La grève des pompiers aéroportuaires va impacter les vols charters scolaires, chargés de ramener les élèves de leur établissement scolaire jusqu’à leur île d'origine. Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 9 décembre 2024 - À l’approche des vacances de Noël, l’incertitude plane pour 1 200 élèves issus d'îles éloignées, dont le rapatriement est compromis par la grève des pompiers aéroportuaires, effective depuis le 6 décembre. En marge de négociations entre la Fédération des agents des administrations de Polynésie (Fraap) et le Pays, la DGEE s'active pour trouver des solutions. De son côté, Air Tahiti a annoncé une perte de “200 millions de francs” par semaine de grève.
Les vacances de Noël s’annoncent sous tension pour les 1 200 élèves qui espéraient rentrer chez eux grâce aux vols charters scolaires prévus initialement entre mardi et dimanche. Ces liaisons, indispensables pour les rapatrier dans les îles, se retrouvent gravement menacées par la grève des pompiers aéroportuaires, débutée vendredi dernier et qui a entraîné des fermetures massives d’aérodromes.
La compagnie Air Tahiti a déjà annulé tous les vols prévus ce mardi 10 décembre, hormis ceux à destination de Bora Bora, Raiatea, Rangiroa, dont les aérodromes sont gérés par la société Aéroport de Tahiti, et de Ahe, où le pompier présent n'a pas suivi le mouvement de grève. Au total, depuis le début du conflit social, 250 vols ont été annulés par la compagnie aérienne. “Nous avons 100 % d’annulations sur les destinations que l'on dessert, en dehors de ces quatre destinations, où les aérodromes restent opérationnels”, confirme Vairani Tetaria, directrice marketing et commerciale d’Air Tahiti. Cette paralysie frappe de plein fouet la compagnie, qui transporte habituellement 1 800 passagers par jour. Une perte de “200 millions de francs par semaine” de grève a également été évoquée par la compagnie, lors d'une conférence de presse ce lundi. À noter que seules les opérations cargo et les évacuations sanitaires (évasans), exemptées de la présence obligatoire de pompiers aéroportuaires sur les pistes, continuent de voler.
1 200 élèves à rapatrier
À cette crise s’ajoute donc l’urgence de rapatrier les élèves internes vers leurs foyers insulaires avant la fermeture des établissements prévue dimanche. Selon Rainui Hugon, directeur général de l’éducation et des enseignements, 1 800 élèves sont concernés par ces charters, dont 1 200 pour des îles touchées par la grève. “Les vols vers Bora Bora, Raiatea et Rangiroa ne sont pas impactés donc il n'y a pas de problème pour eux, mais pour les autres destinations, la situation est beaucoup plus compliquée”, explique-t-il.
Pour les îles accessibles, le Pays envisage de transformer certains aérodromes ouverts en hubs d’accueil. “Nous travaillons sur des solutions alternatives, comme acheminer les élèves par bateau vers les îles voisines, depuis les aérodromes ouverts. On travaille sur ce montage en ce moment. Cependant, cela nécessite une coordination millimétrée pour éviter que les enfants ne restent bloqués des heures, voire une nuit. Il est hors de question de ne pas garantir leur sécurité”, détaille Rainui Hugon.
Pour les îles plus éloignées, le rapatriement pourrait être impossible avant la fermeture des internats. “Si nécessaire, nous garderons les élèves sur place dans un site sécurisé, mais cela ne devrait concerner qu’un faible nombre d’entre eux”, assure le directeur de la DGEE. Par ailleurs, les charters ne se limitent pas aux trajets Tahiti-îles : des vols sont également prévus pour rapatrier les élèves scolarisés dans les collèges de Nuku Hiva, Makemo, Tubuai ou Hao vers leurs îles respectives, ce qui complique encore la gestion de la crise. À noter également qu'un service minimum obligatoire devrait être mis en place très bientôt, selon un protocole signé en 2016.
