Haere Pō publie un livre coup de poing : "Hôtel Nu’utania"


TAHITI, le 15 novembre 2020 - Hôtel Nu’utania paraît chez Haere Pō. François Bauer s’adresse au "peuple de Tahiti". Lisez-le et soyez agacés encourage l'auteur du roman sans mâcher ses mots.

Le propre d’un livre comme Hôtel Nu’utani, "ce n’est pas tant d’être lu c’est de faire réagir. Je m’adresse au peuple de Tahiti, lisez-le, soyez agacés. Vous aimerez la conclusion", encourage François Bauer, l’auteur.

Cet ouvrage paraît chez Haere Pō, il est un livre "coup de poing", un roman militant et engagé, un peu comme l’est Raerae de Tahiti (voir encadré).

François Bauer a souhaité dire des "choses sur la prison", il a voulu "dénoncer", pointer du doigt les essais nucléaires et ses conséquences sur la société polynésienne dévastée. Tout est parti de confidences reçues "de gens d’ici".

Mais, s’attaquer à l’État français et à la justice est "un jeu dangereux", reconnaît l’auteur. Il a dû trouver le moyen de se protéger.

Son avocat lui a conseillé de transposer son histoire dans un autre temps et d’opter pour le roman. Partant de là, il a imaginé Hôtel Nu’utania dont l’histoire se déroule dans les années 1970-1980.

Son personnage principal débarque à Tahiti avant le Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP). Il découvre une île paradisiaque.

Le CEP se met en place avec "sa clique d’atomistes, ingénieurs, techniciens". Il détruit le système social du pays.

Le personnage dénonce les défaillances en cours par l’intermédiaire d’une Organisation non gouvernementale (ONG). Il s’attire les foudres de l’État et de la justice.

"Les gens grincent des dents. Il faut le faire taire pour protéger les essais, masquer la vérité. On le met en prison où les conditions de vie sont extrêmement difficiles, insipides, malsaines." Les détails ne manquent pas.

À l’époque, selon François Bauer l’indépendance de la justice par rapport à l’État était "un leurre". Tout est fait pour détruire le personnage principal du livre. Son passé est fouillé. Il perd pied et met au point une vengeance tout à fait inattendue.

Raerae de Tahiti, qui sont-elles ?

François Bauer a écrit l’ouvrage Raerae de Tahiti. Paru chez Haere Pō, il a connu un certain succès à sa sortie en 2002 et a été réédité en 2016. Il parle de de ceux qui sont "ils" pour l’état civil mais se sentent "elles" et qui étaient ignorés par la société.

Il fait la lumière sur un sujet resté si longtemps tabou et confidentiel. À l’époque il n’y avait eu aucun écrit. "Il y a eu un retentissement local et international, les télés du monde entier se sont déplacées pour voir ce qui se passait !", rapporte François Bauer.

C'est dans les années 1950 que le mot raerae entre dans la langue tahitienne - reléguant du même coup le mahu à des tâches domestiques et historiques, celles d'un bon vieux temps où chacun des sexes avait encore sa place dans les îles du Pacifique et dans la société traditionnelle ou coloniale.

Être raerae aujourd'hui à Tahiti, c'est soigner son apparence à coups d’hormones et cultiver une ambiguïté qui a un coût - sans commune mesure avec la concurrence du deuxième sexe...

Rédigé par Delphine Barrais le Dimanche 15 Novembre 2020 à 15:51 | Lu 1707 fois