
Au centre, Gwenola Joly-Coz la nouvelle première présidente de la cour d’appel de Papeete. Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 31 janvier 2025 - La cour d’appel et le tribunal de première instance de Papeete ont présenté, ce vendredi, leur bilan 2024 lors de l’audience solennelle de rentrée. L’événement a également marqué l’installation officielle de Gwenola Joly-Coz comme première présidente de la cour d’appel. Un mandat qui débute dans un climat de tensions internes et face à l’urgence des violences intrafamiliales, dont elle est reconnue comme spécialiste.
Lors de l’audience solennelle de rentrée, ce vendredi, la cour d’appel et le tribunal de première instance de Papeete ont dressé le bilan de leur activité pour 2024. Mais cette cérémonie a surtout marqué l’entrée en fonction officielle de Gwenola Joly-Coz, première présidente de la cour d’appel. Arrivée le 2 janvier en Polynésie, elle incarne l’espoir d’une réponse plus ferme aux violences intrafamiliales, un fléau qui gangrène le territoire.
Magistrate aguerrie, passée par Saint-Nazaire, Cayenne, Mayotte et Poitiers, elle s’est imposée comme une spécialiste des politiques publiques d’égalité entre les femmes et les hommes. Ancienne directrice de cabinet du secrétariat d’État aux droits des femmes (2014-2016), membre fondatrice de l’association Femmes de Justice, elle a également signé un essai sur l’évolution du traitement judiciaire des violences conjugales. Une expertise qu’elle entend mobiliser au service du Fenua.
“Adopter une sémantique exigeante”
“La question des violences intrafamiliales est une conversation mondiale à laquelle la Polynésie n’échappe pas”, a-t-elle déclaré face à la presse. “Quand on arrive au Fenua, on comprend à quel point les chiffres de violences intrafamiliales sont importants dans l'ensemble du contentieux pénal. Cela nous oblige à nous mobiliser.”
Première recommandation aux journalistes présents : soigner le vocabulaire employé dans la presse, pour évoquer ces affaires. “Il faut adopter une sémantique exigeante. Cessons de parler de ‘drames conjugaux’ ou de ‘faits divers amoureux’. Il s’agit de domination, de jalousie, de féminicides.”
Se focaliser sur l'avenir
Mais l’arrivée de Gwenola Joly-Coz se fait dans un climat interne particulièrement houleux. Depuis plusieurs mois, les tensions entre les magistrats du siège, du parquet et du parquet général de Papeete ont alimenté aussi bien la presse locale que nationale. Selon l’AFP, des juges dénonçaient un “fonctionnement du parquet du tribunal dégradé”, pointant notamment du doigt des absences prolongées dans certains bureaux, dont “50% des effectifs sont actuellement en arrêt de travail”. Une motion de défiance a même été déposée contre la procureure de la République, Solène Belaouar, recueillant quatre voix sur huit.
Pour autant, Gwenola Joly-Coz se veut rassurante : “Les juridictions judiciaires de Polynésie fonctionnent bien. Elles sont efficaces, réactives et répondent aux besoins des citoyens.” Une analyse partagée par Frédéric Benet-Chambellan, procureur général arrivé en août dernier. “C’est nettement mieux que la moyenne nationale”, affirme-t-il, évoquant le fonctionnement de la justice en Polynésie.
Sur les tensions internes, la nouvelle présidente préfère botter en touche : “2025 marque une nouvelle période. Il faut se tourner vers l’avenir.” Une prudence que ne partage pas totalement son homologue du parquet général qui n'a pas voulu “faire comme si les problèmes n’existaient pas”. Il a d'ailleurs appelé ses collègues magistrats à ne pas “perdre de vue l’essentiel : le service du justiciable”.
Une justice toujours sous pression
Malgré cette légère dissonance d’approche, les deux magistrats affirment vouloir travailler ensemble dans l’intérêt des Polynésiens. “Nous avons une exigence commune, nous sommes sur la même longueur d’onde”, assure le procureur général. Et d’ajouter : “Ces difficultés ne nous ont pas empêchés de rendre justice.”
De fait, l’année 2024 a été marquée par une activité judiciaire intense. Le tribunal de première instance a enregistré plus de 3 500 nouvelles affaires civiles et 6 400 affaires pénales poursuivables. La charge de travail reste donc importante pour les magistrats de l’avenue Pouvana’a a Oopa.
