Handicap : l'accès à l'emploi et aux transports, points clés à travailler pour le Pays


De nombreux membres d'associations et personnes en situation de handicap étaient présents lors des restitutions des Assises polynésiennes du handicap ce vendredi à Papeete. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 26 mai 2023 – Les restitutions des Assises polynésiennes du handicap s’est tenue ce vendredi, sous le chapiteau de la présidence. Cette année, les deux sujets évoqués ont été l'inclusion socio-professionnelle des travailleurs handicapés et l'accessibilité.
 
C’est dans une ambiance de chants, de musique et de danses, qu'on eut lieu les restitutions des Assises polynésiennes du handicap ce vendredi, sous le grand chapiteau de la présidence. Pour rappel, ces assises se sont déroulées lors des Journées polynésiennes du handicap, du 26 au 28 avril dernier. Il s'agissait donc, après un mois, de rendre public les informations recueillies pendant ces journées. Les sujets étaient : l'inclusion socio-professionnelle des travailleurs handicapés et l'accessibilité. Vendredi des représentants du gouvernement, les parlementaires, des présidents et membres d'associations mais également des personnes en situation de handicap étaient réunis pour assister à la conclusion de ces travaux, dans une ambiance chaleureuse, portée par quelques jeunes handicapés de la Fraternité chrétienne qui ont chanté et joué de la musique pour l'occasion.
 
Pour rappel, les Assises, créées en 2017, ont vocation à rassembler les forces vives du pays, afin d'établir une feuille de route vers “une Polynésie plus inclusive”. Ces dernières années, elles ont donné lieu à plusieurs avancées, comme l'extension de l’Obligation d'emploi des travailleurs handicapés (OETH), à l'ensemble de la fonction publique territoriale, le financement de postes chargés d'inclusion sociale et professionnelle et même à l'adoption d'une loi du Pays pour rendre possible le cumul de l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) de base avec un revenu professionnel. Chaque année, des sujets sont donc mis sur la table et avec à l'aide de questionnaires et d'échanges entre des personnes handicapées et d'autres issus d'organismes publics et privés, il est question de mettre en avant les freins à l'inclusion et d'établir des solutions éventuelles.
 
Accès à l'emploi...
 
Les deux sujets des assises de cette année, qui sont donc l'accès à l'emploi et aux transports en commun, sont deux des points clés de l'inclusion des personnes handicapées. La première restitution de la matinée a concerné l’accès à l'emploi. Parmi les principaux freins relevés, on retrouvait : “La lourdeur administrative ; l'inadaptation des mesures relatives à l'obligation d'emploi des personnes reconnues travailleurs handicapés ; l'absence de couverture sociale et de rémunération de la tierce personne accompagnant un travailleur handicapé de catégorie C ; la méconnaissance des demandeurs d'emplois” ou encore tout simplement “l'insuffisance de communication”. Toujours dans l’optique d’apporter des réponses aux problèmes soulevés de nombreuses solutions pour répondre à ces freins d'accès à l'emploi ont également été listées, parmi lesquelles : “Créer des forums de l'emploi pour les travailleurs handicapés ; sensibiliser et former les employeurs ; créer un cadre juridique pour les personnes accompagnantes ; recruter des médecins de mains-d'œuvre” ou même “faire évoluer l'OETH”. 
 
... Et aux transports en commun
 
Même chose concernant le sujet l'accès aux transports en commun. Une problématique que connaissent bien les associations qui aident ces personnes, comme le centre Papa Nui, qui accueille des jeunes atteints de trisomie 21 et de déficiences mentales. “Le transport pour nous, il est primordial”, a insisté le directeur du centre, Stéphane Marandin. “Nous, nous sommes très inclusifs et donc très mobiles, car nous avons sans arrêt des jeunes dans des clubs de sport, en stage...” Lors de cette deuxième restitution, de nombreux freins ont également été mis en lumière comme les problèmes que rencontrent les personnes à mobilité réduite pour monter dans un bus ou les difficultés financières auxquelles ils doivent faire face pour s’équiper d’un véhicule aménagé. “Nous par exemple, même si on est bien accompagnés par le Pays, au niveau des investissements c'est compliqué. On demande depuis deux années un nouveau véhicule, car bien que nous possédions déjà un service de transport, tout ça coûte cher, très cher. Surtout pour les réparations et l'aménagement...”, a commenté Stéphane Marandin. Afin de pallier ces problématiques, les solutions proposées par les assises sont simples : rendre accessible aux handicapés les transports en commun, avec notamment l'installation de rampes et de dispositifs sonores pour les déficients visuels, mais également en formant les chauffeurs à la prise en charge des personnes handicapées.
 
Bien sûr, pour l'instant toutes ces solutions, que ce soit pour l'accès à l'emploi ou aux transports, restent du domaine de l'hypothétique. Mais ces assises permettent, comme les Journées polynésiennes du handicap et d'autres événements semblables, de sensibiliser le grand public et les décideurs aux problèmes que rencontrent les personnes en situation de handicap dans leur quotidien. Les conclusions restituées vendredi présentent des solutions pratiques au gouvernement et aux élus pour faire évoluer les choses.
 

Nathalie Salmon, déléguée interministérielle au handicap : “On ne peut pas imposer nos différences”

Crédit photo : Thibault Segalard.
Qu'est-ce que vous allez tenter d'apporter au sein du gouvernement avec votre rôle de délégué au handicap ?

"Je vais tenter d'apporter dans chaque décision le regard du handicap, car jusqu'à présent il manquait dans les prises de décision. Et plus globalement, participer aux grandes actions prévues par le gouvernement. Notamment au niveau de l'accessibilité, que ce soit pour les personnes à mobilité réduite, aveugle..."
 
Ces Assises sont également un moyen d'améliorer la visibilité des personnes handicapées et par conséquent l'inclusion ?
 
"Tout à fait. J'ai toujours dit que quand on parle d'inclusion, on doit aussi penser à montrer nos différences. Car on ne peut pas imposer nos différences. Je l'ai vécu moi-même. Il faut que les gens nous voient, qu'ils échangent avec nous pour nous comprendre et qu'ils nous acceptent. Mais aujourd'hui, à Papeete par exemple, le handicap n'est pas visible, car rien n'est adapté. Donc comment peut-on être accepté si nous ne sommes pas visibles. Je comprends également que des chefs d'entreprise ne pensent pas à employer des handicapés. Car ils ne vont pas se réveiller un matin en se disant 'Aujourd'hui, je vais embaucher un handicapé'. Ils n'ont aucun contact avec nous. Il faut vraiment créer des ponts, du lien et des rencontres entre tous."
 

Rédigé par Thibault Segalard le Vendredi 26 Mai 2023 à 17:45 | Lu 1568 fois