JUNG YEON-JE / AFP
Stockholm, Suède | AFP | jeudi 10/10/2024 - Le prix Nobel de littérature a été décerné jeudi à la romancière Han Kang, âgée de 53 ans, première Sud-coréenne à remporter la prestigieuse récompense.
Han Kang, qui écrit poèmes, nouvelles et romans en coréen, a été récompensée "pour sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine", a expliqué le jury dans un communiqué.
Parallèlement à l'écriture, elle s'est également consacrée à l'art et à la musique, ce qui se reflète dans l'ensemble de sa production littéraire.
"L'oeuvre de Han Kang se caractérise par cette double exposition de la douleur, une correspondance entre le tourment mental et le tourment physique, en lien étroit avec la pensée orientale", a précisé l'Académie suédoise.
Largement dominé par des écrivains de culture occidentale, le prix Nobel de littérature 2024 récompense ainsi une plume originaire d'une région du monde autre que l'Europe ou l'Amérique du nord.
"Je suis tellement surprise et honorée", a réagi Han Kang auprès de la fondation Nobel. Elle venait de terminer de dîner avec son fils chez elle, à Séoul: "C'était une soirée paisible".
"J'ai grandi avec la littérature coréenne, dont je me sens très proche. J'espère donc que cette nouvelle sera agréable pour les lecteurs de littérature coréenne et pour mes amis, écrivains et autres", s'est réjouie l'écrivaine, qui recommande, aux personnes souhaitant découvrir son oeuvre, de lire son dernier roman "Impossibles adieux" (2023).
L'autrice, née le 27 novembre 1970 à Gwangju en Corée du Sud, a "une conscience unique des liens entre le corps et l'âme, les vivants et les morts, et, par son style poétique et expérimental, elle est considérée comme novatrice dans le domaine de la prose contemporaine", a dit devant la presse le président du comité Nobel Anders Olsson.
- Exploitation érotique -
Han Kang a percé au niveau international avec son roman "la Végétarienne" (2007). Écrit en trois parties, le livre dépeint les conséquences violentes du refus de sa protagoniste Yeong-hye de manger de la viande, entrainant son rejet brutal par son entourage.
L'autrice raconte dans ce roman comment Yeong-hye sera exploitée "érotiquement" par son beau-frère, un artiste vidéo, qui développe une obsession pour son "corps passif", relève l'Académie.
Le lecteur suit ensuite l'enfoncement progressif du personnage principal dans une psychose qui la mènera vers l'internement psychiatrique.
"Il y a une continuité dans les thèmes abordés qui est tout à fait remarquable, mais en même temps une énorme variation stylistique qui fait de chaque livre un nouvel aspect ou une nouvelle expression de ces thèmes centraux", a analysé Anna-Karina Palm, membre de l'Académie.
- "Liste noire" -
C'est aussi une femme engagée.
Han Kang figurait sur une "liste noire" de près de 10.000 personnalités du monde de la culture en Corée du sud accusées d'avoir critiqué la présidente Park Geun-hye, au pouvoir entre 2013 et 2017.
Plusieurs proches du pouvoir ont été accusés d'avoir voulu priver ces artistes de toute aide publique et de tout financement privé, ainsi que de les avoir placés sous surveillance.
Nombre de ses romans ont été traduits en français, comme "Pars, le vent se lève" (2014), "Celui qui revient" (2016), "Leçons de grec" (2017) ou encore Impossibles adieux (2023).
Elle a obtenu le prix Médicis du roman étranger pour ce dernier titre en novembre 2023. Un roman de nouveau primé en février, du prix Guimet de littérature asiatique.
Paru en août aux éditions Grasset, "Impossibles adieux" traite d'un sujet difficile, le massacre en 1948-1949 de 30.000 personnes sur l'île de Jeju, dans le sud de la Corée du Sud.
La présidente du jury, la journaliste Laure Adler, avait motivé ce choix "en raison de la sobriété et de l'efficacité de son écriture, de sa modernité et de l'universalité de la thématique de son sujet".
Han Kang est la première Sud-coréenne à remporter le Prix Nobel de littérature.
Le seul autre Sud-coréen couronné d'un prix Nobel - de la paix - remonte à l'an 2000, lorsque l'ancien président (de 1998 à 2003) Kim Dae-Jung a été sacré pour "son travail pour la paix et la réconciliation avec la Corée du Nord".
Depuis sa création, le Nobel de littérature est dominé par une vision occidentale et masculine: sur un total de 121 lauréats, seules 18 femmes ont obtenu le prix. Et une minorité d'auteurs récompensés utilisent des langues pratiquées en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient, hors des domaines anglophone, francophone, scandinave, allemand, slave, espagnol ou italien.
Un seul auteur de langue arabe a été distingué - Naguib Mahfouz, un Égyptien, en 1988 - contre 16 auteurs francophones.
