Grève : la galère des passagers à l’aéroport


Plusieurs touristes et résidents témoignent (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 7 décembre 2024 – Au deuxième jour de grève des pompiers aéroportuaires, les liaisons inter-îles restent fortement perturbées. De nombreux touristes et résidents sont confrontés à des annulations de vol. Plusieurs d’entre eux nous ont confié leur désarroi à l’aéroport de Tahiti-Faa’a.

 
Ce samedi, au deuxième jour de grève des pompiers aéroportuaires, tous les vols inter-îles opérés par Air Tahiti sont annulés, à l’exception des vols entre Tahiti, Bora Bora, Raiatea, Rangiroa, Rarotonga et Nukutepipi, avec des modifications d’horaires. La compagnie Air Moana est également impactée.
 

Plan B, comme bateau


De nombreux passagers se sont donc retrouvés cloués au sol, comme Gisèle et Jean-Pierre, qui ont découvert en arrivant à l’aéroport que leur vol vers Huahine était annulé. « On n’a reçu aucun mail, ni SMS ! C’est notre première fois en Polynésie et on a fait de gros efforts financiers pour venir rendre visite à notre fils, qu’on n’a pas vu depuis un an et demi… On a un planning très serré, vu qu’on a acheté un package avec les vols, les hôtels et les activités. On nous a conseillé de suivre les infos pour savoir quand va finir la grève, et de réserver un ferry pour dimanche matin », confient les deux touristes vendéens, dépités de commencer leur mois de vacances de cette manière.
 

Honeymooners « déçus »


Originaires de Californie, Eric et Amy se seraient eux aussi bien passé de cet imprévu pour leurs trois semaines de voyage de noces au Fenua : « Nous avions un vol pour Fakarava vendredi, et il a été annulé. Nous étions en route pour l’aéroport quand nous avons reçu le message. Nous essayons de savoir quand nous pourrons partir, mais on a très peu d’informations. Le plus tôt serait mardi, mais sans certitude. Nous n’avons rien de prévu à Tahiti et nous réservons notre chambre d’hôtel une nuit à la fois. Ce sont des frais en plus… On est très déçu ! ».
 

Tous les vols inter-îles opérés par Air Tahiti sont annulés, à l’exception des vols entre Tahiti, Bora Bora, Raiatea, Rangiroa, Rarotonga et Nukutepipi.

Renoncer aux Marquises


Les résidents ne sont pas épargnés. Albert est parvenu à s’enregistrer, mais ce sera pour rejoindre son domicile, à Taha’a. « Initialement, je devais aller passer un mois aux Marquises dans ma famille pour Noël. Je devais partir vendredi matin. Je préfère rentrer chez moi, pendant que je le peux encore, et parce que tout ce qu’on m’a proposé, c’est un billet pour les Marquises le 20 décembre… J’irai en juillet. Je ne suis pas fâché : je comprends la mobilisation », remarque le sculpteur.
 

L’impact sur le tourisme


La grève impacte également les professionnels du tourisme, comme Moerani, propriétaire de locations de vacances à Maupiti. « Il n’y a plus de vol depuis vendredi. Même si on est en basse saison, c’est très difficile pour les touristes qui doivent rejoindre Tahiti pour prendre un vol international ou se rendre sur une autre île. On les aide à trouver un bateau pour rejoindre Bora Bora, soit avec le Apetahi Express, soit avec des pêcheurs. C’était le cas vendredi pour un docteur, qui devait rentrer s’occuper de ses patients. On s’entraide entre professionnels », explique la jeune femme, qui ne cache pas son agacement. « On espère que ça ne va pas durer trop longtemps. Ce n’est pas très bon pour le tourisme, car ça impacte tout le monde. Pour certains, c’est le voyage de toute une vie ! C’est dommage pour la réputation de la Polynésie ».
 

« Pas de vol, pas de fleurs »


Au Fare Hei, la fréquentation est en baisse, mais la grève limite aussi les approvisionnements en matières premières pour la confection des couronnes. « On ne va pas pouvoir recevoir nos fleurs, qui arrivent de Maupiti et des Tuamotu. Pas de vol, pas de fleurs ! C’est embêtant, parce qu’on doit continuer à servir les vols internationaux et les commandes des particuliers », déplore Tepurotu Toofa, dont le stand, comme ceux de ses consœurs, n’est pas aussi garni que d’ordinaire.
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Samedi 7 Décembre 2024 à 14:08 | Lu 5280 fois