Guadeloupe: l'eau potable reste le point noir après le passage de la tempête Fiona


Crédit Carla Bernhardt / AFP
Pointe-à-Pitre, France | AFP | vendredi 06/10/2022 - Trois semaines après le passage de la tempête Fiona en Guadeloupe, l'eau courante n'est pas encore revenue dans tous les foyers de cet archipel des Antilles dont le réseau de distribution de l'eau était déjà en piteux état.

A Capesterre-Belle-Eau, les pluies avaient atteint plus de 500 mm en 24 heures et la canalisation d'un des plus gros captages - alimentant la quasi-totalité de l'île de Grande-Terre - avait été cassée et emportée par la rivière en crue. La canalisation "n'alimente plus qu'une partie des habitants" de la commune, l'une des plus grandes de Guadeloupe avec 17.741 habitants en 2019, explique Corinne Faure, chargée de communication du Syndicat mixte de gestion de l'eau et de l'assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG).

Trois semaines après le passage de Fiona dans la nuit du 16 au 17 septembre, ce syndicat déclare avoir "fait des réparations d'urgence", mais envisager maintenant "des travaux massifs".

Un peu partout dans l'île, des tours d'eau "Post-Fiona" - consistant à couper l'eau d'un quartier pour en alimenter un autre - sont organisés pour alimenter tour à tour les différentes parties de l'île.

Une situation toutefois bien connue des habitants de la Guadeloupe, car le réseau local, largement vétuste, n'a pas fait l'objet de travaux majeurs depuis près de 40 ans et selon les estimations, entre 65% et 85% de l'eau serait perdue entre le captage et la distribution.

Des bureaux d'études travaillent à déterminer l'envergure et le planning des travaux à mener, dont tout le monde sait qu'ils dureront plusieurs semaines, a minima. De nombreux travaux d'urgence ont déjà été menés par la Région et le Département. Ce dernier a annoncé mercredi 5 octobre "mobiliser son stock stratégique" dont il "dispose pour les travaux d'irrigation agricole", afin de "renforcer la démarche d'accompagnement du SMGEAG".

Du côté des usagers, la débrouille prime: récupération d'eau de pluie, remplissage des bouteilles quand l'eau revient, même ponctuellement. 

Packs d'eau et unités mobiles

Des distributions de bouteilles sont organisées "avec la collaboration de la sécurité civile" selon un calendrier précis, note la préfecture dans un communiqué. 

Le dernier week-end de septembre, "dix palettes ont été distribuées en soutien aux habitants de Saint-François", soit plus de 7.560 litres. Pour l'île de la Désirade, deux palettes ont été acheminées grâce à l'hélicoptère Dragon, selon la même source.

Entre le 28 septembre et le 3 octobre, près de 450 palettes de bouteilles d'eau ont été distribuées, selon les communiqués de la préfecture. 

L'alimentation en eau potable est également assurée par une unité mobile de dessalement de l'eau de mer, à Pointe-à-Pitre. 

Dans le Sud Basse-Terre, la plate-forme d'intervention régionale de la Croix-Rouge a potabilisé plus de 70.000 litres distribués dans quatre communes où l'eau est revenue progressivement grâce à de premiers travaux. Pour autant, "nous ne sommes pas encore sortis de l'urgence", souligne une source préfectorale.

Aux manques d'eau viennent s'ajouter des restrictions réglementaires de consommation: les autorités sanitaires ont lancé le 1er octobre une alerte à la pollution de l'eau en raison de "la présence d'aluminium" en quantité importante dans les communes de la Désirade, Sainte-Anne et Saint-François.

Dans les communes les plus sinistrées, les "QG" de crise ferment cependant les uns après les autres. "Les gens commencent à reprendre leur vie", constate André Atallah, le maire de la commune de Basse-Terre, où la tempête a tué une personne. 

Dans le quartier de Rivière-des-Pères, "des sinistrés ont été relogés dans leurs familles, indique encore l'édile. Une vingtaine d'autres doit être relogés. 

Ils pourront bénéficier du fonds d'urgence au relogement pour six mois, "mais après, il faudra trouver d'autres solutions", note M. Atallah, qui doit aussi gérer des problèmes d'infrastructures: un pont, axe principal de Basse-Terre, a été très fragilisé. "Nous l'avons rouvert aux véhicules légers après travaux mais cela ne sera peut-être pas suffisant".

Des experts ont été missionnés pour rendre un avis sur l'état de 40 ponts de l'île, qui ont subi les assauts de l'eau. Leur rapport n'a pas encore été rendu.

le Vendredi 7 Octobre 2022 à 04:07 | Lu 243 fois