L'an dernier, le dramaturge norvégien Jon Fosse avait remporté la prestigieuse récompense de belles lettres.
Han Kang, qui écrit poèmes, nouvelles et romans en coréen, a été récompensée "pour sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine", a expliqué le jury dans un communiqué.
Parallèlement à l'écriture, elle s'est également consacrée à l'art et à la musique, ce qui se reflète dans l'ensemble de sa production littéraire.
"L'oeuvre de Han Kang se caractérise par cette double exposition de la douleur, une correspondance entre le tourment mental et le tourment physique, en lien étroit avec la pensée orientale", a précisé l'Académie suédoise.
Largement dominé par des écrivains de culture occidentale, le prix Nobel de littérature 2024 récompense ainsi une plume originaire d'une région du monde autre que l'Europe ou l'Amérique du nord.
"Je suis tellement surprise et honorée", a réagi Han Kang auprès de la fondation Nobel. Elle venait de terminer de dîner avec son fils chez elle, à Séoul: "C'était une soirée paisible".
"J'ai grandi avec la littérature coréenne, dont je me sens très proche. J'espère donc que cette nouvelle sera agréable pour les lecteurs de littérature coréenne et pour mes amis, écrivains et autres", s'est réjouie l'écrivaine, qui recommande, aux personnes souhaitant découvrir son oeuvre, de lire son dernier roman "Impossibles adieux" (2023).
L'autrice, née le 27 novembre 1970 à Gwangju en Corée du Sud, a "une conscience unique des liens entre le corps et l'âme, les vivants et les morts, et, par son style poétique et expérimental, elle est considérée comme novatrice dans le domaine de la prose contemporaine", a dit devant la presse le président du comité Nobel Anders Olsson.
- Exploitation érotique -
Han Kang a percé au niveau international avec son roman "la Végétarienne" (2007). Écrit en trois parties, le livre dépeint les conséquences violentes du refus de sa protagoniste Yeong-hye de manger de la viande, entrainant son rejet brutal par son entourage.
L'autrice raconte dans ce roman comment Yeong-hye sera exploitée "érotiquement" par son beau-frère, un artiste vidéo, qui développe une obsession pour son "corps passif", relève l'Académie.
Le lecteur suit ensuite l'enfoncement progressif du personnage principal dans une psychose qui la mènera vers l'internement psychiatrique.
"Il y a une continuité dans les thèmes abordés qui est tout à fait remarquable, mais en même temps une énorme variation stylistique qui fait de chaque livre un nouvel aspect ou une nouvelle expression de ces thèmes centraux", a analysé Anna-Karina Palm, membre de l'Académie.
- "Liste noire" -
C'est aussi une femme engagée.
Han Kang figurait sur une "liste noire" de près de 10.000 personnalités du monde de la culture en Corée du sud accusées d'avoir critiqué la présidente Park Geun-hye, au pouvoir entre 2013 et 2017.
Plusieurs proches du pouvoir ont été accusés d'avoir voulu priver ces artistes de toute aide publique et de tout financement privé, ainsi que de les avoir placés sous surveillance.
Nombre de ses romans ont été traduits en français, comme "Pars, le vent se lève" (2014), "Celui qui revient" (2016), "Leçons de grec" (2017) ou encore Impossibles adieux (2023).
Elle a obtenu le prix Médicis du roman étranger pour ce dernier titre en novembre 2023. Un roman de nouveau primé en février, du prix Guimet de littérature asiatique.
Paru en août aux éditions Grasset, "Impossibles adieux" traite d'un sujet difficile, le massacre en 1948-1949 de 30.000 personnes sur l'île de Jeju, dans le sud de la Corée du Sud.
La présidente du jury, la journaliste Laure Adler, avait motivé ce choix "en raison de la sobriété et de l'efficacité de son écriture, de sa modernité et de l'universalité de la thématique de son sujet".
Han Kang est la première Sud-coréenne à remporter le Prix Nobel de littérature.
Le seul autre Sud-coréen couronné d'un prix Nobel - de la paix - remonte à l'an 2000, lorsque l'ancien président (de 1998 à 2003) Kim Dae-Jung a été sacré pour "son travail pour la paix et la réconciliation avec la Corée du Nord".
Depuis sa création, le Nobel de littérature est dominé par une vision occidentale et masculine: sur un total de 121 lauréats, seules 18 femmes ont obtenu le prix. Et une minorité d'auteurs récompensés utilisent des langues pratiquées en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient, hors des domaines anglophone, francophone, scandinave, allemand, slave, espagnol ou italien.
Un seul auteur de langue arabe a été distingué - Naguib Mahfouz, un Égyptien, en 1988 - contre 16 auteurs francophones.
L'an dernier, le dramaturge norvégien Jon Fosse avait remporté la prestigieuse récompense de belles lettres.