Hao, Atimaono : Grandes manœuvres foncières pour projets à venir


Les installations de la ferme aquacole vont nécessiter une trentaine d’hectares à Hao. TNAD vient de se voir attribuer la gestion de 32 hectares de domaine public sur l’atoll dans la zone aéroportuaire et dans l’ancienne zone de vie de l’ex base militaire.
PAPEETE, 16 juin 2014 - 32 hectares de terres domaniales viennent d’être affectés à Tahiti Nui Aménagement et Développement sur l’atoll de Hao ; par ailleurs l’établissement de Teva s’est vu, pour sa part, affecter la gestion de la totalité des 1 544 hectares du domaine d’Atimaono. Le Pays est toujours en plein préparatif de deux sites importants pour des projets de développement.

Un arrêté signé le 11 juin dernier par le ministre du logement et des affaires foncières affecte 32 hectares de terres domaniales au profit de l’établissement public Tahiti Aménagement et Développement (TNAD). Ces huit parcelles (la plus petite de 1 100 m2, la plus grande de 100 000m2) font partie du domaine public de la Polynésie française. La valeur comptable de ces parcelles est fixée, selon l’arrêté ministériel à 1600 Fcfp en moyenne par m2, soit un total de 512,4 millions de Fcfp. Il est précisé encore dans l’article 2 de l’arrêté que "cette affectation est destinée à la mise en œuvre de projets d'aménagement et de développement" mais aussi dans l’article 4 que "tous travaux de construction et d'aménagement seront soumis à l'obtention préalable des autorisations réglementaires nécessaires en la matière".

Il n’est jamais indiqué dans l’arrêté ministériel si ces 32 hectares entreront ou non dans le périmètre du vaste projet de ferme aquacole avec les investisseurs chinois de Tian Rui International Investment. Personne au ministère des affaires foncières ne s’avance à donner des précisions à ce sujet. Le message officiel est que ces 32 hectares de terres domaniales sont affectés à TNAD dans le cadre de projets de développement sur l’atoll.

Toutefois, on sait que les installations de la future ferme aquacole nécessiteront près de 30 hectares de terrain : les investisseurs chinois auraient, lors de leur dernière visite sur le terrain à Hao au début du mois de mai, manifesté leur intérêt pour des parcelles situées au nord de l’atoll –à proximité de la piste de l’aérodrome et du quai maritime-, là où existaient autrefois les installations logistiques du CEP (Centre d’expérimentation du Pacifique).

Or, nouvelle coïncidence, ces parcelles domaniales qui viennent d’être confiées en gestion à TNAD étaient également dans cette zone utilisée autrefois par les militaires français de la base arrière du CEP. Les terres Heiheimanu et Farakao sont situées dans la zone aéroportuaire nord et sud de l’atoll de Hao ; la terre Motufano était une ancienne zone de décontamination des vecteurs aériens du temps du CEP et Terukuga était située dans la zone de vie du CEP. Toutes ces parcelles domaniales ont été réhabilitées, dépolluées si besoin était également au cours des années 2010 et 2011 si l’on en croit les programmations des travaux prévues par les militaires chargés de remettre en état ces sites.

Hao : 1600 Fcfp le m2

Enfin, cet arrêté ministériel portant affectation de 32 hectares de terrain du domaine public de la Polynésie française à TNAD en vue d’un projet de développement a été signé le 11 juin dernier par Marcel Tuihani, le ministre des affaires foncières. C'est-à-dire six jours seulement après que les représentants de l’assemblée de Polynésie française ont reporté l’examen d’un projet de Loi du Pays pour mettre en place une procédure d’expropriation accélérée de certaines parcelles privées : près de 18 hectares sur les 30 nécessaires pour le projet de ferme aquacole étaient alors visées.

Faute d’obtenir cette Loi du Pays pour prendre possession immédiate de parcelles privées, le gouvernement a peut-être opté pour une mise à disposition de ses propres terres. A moins que ces parcelles publiques servent, à terme, à indemniser les propriétaires privés de Hao dans le cadre d’échanges de terres qui ont parfois été évoqués pour faire passer la pilule amère des expropriations. Mais personne n’a voulu confirmer ou infirmer, officiellement, cette possibilité.

Il est enfin à noter que les parcelles du domaine public de Hao mises à disposition à TNAD via cet arrêté ministériel sont évaluées à un prix moyen de 1600 Fcfp le m2. Une estimation bien plus élevée que celle avancée jusqu’ici pour les indemnisations des propriétaires privés de Hao visés par les expropriations. Selon le maire de Hao, début juin, la commission des évaluations immobilières, avait fixé le prix du m2 à Hao entre 300 et 500 Fcfp, ce qui apparaissait trop faible. Le tavana de la commune, Théodore Tuahine espérait alors obtenir au moins 1 000 Fcfp/le m2 (voir Tahiti Infos N°194 du 3 juin 2014).

Atimaono : un immense domaine de 1 544 hectares

Autre site d’un futur vaste aménagement souhaité par le gouvernement polynésien, celui de domaine d’Atimaono à cheval entre les communes de Papara et Teva i Uta (Mataiea). Autour du golf international de Papara, des investisseurs privés (chinois via la compagnie aérienne Hainan Airlines) semblent intéressés pour l’installation d’un complexe touristique relativement important, en même temps que le rachat d’hôtels à Moorea et à Bora Bora.

Les dernières discussions informelles entre ces investisseurs et le Pays laissaient envisager une capacité hôtelière de 500 à 700 chambres autour du golf d’Atimaono et en bordure d’océan, ce qui nécessite une emprise foncière relativement vaste.

Or, selon un arrêté du ministre du logement et des affaires foncières signé le 5 juin 2014, les parcelles domaniales du domaine d’Atimaono forment un ensemble de 1544 hectares dont la gestion vient d’être affectée à l’établissement de gestion et d’aménagement de Teva (EGAT).

L’arrêté ministériel indique que "cette affectation est destinée à la gestion et la réalisation des objectifs d’aménagements notamment touristiques, agricoles et forestiers définis par le Conseil d’administration de l’établissement". Cet ensemble domanial immense réparti en 33 parcelles sur la commune de Papara et 13 parcelles à Teva i Uta est évalué à 41,6 milliards de Fcfp.

Mais la propriété par le Pays de ces terres du domaine d’Atimaono est contestée. Une manifestation pacifique est ainsi prévue pour demain, mercredi 18 juin à Papara.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 16 Juin 2014 à 15:17 | Lu 2155 fois