une station de désalinisation d’eau de mer, une centrale électrique et une station d’épuration.

Le mode opératoire "reste à être défini et précisé" indique Wang Cheng, P-dg de Tahiti Nui Ocan Foods. Néanmoins le fonctionnement de base consistera en une sous-traitance de l’élevage des juvéniles par des prestataires locaux qui devraient être choisis par les communes elles-mêmes.

Ainsi Tahiti Nui Ocean Foods, fera éclore les œufs et s’occupera des alevins qui grandiront en bassin jusqu’au stade de juvéniles. Une fois qu’ils seront assez grands, ils sous-traiteront le grossissement en cage. La production s’intéresse aus loches, aux mérous et aux napoléons. Les cages seront fournies par TNOF qui rachètera ensuite les poissons, les préparera, les transformera et les conditionnera pour l’exportation.
L’objectif serait d’atteindre, pour le seul atoll de Hao, le chiffre de 50 000 tonnes de poissons exportés, par an, d’ici 10 ans. "Nous voulons procéder par étapes et ne pas nous précipiter. Nous atteindrons sans peine les 50 000 tonnes poissons dans dix ans".

Ce projet devrait créer environ 400 emplois pour la phase de construction, puis environ 250 sur terre pour la phase d’exploitation et nécessiter environ 200 aquaculteurs. 90 % des salariés de la ferme aquacoles devraient, à terme, être des emplois locaux.

Tahiti Nui Ocean Foods s’est engagé avec le Pays pour un investissement à hauteur de 32 milliards de francs sur cinq ans, sur le site de Hao. Les travaux devraient durer entre 24 et 30 mois et les premières exportations commencer au plus tard en 2021.


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Vendredi 1 Juin 2018 à 07:52 | Lu 2405 fois