Grève des aéroports : les vols annulés, les passagers en galère


Alors que les négociations sont au point mort du côté des pompiers de la société Aéroport de Tahiti et que le dialogue se poursuit du côté des pompiers des aérodromes du territoire, les passagers subissent de plein fouet ce mouvement social.

Alors que la grève a démarré lundi à zéro heure pour ADT et mardi à la même heure pour les pompiers de la direction de l'aviation civile, aucun accord n'a encore été trouvé. Au contraire, si les discussions sont ouvertes avec les pompiers du territoire, elles sont au point mort avec ceux d'ADT. Les passagers subissent et commencent à se plaindre. Jean-Paul Van Cam était un des passagers du vol TN7 prévu au départ de Los Angeles lundi 15 mai, il témoigne scandalisé: "l’ensemble du personnel d’Air Tahiti Nui de Los Angeles ne fait aucune annonce car il ne sait rien et n’a visiblement aucune consigne, ni directive. RIEN de 12 h 30 à 15 h 30, heure prévue pour l'embarquement, puis rien à 16 h 30, 17 h 30, 18 h 30, 19 h 30 …. Nous avons finalement embarqué à minuit et demi, soit avec 10 heures de retard sans qu’aucune disposition n’ait été prise par l’ensemble des dirigeants aéroportuaires et compagnies aériennes confondus à Tahiti. Tous ces Messieurs grassement payés se remettaient semble-t-il de leur week-end et n’en avaient visiblement rien à foutre de tous ces passagers errants sans information aucune, dans un obscur terminal désaffecté, car leur avion, retardé pour le moins, venait d'être déplacé pour ne pas gêner le reste du trafic aérien."

Cette grève affecte les touristes et voyageurs du territoire, c'est pourquoi le Pays a souhaité s'exprimer à l'issu du conseil des ministres." Le gouvernement reste présent à la table des négociations et réaffirme sa volonté de dialogue. Il en appelle toutefois chacun au sens des responsabilités pour trouver une issue rapide, ce conflit étant particulièrement pénalisant pour l'activité touristique, la libre circulation des personnes et plus généralement pour l'activité économique". Dans un communiqué de Pays dénonce : "le gouvernement s'élève par ailleurs contre les propos tenus hier soir à la télévision par un syndicaliste qui affirmait répondre à une réquisition du haut-commissaire par un arrêt maladie. Le Conseil des ministres en appelle au respect des règles déontologiques par les médecins qui pourraient délivrer des actes de complaisance. Le Conseil de l’ordre des médecins sera saisi de cet état de fait."

Plus loin, aux Marquises, la population est atterrée. Parmi elle, de jeunes élèves ont préparé un projet sportif pendant 9 mois. Un voyage en métropole était le clou de ce travail.Depuis lundi, ils attendent fébrilement de pouvoir partir, aur risque de voir leur rêve s'envoler.

La situation reste très tendue du côté des syndicalistes. Alors que les négociations sont en cours avec l'aviation civile, le dialogue est rompu du côté d’ADT. D'un côté comme de l'autre, les mouvements sociaux se maintiendront tant qu'un accord n'aura pas été trouvé entre directions et syndicats.
A 22 heures, Air Tahiti a informé ses usagers que tous ses vols étaient annulés ce jeudi 18 mai, sauf les vols entre Tahiti, Raiatea, Bora Bora, Rangiroa et Rarotonga . Tous les vols internationaux sont également annulés pour cette journée de jeudi



Dommages collatéraux à Ua Pou…

Et pendant ce temps-là, la grogne monte partout au fenua, à l'image des habitants de Ua Pou, excédés par la situation. Surtout lorsque celle-ci a des conséquences qui peuvent être graves sur le bien-être de la population. Un homme, retenu malgré lui sur la petite île marquisienne, raconte : "Avec la grève, c'est la galère. Tout le monde est bloqué. Hier (mardi, ndlr), un gars s'est rentré un clou dans l'œil et n'a pas pu se faire évasaner. Du coup, il est parti en bateau pour l'hôpital de Nuku Hiva où il a pu recevoir quelques soins rudimentaires, mais juste le strict minimum." Et de rapporter d'autres exemples de dommages collatéraux : "Il y a aussi une femme qui devait accoucher avec l'arrivée prévue d'un médecin et qui se retrouve dans l'incapacité de prendre le bateau pour Nuku Hiva, obligée de donner naissance au dispensaire, sans taote. Tout le village ne parle que de ça et peste contre les grévistes !"

Dominique Schmitt

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mercredi 17 Mai 2017 à 17:29 | Lu 4501 fois