Les îles et les pensions de famille aussi impactées
Bien entendu, les répercussions de cette grève ne se limitent pas aux déplacements des élèves. Dans les îles, les acteurs économiques tirent la sonnette d’alarme. Ernest Teagai, maire de Tatakoto, a interpellé ce lundi, à Tarahoi, le président du Pays, Moetai Brotherson, lors de la session budgétaire dédiée à l'étude des lois fiscales accompagnant le budget 2025 : “Je demande au président de penser aux habitants des îles. C'est bientôt les fêtes de fin d'année, c'est bientôt Noël, il faut prendre en considération ceux des îles. Il faut régler cette situation avant les fêtes de fin d'année.”
Même constat du côté des pensions de famille, fortement impactées par l’absence de touristes. “Il faut penser à nos entrepreneurs, nos pensions de famille et arrêter les conneries. De nombreuses pensions d'îles éloignées attendent des touristes qui ne peuvent pas venir. Qui va payer la facture ? Autour de Raiatea et Bora Bora, les touristes et les habitants peuvent se déplacer en bateau avec l'Apetahi Express. À Rangiroa, une navette a été mise en place à destination de Tikehau et Mataiva. Mais le reste, c'est compliqué pour eux. De plus, les touristes qui viennent font vivre l'économie de l'île, les prestataires, les snacks...”, s’indigne Melinda Bodin, présidente de l’Association des hôtels de famille de Tahiti et des îles, contactée par Tahiti Infos.
Une grève aux revendications controversées
Les grèves dans le secteur aérien, récurrentes en Polynésie, soulèvent chaque fois une vive tension. Dépendant des liaisons inter-îles tant pour le tourisme que pour les déplacements des populations, le Pays se retrouve régulièrement paralysé par ces mouvements sociaux. Face à la demande des pompiers aéroportuaires d’une revalorisation de leur indice de 40 % – de 1 060 à 1 500 francs soit 40% d'augmentation – Moetai Brotherson reste inflexible. Une position qui, si elle cristallise les frustrations, reflète aussi l’impasse dans laquelle se trouve ce conflit.
Reste que l’heure tourne pour les familles, les élèves, les entrepreneurs et les acteurs du tourisme, tandis que les perspectives de résolution de la crise restent floues, bien que Moetai Brotherson ait estimé que “la grève s'essoufflait”.
Les vacances de Noël s’annoncent sous tension pour les 1 200 élèves qui espéraient rentrer chez eux grâce aux vols charters scolaires prévus initialement entre mardi et dimanche. Ces liaisons, indispensables pour les rapatrier dans les îles, se retrouvent gravement menacées par la grève des pompiers aéroportuaires, débutée vendredi dernier et qui a entraîné des fermetures massives d’aérodromes.
La compagnie Air Tahiti a déjà annulé tous les vols prévus ce mardi 10 décembre, hormis ceux à destination de Bora Bora, Raiatea, Rangiroa, dont les aérodromes sont gérés par la société Aéroport de Tahiti, et de Ahe, où le pompier présent n'a pas suivi le mouvement de grève. Au total, depuis le début du conflit social, 250 vols ont été annulés par la compagnie aérienne. “Nous avons 100 % d’annulations sur les destinations que l'on dessert, en dehors de ces quatre destinations, où les aérodromes restent opérationnels”, confirme Vairani Tetaria, directrice marketing et commerciale d’Air Tahiti. Cette paralysie frappe de plein fouet la compagnie, qui transporte habituellement 1 800 passagers par jour. Une perte de “200 millions de francs par semaine” de grève a également été évoquée par la compagnie, lors d'une conférence de presse ce lundi. À noter que seules les opérations cargo et les évacuations sanitaires (évasans), exemptées de la présence obligatoire de pompiers aéroportuaires sur les pistes, continuent de voler.