De plus, la cour d’assises, juridiction compétente pour les crimes les plus graves (viols, meurtres...), voit son activité croître légèrement avec 31 nouvelles affaires en 2024, contre 23 en 2023. Si ce chiffre peut sembler contenu, la réalité est plus nuancée : avec un stock de 28 affaires en attente et une durée prévisible de traitement de 15 mois, les délais, s’ils restent plus courts qu’en métropole, témoignent d’une pression grandissante sur l’institution judiciaire.
Lors de l’audience solennelle de rentrée, ce vendredi, la cour d’appel et le tribunal de première instance de Papeete ont dressé le bilan de leur activité pour 2024. Mais cette cérémonie a surtout marqué l’entrée en fonction officielle de Gwenola Joly-Coz, première présidente de la cour d’appel. Arrivée le 2 janvier en Polynésie, elle incarne l’espoir d’une réponse plus ferme aux violences intrafamiliales, un fléau qui gangrène le territoire.
Magistrate aguerrie, passée par Saint-Nazaire, Cayenne, Mayotte et Poitiers, elle s’est imposée comme une spécialiste des politiques publiques d’égalité entre les femmes et les hommes. Ancienne directrice de cabinet du secrétariat d’État aux droits des femmes (2014-2016), membre fondatrice de l’association Femmes de Justice, elle a également signé un essai sur l’évolution du traitement judiciaire des violences conjugales. Une expertise qu’elle entend mobiliser au service du Fenua.
“Adopter une sémantique exigeante”
“La question des violences intrafamiliales est une conversation mondiale à laquelle la Polynésie n’échappe pas”, a-t-elle déclaré face à la presse. “Quand on arrive au Fenua, on comprend à quel point les chiffres de violences intrafamiliales sont importants dans l'ensemble du contentieux pénal. Cela nous oblige à nous mobiliser.”
Première recommandation aux journalistes présents : soigner le vocabulaire employé dans la presse, pour évoquer ces affaires. “Il faut adopter une sémantique exigeante. Cessons de parler de ‘drames conjugaux’ ou de ‘faits divers amoureux’. Il s’agit de domination, de jalousie, de féminicides.”
Se focaliser sur l'avenir
Mais l’arrivée de Gwenola Joly-Coz se fait dans un climat interne particulièrement houleux. Depuis plusieurs mois, les tensions entre les magistrats du siège, du parquet et du parquet général de Papeete ont alimenté aussi bien la presse locale que nationale. Selon l’AFP, des juges dénonçaient un “fonctionnement du parquet du tribunal dégradé”, pointant notamment du doigt des absences prolongées dans certains bureaux, dont “50% des effectifs sont actuellement en arrêt de travail”. Une motion de défiance a même été déposée contre la procureure de la République, Solène Belaouar, recueillant quatre voix sur huit.
Pour autant, Gwenola Joly-Coz se veut rassurante : “Les juridictions judiciaires de Polynésie fonctionnent bien. Elles sont efficaces, réactives et répondent aux besoins des citoyens.” Une analyse partagée par Frédéric Benet-Chambellan, procureur général arrivé en août dernier. “C’est nettement mieux que la moyenne nationale”, affirme-t-il, évoquant le fonctionnement de la justice en Polynésie.
Sur les tensions internes, la nouvelle présidente préfère botter en touche : “2025 marque une nouvelle période. Il faut se tourner vers l’avenir.” Une prudence que ne partage pas totalement son homologue du parquet général qui n'a pas voulu “faire comme si les problèmes n’existaient pas”. Il a d'ailleurs appelé ses collègues magistrats à ne pas “perdre de vue l’essentiel : le service du justiciable”.
Une justice toujours sous pression
Malgré cette légère dissonance d’approche, les deux magistrats affirment vouloir travailler ensemble dans l’intérêt des Polynésiens. “Nous avons une exigence commune, nous sommes sur la même longueur d’onde”, assure le procureur général. Et d’ajouter : “Ces difficultés ne nous ont pas empêchés de rendre justice.”
De fait, l’année 2024 a été marquée par une activité judiciaire intense. Le tribunal de première instance a enregistré plus de 3 500 nouvelles affaires civiles et 6 400 affaires pénales poursuivables. La charge de travail reste donc importante pour les magistrats de l’avenue Pouvana’a a Oopa.
De plus, la cour d’assises, juridiction compétente pour les crimes les plus graves (viols, meurtres...), voit son activité croître légèrement avec 31 nouvelles affaires en 2024, contre 23 en 2023. Si ce chiffre peut sembler contenu, la réalité est plus nuancée : avec un stock de 28 affaires en attente et une durée prévisible de traitement de 15 mois, les délais, s’ils restent plus courts qu’en métropole, témoignent d’une pression grandissante sur l’institution judiciaire.