Grève des praticiens hospitaliers : le cas particulier de l’unique cancérologue


Charles Tetaria, le ministre de la santé de Polynésie française.
PAPEETE, mardi 19 mars 2013. Dans un communiqué de presse adressé aux rédactions ce mardi en fin d’après-midi le ministre de la santé, Charles Tetaria invite le Syndicat des praticiens hospitaliers de Polynésie française (SPHPF) «à revoir sa position et à lever le mouvement de grève qu’il a enclenché». La grève des praticiens hospitaliers pour la reconnaissance de l'intégralité de leur ancienneté de carrière au moment de la titularisation au sein de la fonction publique territoriale a démarré ce mardi. Le communiqué de presse du ministre est une réponse ciblée quasi exclusivement sur la situation de l’unique oncologue (ou cancérologue) en exercice depuis 2008 au Centre hospitalier du Taaone. Ce médecin français (mais d’origine roumaine) exerçait sa spécialité au Taaone depuis octobre 2008 comme contractuelle. En septembre dernier elle a suivi le mouvement de titularisation de 35 praticiens hospitaliers au sein de la fonction publique territoriale, après l’ouverture d’un concours sur titres. Mais son recrutement comme titulaire, la prive de la reprise de son ancienneté dans la profession au regard d’une partie de sa carrière effectuée hors de France, en l’occurrence à Monaco entre 1999 et 2007. Ce qui n’était pourtant pas le cas lorsqu’elle était médecin sous contrat !

Le communiqué de presse du ministre de la santé précise que : «le classement opéré par la Direction générale des ressources humaines, en strict respect des dispositions réglementaires, a consisté à prendre en compte l’ancienneté de ce praticien à partir de la date à laquelle il a été autorisé à exercer son art sur le territoire français, soit le 21 octobre 2007». Selon Charles Tetaria la seule situation particulière de ce médecin spécialiste a été le point de blocage aux négociations entamées avec le SPHPF, «la quasi totalité des points de revendications avait trouvé leur issue à l’exception de ce point particulier pour lequel le SPHPF demandait au ministre de contourner la réglementation en vigueur ; le refus du ministre de la santé a entraîné la grève».

Pour le SPHPF, la situation est ubuesque. Une grande partie de la formation de spécialiste de cette cancérologue a été réalisée en France, notamment au CHU de Nice entre 1994 et 1999 où elle exerçait comme interne, avant de prendre un poste à l’hôpital public de Monaco d’abord comme médecin oncologue assistante, puis avec le statut de praticien hospitalier à partir de 2006. Depuis de nombreuses années les hôpitaux métropolitains se sont ouverts largement aux médecins d’origine étrangère pour pallier le manque de médecins français dans certaines spécialités. La réglementation française a ainsi évolué pour prendre en compte l’ancienneté de ces médecins ayant exercé à l’étranger dans des établissements publics de santé, et les rémunérer en fonction de leur expérience. «Mais la Polynésie ne suit pas» reconnaît le docteur Marc Lévy, président du SPHPF faisant allusion à trois protocoles d’accord sur le sujet, le dernier datant de 2011, mais qui n’ont jamais été appliqués. Ce qui risque d’être dommageable pour l’offre de santé du territoire.



Communiqué de presse - Grève des praticiens hospitaliers mars 2013-1-1.v4.doc  (39 Ko)


Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 19 Mars 2013 à 18:42 | Lu 2979 fois