1 200 élèves à rapatrier
À cette crise s’ajoute donc l’urgence de rapatrier les élèves internes vers leurs foyers insulaires avant la fermeture des établissements prévue dimanche. Selon Rainui Hugon, directeur général de l’éducation et des enseignements, 1 800 élèves sont concernés par ces charters, dont 1 200 pour des îles touchées par la grève. “Les vols vers Bora Bora, Raiatea et Rangiroa ne sont pas impactés donc il n'y a pas de problème pour eux, mais pour les autres destinations, la situation est beaucoup plus compliquée”, explique-t-il.
Pour les îles accessibles, le Pays envisage de transformer certains aérodromes ouverts en hubs d’accueil. “Nous travaillons sur des solutions alternatives, comme acheminer les élèves par bateau vers les îles voisines, depuis les aérodromes ouverts. On travaille sur ce montage en ce moment. Cependant, cela nécessite une coordination millimétrée pour éviter que les enfants ne restent bloqués des heures, voire une nuit. Il est hors de question de ne pas garantir leur sécurité”, détaille Rainui Hugon.
Pour les îles plus éloignées, le rapatriement pourrait être impossible avant la fermeture des internats. “Si nécessaire, nous garderons les élèves sur place dans un site sécurisé, mais cela ne devrait concerner qu’un faible nombre d’entre eux”, assure le directeur de la DGEE. Par ailleurs, les charters ne se limitent pas aux trajets Tahiti-îles : des vols sont également prévus pour rapatrier les élèves scolarisés dans les collèges de Nuku Hiva, Makemo, Tubuai ou Hao vers leurs îles respectives, ce qui complique encore la gestion de la crise. À noter également qu'un service minimum obligatoire devrait être mis en place très bientôt, selon un protocole signé en 2016.
Les îles et les pensions de famille aussi impactées
Bien entendu, les répercussions de cette grève ne se limitent pas aux déplacements des élèves. Dans les îles, les acteurs économiques tirent la sonnette d’alarme. Ernest Teagai, maire de Tatakoto, a interpellé ce lundi, à Tarahoi, le président du Pays, Moetai Brotherson, lors de la session budgétaire dédiée à l'étude des lois fiscales accompagnant le budget 2025 : “Je demande au président de penser aux habitants des îles. C'est bientôt les fêtes de fin d'année, c'est bientôt Noël, il faut prendre en considération ceux des îles. Il faut régler cette situation avant les fêtes de fin d'année.”
Même constat du côté des pensions de famille, fortement impactées par l’absence de touristes. “Il faut penser à nos entrepreneurs, nos pensions de famille et arrêter les conneries. De nombreuses pensions d'îles éloignées attendent des touristes qui ne peuvent pas venir. Qui va payer la facture ? Autour de Raiatea et Bora Bora, les touristes et les habitants peuvent se déplacer en bateau avec l'Apetahi Express. À Rangiroa, une navette a été mise en place à destination de Tikehau et Mataiva. Mais le reste, c'est compliqué pour eux. De plus, les touristes qui viennent font vivre l'économie de l'île, les prestataires, les snacks...”, s’indigne Melinda Bodin, présidente de l’Association des hôtels de famille de Tahiti et des îles, contactée par Tahiti Infos.
Une grève aux revendications controversées
Les grèves dans le secteur aérien, récurrentes en Polynésie, soulèvent chaque fois une vive tension. Dépendant des liaisons inter-îles tant pour le tourisme que pour les déplacements des populations, le Pays se retrouve régulièrement paralysé par ces mouvements sociaux. Face à la demande des pompiers aéroportuaires d’une revalorisation de leur indice de 40 % – de 1 060 à 1 500 francs soit 40% d'augmentation – Moetai Brotherson reste inflexible. Une position qui, si elle cristallise les frustrations, reflète aussi l’impasse dans laquelle se trouve ce conflit.
Reste que l’heure tourne pour les familles, les élèves, les entrepreneurs et les acteurs du tourisme, tandis que les perspectives de résolution de la crise restent floues, bien que Moetai Brotherson ait estimé que “la grève s'essoufflait”.